Hiro’a n°182 – La culture bouge

La culture bouge – Service de l’artisanat traditionnel (ART) – Pu Ohipa Rima’i

Des vidéos sur mesure pour les artisans

Rencontre avec Vaiana Giraud, cheffe du Service de l’artisanat tra ditionnel de la Polynésie française. Texte : Pauline Stasi. Photos : Phaze production

Le Service de l’artisanat traditionnel a fait réaliser une série de dix portraits filmés d’artisans  traditionnels. À travers cette série intitulée « ΄O ihi rima, de la main à l’objet », le service souhaite faire découvrir le travail, le savoir-faire, l’histoire de ces femmes et de ces hommes, originaires de différents archipels polynésiens, qui se cachent derrière chaque objet artisanal. Ces vidéos sont diffusées le week-end sur TNTV depuis le 26 novembre.

Ils s’appellent Jacques, Elio, Wildorf, Martine, Philomène, Diana, Evaline, Elza, Diane ou encore Tautiti. Ils n’ont pas le même âge ; ils viennent d’îles, d’archipels différents. L’un sculpte la rare pierre fleurie, une autre coud des tīfaifai, une autre encore tresse… S’ils sont tous différents, ils ont tous en commun d’avoir fait de leur passion pour l’artisanat, leur métier. Le Service de l’artisanat traditionnel a choisi de mettre ces hommes et ces femmes en valeur à travers des portraits filmés, car avec les objets qu’ils créent de leurs mains, ils contribuent tous au rayonnement de la Polynésie française. Intitulée «  ΄O ihi rima, de la main à l’objet », la série comprend dix vidéos de trois minutes trente environ. Dans chacune de ces vidéos en français et sous-titrées en reo, un artisan parle de son travail, de ses objets, partage son savoir-faire, sa technicité et son expérience.

« Derrière chaque objet se cache un artisan. On a décidé de réaliser ces vidéos, car on a souhaité qu’à travers elles, les personnes qui achètent les objets artisanaux découvrent par qui ils ont été fabriqués et comment. Rares sont les voyageurs qui ne ramènent pas un petit souvenir de leur voyage en Polynésie française. Parmi ces souvenirs, l’un des plus faciles à glisser dans la valise est un objet d’artisanat traditionnel. L’artisanat est l’un des grands marqueurs de la culture et de l’identité polynésiennes, tout comme peut l’être le ΄ori tahiti. Avant d’être portée sur la tête, une couronne tressée en fibre de mautini par exemple a toute une histoire, un savoir-faire ancestral, une matière première spéciale », souligne Vaiana Giraud, cheffe du Service de l’artisanat traditionnel polynésien, à l’initiative de ce projet de portraits filmés. Entre un tiki en pierre fleurie ou un collier en graines de l’île marquisienne de Ua Pou, une couronne tissée en mautini de la presqu’île de Tahiti ou encore un chapeau tressé à Rimatara aux Australes, chaque voyageur trouvera donc forcément son bonheur. Mais effectivement, que connait-il au final de cet objet, du temps qu’il a fallu pour le fabriquer, de la richesse ou de la rareté de sa matière première, de l’artisan qui a passé des jours à le façonner ?

Un véritable panel représentatif du secteur 

Et c’est ainsi qu’est venue l’idée de donner des réponses à toutes ces interrogations via des vidéos de format court. Ensuite, comme tout projet, il aura fallu quelques mois de travail ardu jusqu’à sa concrétisation. Recherche de partenaires, sélection d’une boîte de production et, bien sûr, celle des héros de ces vidéos : les artisans.

Et le choix des différents portraits n’est évidemment pas le fruit du hasard, mais bien représentatif de la diversité du secteur. « L’artisanat est très différent d’un archipel à un autre. Les artisans des Australes sont connus pour être spécialisés dans le tressage, les Marquisiens sont réputés pour leurs sculptures (…). Les objets artisanaux sont très liés à l’environnement, la nature, les matières premières que l’on trouve dans les îles. Les pierres fleuries se trouvent à Ua Pou, aux Australes, il y aura plus du pae΄ore, aux Tuamotu des coquillages… Ces vidéos permettent d’expliquer les différentes matières premières utilisées, les gens ne connaissent pas forcément ce qu’est la fibre de more par exemple (…). Nous avons aussi souhaité mettre en valeur la variété des métiers du secteur. C’est tout cela réuni qui fait la richesse de l’artisanat polynésien », insiste Vaiana Giraud, qui a donc œuvré pour que ces vidéos soient un véritable panel représentatif du secteur artisanal. 

Une fois le choix des artisans fait, il a ensuite fallu qu’ils acceptent, le temps du tournage, de jouer le premier rôle, peu habitués à être sous le feu des projecteurs. « On dit parfois que les artisans ne veulent pas montrer, parler de leur savoir-faire, mais ça ne concerne pas tout le monde. Et beaucoup sont conscients de l’importance de partager leur savoir-faire avec les autres et de parler de leur passion. Ces vidéos sont aussi une reconnaissance de leur travail. »

Des passeurs de mémoire

Pour réaliser ces vidéos, le Service de l’artisanat traditionnel a fait appel à la société de production Phaze et s’est adjoint la collaboration de Tahiti Tourisme. « Les tournages n’ont pas toujours été faciles à organiser, car il fallait que les artisans soient présents dans leur île en même temps et que l’équipe puisse enchainer les tournages pour des raisons de logistique et de coût. Les tournages ont été réalisés sur trois mois, de septembre à novembre 2022 », explique la cheffe de service.

Si ces vidéos ont évidemment pour vocation de montrer que ces objets ont une histoire, qu’ils sont fabriqués par des hommes et des femmes avec des parcours différents, elles ont aussi pour objectif de faire perdurer les traditions, de transmettre les savoir-faire, les technicités, les gestes pour les années futures. « Bien sûr, on ne peut pas, en trois minutes trente, tout apprendre des subtilités du tressage, mais ces vidéos sont comme des passeurs de mémoire des savoir-faire de ces hommes et ces femmes. On espère aussi que ces portraits suscitent de nouvelles vocations, donnent envie à des jeunes de devenir artisans, qu’ils voient que l’on peut vivre de ces métiers », confie Vaiana Giraud, qui compte bien lancer rapidement une saison 2 pour découvrir de nouveaux savoir-faire à partager et de nouvelles vies de passionnés à révéler. ◆

PRATIQUE

Diffusion de « ΄O ihi rima, de la main à l’objet » 

• Sur TNTV : chaque portrait est diffusé deux fois pendant le week-end, le samedi et le dimanche à 17h50, juste avant le « ve΄a ».

• Sur le site internet et la page Facebook du Service de l’artisanat traditionnel.

• Sur les réseaux de bus et bateaux et dans les agences OPT.

HT

Les artisans

Rimatara :

• Jacques Tarina : préparation du pae΄ore

• Elio Ravatua : tressage

Ua Pou :

• Wildorf Tata : sculpture sur pierre fleurie

• Martine Mohuioho : colliers en graines

Îles Sous-le-Vent :

• Philomène Parau à Huahine : confection de more

• Diana Temaiana à Raiatea : pāreu peints

Tahiti :

• Evaline Raipuni : travail du mautini

• Elsa Tahi : tīfaifai

• Diane Faana : travail du nī΄au

• Tautiti Koheatiu : coquillage

Lég

Diana Temaiana

Wildorf Tata

Philomène Parau

Tautiti Koheatiu

Jacques Tarina

Elio Ravatua

Martine Mohuioho

Elsa Tahi

Evaline Raipuni

Diane Faana

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