Hiro’a n°189 – Le saviez-vous ?
Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau
Rencontre avec Oscar Descamps, ancien élève du Conservatoire – Te Fare Upa Rau- Propos recueillis par la cellule communication du Conservatoire.
Le Conservatoire, Te Fare Upa Rau, prend plaisir à suivre le parcours de ses élèves talentueux au-delà de ses murs et les regarde grandir et s’épanouir dans des voies artistiques. C’est le cas d’Oscar Descamps, qui a étudié la musique et les arts plastiques au Conservatoire de ses 7 à 17 ans, avant de poursuivre ses études musicales supérieures dans l’Hexagone. Rencontre.
Oscar, quel est ton parcours artistique ?
J’ai étudié la Musique et les Arts Plastiques au Conservatoire de mes 7 à 17 ans d’abord en percussions traditionnelles puis dans la classe de Stéphane Rossoni. C’est lui qui a su me faire aimer la batterie et qui m’a préparé aux études supérieures de musique. À la suite de l’obtention du D.E.M. de Musiques actuelles et du baccalauréat STDAA (Arts Appliqués) au Lycée Samuel Raapoto, j’ai poursuivi mes études musicales et artistiques à Lille. Mes quatre premières années d’études passées à l’Ecole Supérieure de Musique et de Danse de Lille (ESMD) m’ont permis d’obtenir un diplôme d’Enseignement de la batterie et des Musiques actuelles amplifiées (DE), un diplôme d’Interprète (DNSPM) et une licence de Musicologie à l’Université de Lille. A la suite de ce triple cursus, j’ai décidé de m’inscrire en première année à l’Ecole Supérieure d’Art de Tourcoing (ESA), ainsi qu’au Conservatoire de Tourcoing en Jazz. Je rentre maintenant en 3e année aux Beaux-Arts, et je me destine à poursuivre mes études en Master.
Tu arrives à tisser des liens entre ta pratique plastique et musicale ?
Bien sûr, beaucoup de personnes pensent que j’ai arrêté la musique pour me consacrer aux arts visuels, d’autres sont persuadés de l’inverse. En réalité je n’ai jamais dissocié ma pratique plastique de ma musique. Il a tout de même fallu que je choisisse l’ordre dans lequel j’allais étudier les différentes disciplines, mais l’essentiel est de se constituer un parcours d’études personnel « sur-mesure ». Pendant mes quatre premières années de musique j’ai commencé à faire les pochettes d’albums des groupes dans lesquels je jouais, puis des affiches, des t-shirts, des stickers, des photos et quelques captations vidéos. C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de professionnaliser ma pratique plastique en rentrant aux Beaux-Arts, exactement comme j’ai pu le faire en musique. –
Concrètement, qu’est-ce que tu as appris depuis ton départ ?
Le Pôle supérieur de Musiques actuelles de Lille m’a appris toutes les étapes de la production musicale : l’utilisation des logiciels de musiques pour enregistrer, éditer des partitions, mixer… J’ai eu des cours de batterie, de pratiques collectives, d’arrangement, de « ear-training », de composition, de « musique à l’image » et de production. J’ai également suivi des cours d’histoire de la musique, et un cursus complet autour de l’enseignement des musiques actuelles. Le plus formateur aura été de participer à beaucoup de projets différents, concerts, résidences, festivals, enregistrement en studio… C’est grâce à toutes ces expériences qu’aujourd’hui je suis autonome dans ma création musicale, et capable d’intervenir efficacement sur des projets collectifs. Par la suite aux Beaux-Arts, j’ai appris à utiliser des logiciels de graphisme, de retouche photos, de montage vidéos et de modélisation 3D. J’ai également suivi des cours de peinture, de sculpture, de gravure, de dessin et d’édition. J’y ai aussi découvert la pratique de « l’art sonore », c’est le domaine dans lequel on retrouve toutes les créations relatives au son. Cela peut être des sculptures, des installations, des performances… c’est la porte d’entrée des musiciens dans l’espace d’exposition. Les musées et galeries d’art sont comparables aux scènes de concerts, le regard prime sur le son mais l’écoute y est attentive.
Et à l’avenir, tu sais ce qui t’intéresserait le plus ?
Pour le moment je me consacre encore à ma formation et aux différents groupes que j’ai rejoint dans l’Hexagone. Néanmoins même si j’essaie de ramener mon to΄ere à chaque concert, ou de m’inspirer de la culture polynésienne dans mes créations, je pense que je voudrais me consacrer plus pleinement à un projet autour de l’orchestre de percussions traditionnelles. Je voudrais développer la notion de « motif », on parle de motifs rythmiques comme de motifs de gravure ou de tatouage. Je pense que la batterie et les percussions « sculptent » le temps, c’est ma définition du « groove ». J’ai fait mes premiers pas au Conservatoire dans la classe de Hans Faatauiraa, et il a continué à me former au to΄ere jusqu’à ma dernière venue en Polynésie lorsque j’accompagnais Ayo sur scène entre 2020 et début 2021. A l’avenir, j’aimerais prendre le temps de développer l’enseignement qu’il m’a transmis je voudrais écrire une « méthode » de to΄ere, l’illustrer, la filmer, pourquoi pas également documenter la fabrication des instruments locaux… –
As-tu un message à faire passer auprès de nos jeunes artistes polynésiens ?
Je voudrais encourager les jeunes artistes polynésiens à voyager, prendre un petit peu de distance permet de mieux comprendre l’attachement que l’on a pour le fenua. Je sais que mes racines y sont solidement ancrées, mais c’est quelque chose que j’ai vraiment réalisé en vivant à l’autre bout du monde.