Hiro’a n°189 – Pour vous servir
Direction de la culture et du patrimoine (DCP) – Te Papa hiro΄a ΄e Faufa΄a tumu
Rencontre avec Mark Eddowes, archéologue et Belona Mou de la Direction de la culture et du patrimoine. Texte : Lucie Rabréaud – Photos : Mark Eddowes/DCP
Fare Ro’i et O’ava’ura à Huahine : préserver leur architecture originale
Une mission de restauration des sites classés de Fare Ro’i et O’ava’ura à Huahine a été menée par l’archéologue Mark Eddowes pour la Direction de la culture et du patrimoine aux mois de juin et juillet. Objectif : « restaurer le plus fidèlement possible l’aspect architectural original des deux marae ». Un pétroglyphe d’une pirogue double a été découvert à cette occasion.
Deux sites classés à Huahine, Fare Ro’i et O’ava’ura, ont fait l’objet de restaurations dans le courant des mois de juin et juillet, organisées par la Direction de la culture et du patrimoine. L’archéologue Mark Eddowes, accompagné de plusieurs personnes, a travaillé sur le pavage des marae qui devait être reconstitué en s’appuyant sur des sources historiques. « Des recherches sur les récits traditionnels connus et les sources historiques relatives à ces marae ont été faites dans les archives avant le début des travaux de restauration. Et au cours de notre travail, nous avons étudié diverses techniques et méthodes de construction spécifiques utilisées dans la construction traditionnelle des marae afin de mieux comprendre la variété des techniques employées autrefois. Il s’agissait également de discerner les différentes périodes de construction dans l’histoire de chaque marae. » Ces deux sites font partie d’un ensemble de marae situé sur les rives du lac Fauna Nui à Maeva. Ils sont reconnus comme des marae de chefs suprêmes des huit clans de l’île. L’objectif était « de restaurer le plus fidèlement possible leur aspect architectural original ».
Le culte du dieu Tane
Fare Ro’i et O’ava’ura ont chacun une plateforme pavée rectangulaire à la tête de laquelle, du côté du lagon, se trouve un autel ou ahu, constitués de dalles de corail de différentes hauteurs placées dans un rectangle et remplies de pierres et de corail, décrit Mark Eddowes. « Historiquement, ils semblent tous avoir été des marae associés au culte du dieu Tane qui était hébergé sur la colline voisine de Mata’irea, au marae Mata’irea rahi. Lors de différentes cérémonies, son image était portée jusqu’à ces marae avant d’être transportée sur une pirogue sacrée jusqu’au marae Manunu sur le motu adjacent. Les marae Fare ro’i et O’ava’ura appartenaient à un important clan de Maeva, les Faretou. Ils datent probablement tous deux du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle de notre ère. » Selon l’archéologue, des cérémonies dédiées au dieu Tane et également à la divinité de la mer, Rahatu, y étaient organisées. « Cela explique en partie leur emplacement sur le littoral : construits entre la terre (Tane) et le lagon (Ruahatu), c’est un geste symbolique. Le nom fare ro’i (maison du lit) fait référence à son utilisation comme dépôt principal de l’image du dieu Tane, le to’o, lors des cérémonies. »
Découverte d’un pétroglyphe
Cette mission de restauration a été l’occasion d’une belle découverte : un pétroglyphe d’une pirogue double a été trouvé sur une dalle arrière du ahu du marae O’ava’ura. Pour Mark Eddowes, ce pétroglyphe est apparenté à d’autres connus du marae Fare Ro’i (également sur une dalle arrière du ahu) et du marae Rauhuru, restauré en décembre 2022. « Ces pétroglyphes semblent confirmer notre conviction que l’image du dieu Tane était transporté sur des pirogues sacrées à travers le lagon de Maeva pour être utilisée dans les cérémonies intertribales au marae Manunu sur le motu Maeva. » Il reste encore d’autres restaurations à entreprendre sur l’ensemble Maeva, estime l’archéologue, « comme les marae Fare Tai et Fare ‘Ie, situés juste à l’ouest de O’ava’ura. Un certain nombre de marae situés sur la colline de Mata’irea méritent d’être restaurés et étudiés, comme Atiteao et Te Toa. Le grand marae de Tane, appelé Mata’irea Rahi, a besoin d’une restauration immédiate car son mur de soutènement de près de trois mètres de haut s’est déjà partiellement effondré, menaçant le reste de l’architecture de cette partie ».