Hiro’a n°185 – La culture bouge
Conservatoire artistique de Polynésie française – Te Fare Upa Rau
Les grands orchestres au grand théâtre !
Rencontre avec Frédéric Cibard, responsable de la communication du Conservatoire artistique de la Polynésie française. Texte : Lucie Rabréaud – Photo : CAPF
Le Conservatoire artistique de la Polynésie française, en coproduction avec la Maison de la culture, présente le concert des grands orchestres, vendredi 12 mai à 19h30. Une date unique pour une soirée exceptionnelle avec les représentations de l’orchestre symphonique et de la Grande harmonie. Mais aussi quelques autres belles surprises.
C’est un grand moment pour le Conservatoire, la musique dite « classique » et les mélomanes : le concert des grands orchestres de l’établissement retrouve la scène du Grand théâtre pour un moment de partage exceptionnel. Les deux grandes formations du Te Fare Upa Rau se retrouvent, en effet, face au public. Avec la grande harmonie, dirigée par Colin Raoulx, une formation consacrée aux instruments à vents et aux percussions. Avec le grand orchestre symphonique, dirigé par Frédéric Rossoni. Une formation regroupant vents, cordes, percussions et piano.
Le programme proposé par les maestros des deux formations plaira au grand public. Si la grande harmonie est plutôt spécialisée en musiques de film et en swing, le grand symphonique aborde les grands compositeurs, mais également, deux créations spectaculaires rendant hommage à la musique polynésienne et à un grand compositeur. « C’est un moment spécial pour nos élèves, nos musiciens, nos maestros et le public polynésien. C’est le grand rendez-vous classique, mais vous verrez que ces formations merveilleuses voyagent et nous voyageons avec elles. Elles nous amènent sur de magnifiques terres, certaines étant connues et d’autres, nouvelles », précise Frédéric Cibard, responsable de la communication du Conservatoire.
Symphonie d’un nouveau monde
L’orchestre symphonique, dirigé par Frédéric Rossoni, est la plus grande formation de l’établissement. Il réunit une cinquantaine de musiciens : des élèves de haut niveau, des professeurs et des invités. Une année sur deux, son concert est dédié à la musique classique, puis l’année suivante à la pop musique. Cette année, c’est le répertoire classique qui est à l’honneur avec Brahms, Dvořàk et Gounod, trois maîtres du répertoire. Un choix du maestro, Frédéric Rossoni, qui dirige l’orchestre symphonique et qui a également réalisé tous les arrangements, ce qui n’est loin de l’exploit en matière de réécriture musicale. Les spectateurs pourront également entendre un thème tahitien bien connu : Haere Maina, célèbre chanson du film Les Révoltés du Bounty. Et assister à deux grandes premières pour la soirée : Schumania de Frédéric Rossoni et Orohena du professeur de piano, Samuel Magott. « Schumania est une composition sur deux thèmes dont le premier a été influencé de manière inconsciente par Ennio Morricone, je m’en suis rendu compte a posteriori ; et le deuxième est inspiré par Schumann. Le tout est conçu comme une possible musique de film, d’où son sous titre : Musique pour un film imaginaire… », explique Frédéric Rossoni. Pour Orohena, la montagne sacrée, Samuel Magott, professeur de piano et compositeur, comme Frédéric Rossoni, a souhaité conter l’ascension difficile de cette montagne majestueuse, une rencontre émouvante entre un poète et le cœur de l’île : « J’ai voulu tenter l’expérience de retranscrire musicalement les différentes étapes de l’ascension périlleuse de cette montagne, et de les faire vivre au public en m’intéressant à son parcours : la préparation de l’expédition, le départ au sentier des Milles Sources, l’arrivée au Pito Iti, les nuits passées en montagne et enfin l’arrivée exaltante au sommet », raconte le professeur. À noter : tout le programme a été arrangé par Frédéric Rossoni.
La Grande harmonie n’est pas en reste. Cet orchestre, puissant, ouvrira la soirée en apportant une touche de gaité et l’envie de danser, portée par la célèbre « Bamba » et le non moins célèbre « Over the rainbow ». Dirigée par Colin Raoulx, la formation réunit une quarantaine de musiciens spécialisés dans les vents : les cuivres et les bois. Ici aussi, les arrangements sont signés du chef d’orchestre : Colin Raoulx. Cette formation est experte dans la reprise des musiques de films ou de grandes chansons du répertoire international connu de tous. « C’est puissant et spectaculaire ! La Grande harmonie est remuante et pleine d’énergie positive ! » De quoi bien commencer la soirée ! Entre la Grande harmonie et l’Orchestre symphonique, un intermède surprise sera donné.
Le fait de jouer dans l’une ou l’autre de ces deux formations – certains élèves sont membres des deux orchestres – est une consécration dans le parcours des jeunes virtuoses du Conservatoire. Car les élèves de la section classique ont deux passages obligés : leurs premières années d’initiation passées, ils intègrent les formations juniors comme la petite harmonie, dirigée par Vaianu Walker et le petit orchestre . cordes, dirigé par Amandine Clémencet. Et c’est alors le temps de la participation aux deux grandes formations d’ensemble. Quand certains élèves sont invités à rejoindre le Grand orchestre symphonique ou la Grande harmonie, ils entrent dans le monde de la grande musique. « Ils entrent dans un autre univers. Tous disent n’avoir jamais ressenti une sensation comme celle-là, de beauté et de force. » Ce concert annuel permet de montrer aux parents et aux spectateurs le travail et le talent des élèves et des professeurs. Il ouvre une porte vers un monde de beauté, là où tous les rêves sont permis. ◆
Pratique
• Vendredi 12 mai . 19h30, au Grand théâtre de la Maison de la culture.
• Billetterie : Maison de la culture et en ligne
• Tarif unique : 2 000 Fcfp.
Au programme
• Grande harmonie du conservatoire dirigée par Colin Raoulx
• Thème principal : Porgy and Bess
• Perfect d’Ed Sheeran
• Over the Rainbow
• Don’t stop me now (Queen, F. Mercury)
• La Bamba
Intermède surprise
• Orchestre symphonique dirigé par Frédéric Rossoni
• Danse hongroise n°6, Brahms (à confirmer)
• Danse hongroise n°5, Brahms
• Haere Maina to u here (Bronislaw Kaper)
• Schumania, de Frédéric Rossoni
• 4e mouvement Symphonie du nouveau monde, Dvořàk
• Anges radieux de Faust, Gounod
• Orohena de Samuel Magott avec orchestration de Frédéric Rossoni
Orohena, la montagne sacrée de Samuel Magott : « Retranscrire musicalement les différentes étapes de l’ascension »
« Orohena, la montagne sacrée », est une œuvre virtuose pour piano que j’ai écrite et composée à la suite de plusieurs randonnées au cœur de l’île, il s’agit d’une fantaisie durant environ dix minutes qui est une ode à la beauté de la nature polynésienne.
J’ai voulu, à travers cette œuvre, essayer de retranscrire toute la puissance, la majestuosité et le caractère sacré de cette montagne, l’Orohena, qui représente à la fois le point le plus élevé de l’île de Tahiti mais également la première parcelle de terre ayant émergé de l’océan. N’étant pas un randonneur de haut niveau, j’ai néanmoins voulu tenter l’expérience de retranscrire musicalement les différentes étapes de l’ascension périlleuse de cette montagne et de les faire vivre au public en m’intéressant à son parcours : la préparation de l’expédition, le départ au sentier des Milles Sources, l’arrivée au Pito Iti, les nuits passées en montagne et enfin, l’arrivée exaltante au sommet. Chaque moment marquant possédant son propre thème et déroulé, ses nuances et son phrasé musical.
Mes inspirations m’ayant accompagné dans ce voyage se trouvent à la fois du côté classique, avec notamment Frantz Liszt et Claude Debussy – le premier pour l’exigence technique et le côté légendaire et épique représentant la montagne, le second pour l’atmosphère mystérieuse et onirique qui parsème son œuvre –, mais également de la musique traditionnelle polynésienne, qui est d’une richesse extraordinaire, notamment au niveau de l’emploi des percussions telles que le pahu ou le tō΄ere.
Je remercie particulièrement Stéphane et Frédéric Rossoni, le premier pour avoir réalisé un merveilleux clip avec des images époustouflantes se mêlant au son du piano, le second pour avoir réalisé une orchestration magnifique pour le grand orchestre du Conservatoire qui permet à l’œuvre de se transfigurer. C’est toujours un moment exceptionnel pour un pianiste de pouvoir jouer avec un orchestre et je remercie du fond du cœur tous ces formidables musiciens qui permettent de mettre en avant cette création originale et authentique. »