Hiro’a n°186 – Dossier
Dossier – Te Fare Iamanaha – Musée de Tahiti et des îles
Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau
Ta´upiti Ana´e : les écoles montent sur scène
Rencontre avec Yann Teagai, directeur de Te Fare Tauhiti Nui, Rahiti Maopi, directeur de l’école de ‘ukulele Rahiti, Fabien Mara-Dinard, directeur du Conservatoire artistique de la Polynésie française, et Steeve Reea, directeur de l’école Tahiti Choir School. Texte : Lucie Rabréaud – Photos : CAPF/Stéphane Sayeb et TFTN
La Maison de la culture et le Conservatoire artistique de la Polynésie française pr.sentent la 29e édition du Heiva des écoles, rebaptisé depuis l’année dernière : Ta΄upiti Ana΄e. Trente-deux écoles vont dévoiler leur travail de l’année place To’atā et au Grand théâtre lors de plusieurs soirées programmées du 1er au 11 juin. Le CAPF donnera son grand gala le 10 juin à To’atā.
Plus de trente écoles de danse, de chant, de ‘ukulele et de percussions, présenteront leur travail de l’année place To’atā et au Grand théâtre, et le Conservatoire artistique de la Polynésie française offrira son gala de fin d’année. La première soirée est organisée le jeudi 1er juin et la dernière le dimanche 11 juin. Créé à l’occasion des 2e Jeux de la Francophonie, cet événement culturel remonte à 1994. À l’époque, le Conservatoire est déjà de la partie en plus de trois écoles de danse. Au fur et à mesure des années, le rendez-vous a pris de l’ampleur jusqu’à devenir l’incontournable introduction des grandes fêtes du Heiva. « C’est un événement qui permet de mettre en avant toutes les écoles de danse, de chant et d’instruments traditionnels, explique Yann Teagai, directeur de la Maison de la Culture. L’implication de tous les artistes, costumiers, parents, accompagnateurs, danseurs, danseuses, musiciens et choristes, de tous âges, fait du Ta΄upiti Ana΄e bien plus qu’un événement populaire culturel du fenua, il représente une véritable vitrine pour chaque école, l’occasion de faire découvrir le fruit de longs mois de travail en coulisse, et de montrer également leur savoir-faire culturel. Cette manifestation permet aussi de découvrir nos jeunes talents polynésiens, qui souhaitent s’épanouir dans nos plus belles expressions culturelles et artistiques. »
Vitalité de la culture polynésienne
L’événement, preuve de la vitalité culturelle polynésienne, est l’occasion de promouvoir toutes les écoles et la Maison de la culture a innové pour leur donner encore plus de visibilité en créant une cartographie et un annuaire. Il suffit d’aller sur le site heiva.org, de faire dérouler le menu pour y trouver la cartographie des écoles : un clic sur le point rouge localisant une école et on obtient le nom de l’établissement, son directeur ou directrice, l’adresse et les contacts mail et téléphone ; un annuaire sous la carte reprend ces informations. Une trentaine d’écoles sont ainsi répertoriées et la Maison de la culture invite les absentes à se manifester pour figurer dans ces listes ([email protected] ). Cette trentaine d’écoles référencées sont celles qui se présenteront sur scène. On y retrouve les habituelles, dirigées par des chefs de groupe qui fréquentent également régulièrement le Heiva i Tahiti, comme notamment Arato΄a de Kehaulani Chanquy, le centre de formation Hei Tahiti de Tiare Trompette-Dezerville et dirigé par Emehe Dezerville, Manohiva de Poerava Taea, Tamariki Poerani de Makau Foster-Delcuvellerie, Manahau de Marine Biret, A ΄Ori Mai de Teraurii Piritua mais également toutes les autres, des anciennes comme des nouvelles : Hanihei se présente pour la 18e fois et Ha’aheo o Kahiki pour la première. ◆
Gala du conservatoire
En parallèle du Ta’upiti ana’e et comme chaque année, le Conservatoire artistique de la Polynésie française donnera sa grande Nuit de gala des Arts traditionnels. Un événement qui clôt l’année scolaire pour mettre en avant tout le travail des élèves et des enseignants. L’établissement participe au Heiva des écoles depuis la création du spectacle, en 1994. À l’époque quatre écoles étaient représentées. « Ta΄upiti Ana΄e est un événement culturel aux multiples expressions », précise Yann Teagai et le Conservatoire est central parmi les écoles de danse. Plus de 800 élèves monteront sur scène. Classes de ΄ori tahiti, de ΄ōrero, de percussions, de guitare traditionnelle, de ΄ukulele, un pupu hīmene avec le chœur le plus important du fenua composé de plusieurs centaines de chanteurs : le Conservatoire veut éblouir son public et les parents qui lui confient leurs enfants toute l’année. Près de 400 élèves des classes d’écoles, collèges et lycées aux horaires aménagés arts traditionnels, feront aussi intégralement partie du spectacle.
« L’éveil de la nature » joué par les élèves du Conservatoire
Tous danseront et chanteront sur « L’éveil de la nature », le thème choisi pour cette année et écrit par Goenda Reea, auteure primée au Heiva i Tahiti 2022 pour son texte interprété par le groupe Hei Tahiti (qui a également reçu le prix Madeleine Moua du Heiva). D’ailleurs le Conservatoire souhaite désormais solliciter les auteurs primés du Heiva de l’année précédente pour écrire le thème de son gala. Même si le Conservatoire a toujours travaillé avec des auteurs prestigieux pour son gala, c’est toujours un défi pour les élèves qui doivent s’approprier, danser et chanter des textes de grands auteurs et pour les futurs auteurs de s’adapter aux âges des élèves. Un véritable défi pour les enseignants également, créateurs des harmonies, des rythmes et des chorégraphies, qui doivent s’inspirer de ces textes et parvenir à les interpréter avec leurs élèves tout en gardant les objectifs de transmission et d’apprentissage. Les tableaux feront se succéder les élèves sur scène en fonction de leur catégorie d’âge. Tous partagent cet objectif d’excellence particulier au Conservatoire. Et surtout cet amour de la scène, le but de tout musicien ou danseur, qui est la base de l’enseignement de l’établissement. Le gala de décembre et celui de la fin d’année scolaire, en juin, sont des perspectives motivantes pour les élèves en apprentissage. Ces événements sont toujours de grands moments de partage familiaux,
populaires et culturels.
PRATIQUE
• Ta΄upiti Ana΄e du 1er au 11 juin à To΄atā et au Grand théâtre
• La Nuit de Gala du Conservatoire, le samedi 10 juin à 18 heures, place To΄atā
• Tarifs sur To΄atā et au Grand théâtre : 1 500 Fcfp à 2 000 Fcfp
PMR : 500 Fcfp – Accompagnateur PMR (1 accompagnateur par PMR) : 1 000 Fcfp à To’atā et 1 500 Fcfp au Grand théâtre
• Billets en vente au guichet de la Maison de la culture, du lundi au jeudi de 8 heures à 17 heures et le vendredi de 8 heures à 16 heures ; ou sur place 1 heure avant chaque spectacle et en ligne sur : https://billetterie.maisondelaculture.pf
• Renseignements : 40 544 544
• Pages Facebook : Maison de la Culture de Tahiti et Heiva i Tahiti Officiel
• www.maisondelaculture.pf
Programme
Soirées sur To’atā
Jeudi 1er juin
• Séance 1 – 19 heures : ARATO’A
• Séance 2 – 21 heures : Centre de formation HEI TAHITI
Vendredi 2 juin
• Séance 1 – 18h30 : RAINEARII
• Séance 2 – 20h30 : TAMARI’I POERAVA
Soirées au Grand théâtre
Samedi 3 juin
• Séance 1 – 12 heures : RAHITI ‘UKULELE et MONO’IHERE
• Séance 2 – 14 heures : ‘ORI ‘ONOUNOUHIA 1 et ETUAHI
• Séance 3 – 16 heures : MANOHIVA et TE MANA O VAIAHU
• Séance 4 – 18 heures : TAMARIKI POERANI et MANAHAU
Dimanche 4 juin
• Séance 1 – 12 heures : ARATA’I et TAUARIKI ‘ORI TAHITI
• Séance 2 – 14 heures : ‘ORI ‘ONOUNOUHIA 2 et ‘ORI HEI
• Séance 3 – 16 heures : TE UI TINI NO TIPAERUI et HEREHANI
Samedi 10 juin
• Séance 1 – 12 heures : UKUHERE et HURA I MOOREA
• Séance 2 – 14 heures : TEMANUTIAITAU et AUMAIRE
• Séance 3 – 16 heures : HA’AHEO O KAHIKI et HANIHEI
• Séance 4 – 18 heures : HIVAITI, A ‘ORI MAI et ATOROIRA’I
• Et ce même jour à 18 heures : Gala du Conservatoire
artistique de la Polynésie française sur To΄atā.
Dimanche 11 juin
• Séance 1 – 12 heures : TE UI TINI NO TIPAERUI et VAHEANA
• Séance 2 – 14 heures : HEIHERE et O HANI ‘ORI TAHITI
• Séance 3 – 16 heures : TAHITI ORA et TAHITI CHOIR SCHOOL
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Rahiti Maopi de l’école de ‘ukulele Rahiti
« C’est la première fois que je vais participer au Ta΄upiti Ana΄e car, cette année, nous avons eu l’occasion de nous y préparer. Les années précédentes, nous étions en déplacement à l’international, un travail de longue haleine, donc nous n’avions pas le temps d’y venir. Cette année, il n’y avait pas de déplacement prévu ; mes élèves m’ont demandé d’aller au Ta΄upiti Ana΄e. C’est aussi une longue préparation : une heure tous les jours ! Il faut toujours proposer le meilleur, il ne faut pas de défauts, comme ça le public est content. Je vais emmener une quarantaine d’élèves sur scène. L’objectif est de montrer ce qu’on sait faire, notre style, la différence entre nous et les autres écoles. En Polynésie, il y a une diversité et une richesse culturelles qu’il faut promouvoir à travers les écoles. Nous avons fait une représentation au Petit théâtre en août 2022 ; ça permet de voir un peu où nous en sommes, quels sont les réglages à faire. C’est important d’emmener ces élèves sur scène, on valorise la connaissance, on voit comment ils se comportent, car certains doivent vaincre leur timidité. Ça permet aussi d’avoir un objectif pour évoluer. »
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« L’aboutissement de toute une année scolaire »
Fabien Mara Dinard, directeur du Conservatoire artistique de la Polynésie française
Le gala du Conservatoire, c’est toujours un grand événement…
« C’est un des événements les plus importants de l’établissement car c’est l’aboutissement de pratiquement toute l’année scolaire. Il y a un premier gala au mois de décembre pendant lequel les élèves ont commencé à travailler le thème, de façon succincte, pour apprendre les bases. À partir de janvier, ils s’approprient le thème, les chorégraphies. »
Pourquoi faire appel aux auteurs lauréats du Heiva i Tahiti pour écrire le thème du gala ?
« C’est intéressant de travailler avec des auteurs qui écrivent pour des groupes professionnels. C’est une façon complètement différente de travailler car il faut adapter les écrits, les chants, pour tous les âges. Nous avons des élèves de 3, 4, 5 ans donc nous ne pouvons pas leur faire danser n’importe quoi, sur n’importe quel texte. Plus on avance dans les niveaux de classe et plus le texte doit être complexe. »
L’auteur doit trouver les mots justes…
« Oui, on a la chance que ce soit Goenda Reea car nous avons déjà travaillé avec elle. Mais nous travaillons aussi en appui des textes de grands auteurs comme John Mairai ou Patrick Amaru, aujourd’hui disparu. Les textes sont très importants pour nous : il faut pouvoir se les approprier. »
Comment le thème est-il choisi ?
« C’est un échange avec mon équipe pédagogique et l’auteur. »
Quel est le but du gala ?
« Montrer aux parents ce que leurs enfants ont appris et travaillé, et à la population ce que le Conservatoire sait faire. Nous avons un public d’habitués. Nous souhaitons aussi transmettre la culture polynésienne de manière correcte. Le Conservatoire est la garantie de ne pas faire n’importe quoi. Plusieurs chorégraphes, chefs de groupe, sont sortis du Conservatoire et gagnent aujourd’hui au Heiva i Tahiti. On en est fier ! »