Hiro’a n°190 – Le saviez-vous ?
Le saviez-vous ? – Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA ) – Te Piha faufa΄a tupuna
Merle des Moluques, ce nuisible bien encombrant
Notice du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA ) – Te Piha faufa΄a tupuna. Sources : Journal officiel des Établissement français de l’Océanie, 1er janvier 1921 ; Lutte contre le merle des Moluques ; Dictionnaire illustré de la Polynésie , volume 3
Bagarreur, braillard, pilleur…, les qualificatifs négatifs sont nombreux pour décrire le merle des Moluques qui, quelques années après son introduction, a fait l’objet d’un arrêté pour être chassé. Un nuisible dont on ne se débarrasse pas facilement.
Le 23 décembre 1920, le gouverneur Jocelyn Robert prenait un arrêté « autorisant la chasse aux merles des Moluques dans les Établissements français de l’Océanie1. : « Article 1er.- La chasse aux merles des Moluques est autorisée, tous les ans, dans les Établissements français de l’Océanie, pendant une période de six mois allant du 1er janvier au 30 juin inclus […]. » Cette décision avait été prise, suite à un courrier du président de la Chambre d’agriculture qui soulignait que « ces oiseaux sont devenus un véritable fléau ; ils dévorent les fruits, les abeilles et même le coprah au moment de sa fabrication ; Considérant qu’il est de toute nécessité de diminuer la propagation de ces oiseaux devenus nuisibles […]. »
Cet oiseau, dont la longueur atteint 23 à 25 cm à l’âge adulte, porte aussi le nom de « martin triste ». Originaire d’Asie, il fut introduit à Madagascar et à Maurice au XVIIIe siècle pour lutter contre une prolifération de criquets sur les cultures, en 1867 en Nouvelle-Calédonie où ils ravageaient la canne à sucre, le riz et le maïs, et au début du XXe siècle aux Comores. Son introduction à Tahiti date de 1906, pour lutter contre les guêpes. Dès la fin des années 1910, on le trouvait dans quelques atolls des Tuamotu, à Hiva Oa et à Tubuai.
Un oiseau agressif
Son comportement est décrit avec une pointe d’humour par Serlaure 2 : « Oiseau qui ne passe pas inaperçu ! Un vrai garnement, mal élevé, bagarreur, braillard, bref une calamité ! Encore une introduction due à l’homme… Tout cela à cause d’une petite guêpe qui s’attaquait aux fruits et qui piquait les imprudents. On a libéré ce merle polisson qui a laissé la guêpe tranquille et s’est délecté… des fruits ! […] Gardant ses distances, il semblerait que l’un d’entre eux monte le guet. Cet oiseau est considéré comme nuisible et peut être détruit, mettant en péril les espèces endémiques car il dévore même les œufs. C’est un chapardeur, un effronté qui vient sous votre nez manger dans la gamelle de votre chien, piller votre coupe de fruits, becqueter allègrement dans le régime de bananes que vous avez mis à mûrir suspendu dans un coin, bref il fait ventre de tout et le fait savoir haut et fort. »
Péril sur la biodiversité
Bien que le péril que cet oiseau fait planer sur la biodiversité insulaire ait été reconnu au bout d’une quinzaine d’années après son introduction, il apparaît que les moyens de lutte n’ont pas été concluants. Il a su s’adapter aux différents milieux. « C’est un oiseau agressif capable d’entrer en compétition avec des espèces indigènes d’oiseaux pour les ressources alimentaires et les sites de nidification. Il est soupçonné d’avoir contribué à l’exclusion de certaines espèces endémiques […]. Malgré une loi de 1938 interdisant l’introduction d’oiseaux exotiques, le Martin triste a été intentionnellement relâché en 1976 sur deux îles des Tuamotu (Hao et Mururoa) et en 2002, des individus ont été observés dans la ville de Taiohae sur l’île de Nuku Hiva (Marquises) et sur l’atoll de Makatea (Tuamotu) où ils ont été récemment éliminés par les habitants. Cette espèce est légalement déclarée menace pour la biodiversité 3. » ◆
1. JO des EFO du 1er janvier 1921, p. 5.
2. serlaurefenua.over-blog.com ; publié le 15 février 2008.
3. https://especes-envahissantes-outremer.fr/especes_envahissante/acridotheres-tristis (mise . jour : 2017).