Hiro’a n°189 – Pour vous servir
Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te Piha faufa΄a tupuna
Rencontre avec Vāhi Tuheiava-Richaud, présidente de la Société des Études Océaniennes. Texte et photos : Pauline Stasi
La Société des Études Océaniennes, plus d’un siècle de mémoire vivante de la Polynésie
Créée en 1917, la SEO (Société des Études Océaniennes) est l’une des plus anciennes sociétés savante et éditrices de Polynésie française. Cent six ans plus tard, son fonds bibliothécaire comprend 10 000 ouvrages parmi lesquels ses passionnants bulletins. Véritable mine d’or pour la mémoire collective, cette « très vieille » institution, située au siège du Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel sur les hauteurs de Tipaeru’i à Pape΄ete, se sent plus jeune que jamais.
De grandes étagères remplies d’ouvrages classés soigneusement, une table où trône un bulletin sur les épidémies et maladies en Polynésie, un autre sur la carte de Tupaia ou encore un autre rendant hommage aux ‘aito polynésiens de la Seconde Guerre mondiale, une visite dans les locaux de la Société des études océaniennes (SEO) est une plongée immédiate dans la mémoire de la Polynésie française. « La Société des études océaniennes a été créée afin d’étudier sur place, toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnologie, la philosophie, l’archéologie, l’histoire et les institutions, mœurs coutumes et traditions des Maoris de la Polynésie orientale. Quoi de mieux que l’écrit pour préserver et transmettre aux générations futures », note avec passion Vāhi Tuheiava-Richaud, présidente de la Société des Études Océaniennes.
Reconnue d’intérêt général en 2021, la SEO a collecté dans le cadre de la mission de service public qui lui a été confiée depuis sa création environ 10.000 ouvrages, journaux et autres périodiques.
Cette précieuse collection, qui est principalement conservée au dépôt des archives définitives de Tīpaeru’i, sera entièrement récolée afin de pouvoir être intégrée dans la bibliothèque patrimoniale du Pays.
Cette opération méticuleuse consiste à inventorier chaque ouvrage en fonction de son âge, de sa rareté et de son état de conservation, afin de pouvoir le numériser et le publier en ligne.
Si les archives de la SEO sont une véritable mémoire vivante de la Polynésie, l’institution est aujourd’hui toujours très active et est loin de se reposer sur ses acquis.
« Le premier bulletin est sorti en 1917 et cela ne s’est jamais arrêté. Actuellement, nous publions un nouveau bulletin tous les quatre mois. Le dernier que nous venons de sortir est un numéro double 359/ 360 », précise Vāhi Tuheiava-Richaud à la tête de la SEO depuis 2019.
Plus de 2450 articles rédigés par plus de 800 auteurs
Pour rédiger ses bulletins, la SEO fait appel à de très nombreux contributeurs à travers le monde, tous pointus dans leurs domaines. « Nos contributeurs sont très variés, il peut y avoir des professeurs, des doctorants, des chercheurs, des historiens, des scientifiques ou de simples passionnés dans un domaine particulier (…). Tous sont des érudits, ils prennent contact avec nous et nous envoient leurs écrits, ce sont des articles réfléchis, détaillés, approfondis dans des domaines très divers et qui ne sont pas parus ailleurs. Les auteurs nous font confiance. Auparavant, nous privilégions des articles rédigés en français, depuis j’ai ouvert à l’anglais puis nous les faisons traduire. », précise la présidente.
Au total depuis 1917, ce ne sont pas moins de 2450 articles qui ont été rédigés par plus de 800 auteurs. Avant d’être publiés, les articles reçus sont tous lus par la présidente et le Comité de lecture de la SEO, qui les valident, les commentent et les corrigent si besoin.
« C’est beaucoup de travail, cela prend beaucoup de temps, ce sont de longues soirées de lecture, mais c’est passionnant », note avec un enthousiasme non feint Vāhi Tuheiava-Richaud, qui prépare la sortie prochaine du numéro 361, prévue à la fin de l’année. « Il comprendra des articles sur des thèmes très divers écrits par plusieurs contributeurs. Il y aura notamment la suite de l’article sur Charles van den Brœk d’Obrenan qui avait acheté un domaine important à Māhina, un autre sur l’expédition scientifique de 1922-1923 par W. Campbell et R. Trumpler, un sur le surf aux Îles de la Société, un sur la littérature de l’irréel, c’est le moment d’en parler (…) », indique la présidente en guise de teaser.
Partager au plus grand nombre
Si l’édition des bulletins représente une très grande partie de l’activité de la Société, la SEO n’hésite pas à mettre ses connaissances au service du public. « Nous avons participé à des expositions conjointes avec le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel-Te piha faufa’a tupuna, nous avons travaillé avec Te Fare Iamanaha – Musée de Tahiti et des îles ou la Maison de la culture– Te Fare Tauhiti Nui, nous sommes toujours partants pour partager notre savoir-faire, nos connaissances dans la mesure de nos moyens. C’est naturel qu’il y ait une collaboration avec les institutions du Pays ».
Enfin, si la SEO a été fondée au début du siècle dernier, elle a parfaitement su s’adapter aux technologies du 21e ! « Tous les bulletins du 1er en 1917 jusqu’aux numéros 327 en 2012 ont été scannés depuis 2017 et sont accessibles gratuitement sur internet : : le catalogue et les ouvrages sont librement téléchargeables sur les sites www. seo.pf et www.anaite.upf.pf . Les dix dernières années ne sont pas numérisées, car les numéros sont en vente en version papier », précise la présidente de la SEO qui aimerait à terme les proposer en version numérique.
« Pour les faire partager au plus grand nombre », note dans un grand sourire Vāhi Tuheiava-Richaud.
Encadré
Comment adhérer à la SEO ?
Il suffit de se présenter à la SEO (vallée de la Tipaeru’i, immeuble du SPAA, Pape’ete – anciennement immeuble des Archives) ou d’adresser une demande d’adhésion où figureront civilité, nom, prénom, adresse e-mail, adresse postale pour recevoir le Bulletin, ainsi qu’un paiement du montant en fonction du lieu de résidence.
5 000 F CFP pour les résidents de Polynésie française
56 € pour les résidents de France et des Communautés d’Outre-Mer
72 € pour les autres.
Adresse :
Société des Études Océaniennes,
Boîte postale 110,
98713 Pape’ete, Tahiti,
Polynésie Française
Contact : [email protected]
Tél. : 40 41 96 03