Hiro’a n°183 – Un visage, des savoirs 

Un visage, des savoirs – Service de l’artisanat traditionnel (ART) – Te pū ohipa rima΄ī

Soraya Faraire, une vie de tressage

Rencontre avec Soraya Faraire, artisane. Texte et photos : Pauline Stasi

C’est dans son île natale de Rapa aux Australes que Soraya Faraire a appris les bases du tressage. Depuis, cela fait quarante ans qu’elle confectionne de magnifiques chapeaux et des couronnes principalement en roseaux des montagnes. En novembre dernier, elle a même remporté le prix du public au premier salon du chapeau.

Soraya Faraire, épouse Taupua, a le regard concentré sur ses gestes. Avec son couteau en forme d’Opinel, elle coupe puis écarte en deux les tiges de roseaux des montagnes. Ensuite, elle les affine, une par une, méticuleusement. « Cela prend du temps, il faut faire attention de ne pas casser les tiges », indique l’artisane dans un franc sourire qui respire la joie de vivre. Originaire de Rapa aux Australes, c’est là-bas que Soraya s’est formée à l’artisanat quand elle avait une vingtaine d’années. « C’est ma belle-mère qui m’a appris les bases du tressage » , précise-t-elle. Depuis, Soraya est venue habiter à Tahiti et, au fil des années, s’est spécialisée dans la confection de chapeaux et de couronnes. Près de quarante ans plus tard, elle passe une bonne partie de ses journées à la fabrication de ses chapeaux et couronnes réputés pour l’extrême finesse de sa vannerie.

Une richesse naturelle, du travail et du temps

Car avant d’être portés et d’embellir les têtes, la confection de ses couvre-chefs exige temps et savoir-faire. À commencer par la recherche de la matière première, principalement des roseaux des montagnes. « C’est l’une des spécialités de Rapa, on utilise beaucoup de roseaux des montagnes là-bas, mais on peut aussi en trouver à Tahiti. Je vais en chercher sur les hauteurs de Punaauia. Je les ramène chez moi, puis je les coupe pour en faire des tiges d’une cinquantaine de centimètres. Je sépare les feuilles que je garde pour m’en servir après pour faire des décorations. J’utilise aussi parfois du bois de pūrau ou des feuilles séchées de pine (ou Bauhinia monandra, arbuste de la famille des légumineuses, ndlr) », explique Soraya, avant de rajouter un sourire malicieux aux lèvres : « La nature est une vraie richesse pour l’artisanat. On y trouve tout ce qu’il faut pour en faire des beaux objets, il suffit de se donner un peu de mal. »

Une fois cueillie, Soraya, va alors s’occuper de cette « richesse ». Elle fait bouillir de l’eau pour les roseaux qu’elle mélange avec des citrons pendant plus de six heures, puis elle les fait sécher au soleil afin de leur donner de beaux reflets blancs. « Pour les autres couleurs, soit j’utilise des bois plus foncés comme celui du pūrau, soit je les colore avec de la peinture de pāreu », confie l’artisane. Ensuite, place à la création et au savoir-faire qu’elle a acquis tout au long de ces années. Soraya tresse pendant des heures les bandes, assemble, coud, façonne les fleurs et autres motifs de décoration. « Je fais tout cela selon mon inspiration, je ne dessine jamais à l’avance. Il me faut beaucoup de temps pour faire un chapeau, en général 4 à 5 jours ; pour celui que j’avais fait pour le salon du chapeau qui a remporté le prix ‘coup de cœur’ du public, il m’a fallu environ deux semaines. Mais j’aime cela, car à travers mes chapeaux, même si je ne suis plus à Rapa, je continue à faire vivre la culture, les traditions de mon île », conclut l’artisane, une once de fierté dans la voix. ◆

PRATIQUE

• Si vous souhaitez acheter l’artisanat de Soraya Faraire, contactez sa fille Kathleen Taupua.

• Tél. : 89 203 986

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