Hiro’a n°181 – La culture bouge
– Service de l’artisanat traditionnel – Pu Ohipa Rima’i (ART)
Rencontre avec Vaiana Giraud, cheffe du Service de l’artisanat traditionnel, Elvis Pompilio, modiste belge, et Ramona Tevaearai, artisane et présidente de la fédération artisanale de Rurutu. Texte : Tiphaine Isselé. Photos : TI & DR
Tāupo΄o, l’art du chapeau et ses accessoires
Le Service de l’artisanat traditionnel organise, du 23 au 26 novembre, au Hilton Hôtel Tahiti, le Salon du chapeau et ses accessoires. Pour l’occasion, vingt artisans locaux et Elvis Pompilio, célèbre modiste belge invité, exposeront leurs créations, échangeront autour de leur savoir-faire et présenteront un défilé de chapeaux.
Après le Salon des jeunes artisans créateurs en novembre dernier et celui des arts de la maison en mai, le Service de l’artisanat traditionnel organise un nouvel événement : le Salon du chapeau et ses accessoires, Tāupo΄o. « Il y a les grands rendez-vous annuels. Mais nous continuons aussi, dans une dynamique différente, à mettre en place des thématiques de niche, afin de contribuer à l’animation du secteur artisanal », explique Vaiana Giraud, cheffe du Service de l’artisanat traditionnel. Et aussi pour « ramener le chapeau dans l’actualité ». On constate en effet un réel engouement pour les produits artisanaux, et notamment les paniers tressés qui ont conquis le public, l’objectif est ici de présenter la variété des techniques, des matières et des créations que proposent les artisans. Si le chapeau est très présent dans le domaine religieux, notamment à la messe du dimanche, pourquoi ne pas le réinvestir, et le remettre au gout du jour… pour tous les jours ?
Dans une démarche d’enrichissement mutuel, le célèbre modiste belge Elvis Pompilio a été invité. Avec vingt artisans locaux et des élèves du Centre des métiers d’art préparant le brevet polynésien des métiers d’art (BPMA), ils pourront échanger de professionnels à professionnels sur leurs techniques, leurs savoir-faire, leurs approches.
Ateliers, concours, défilés : le plein de créativité !
Au-delà de l’exposition-vente, le public pourra profiter d’un salon animé avec de multiples formats accessibles à tous. Ainsi, pendant les quatre jours du salon, le public aura la possibilité de participer à des ateliers payants proposés par les artisans, au cours desquels il pourra accessoiriser son chapeau, apporté pour l’occasion. Les visiteurs seront invités à désigner leur chapeau créatif coup de cœur. Un jury votera également et trois trophées seront attribués (le prix du public, le prix de la création en chapeau et le prix de la création en accessoires). La remise des prix aura lieu le dernier jour du salon.
Une performance artistique sera proposée aux visiteurs : plusieurs duos (un artisan et un artiste costumier) seront tirés au sort en amont du salon pour réfléchir à une création à quatre mains qui sera réalisée en direct pendant le salon. Elvis Pompilio, chapelier à la renommée internationale, viendra donner un élément mystère qui devra être intégré à la création, afin de favoriser la « rencontre d’univers différents ». Les cinq chapeaux ainsi créés seront versés aux collections du Musée de Tahiti et des îles « comme témoignage de l’artisanat contemporain ».
Un défilé de chapeaux prendra place le vendredi soir, en nocturne et en accès libre. Il est supervisé par Alberto V en coordination avec Elvis Pompilio et sera suivi d’une animation musicale proposée par Moea Lechat. Il mettra en valeur le chapeau de chacun des artisans présents, ceux créés lors de la performance artistique et dix d’Elvis Pompilio.
Le samedi matin sont prévues deux interventions grand public. L’une sur l’histoire du chapeau traditionnel à travers le fonds photographique du Musée de Tahiti et des îles par Miriama Bonno, sa directrice, et l’autre sur le chapeau dans le monde par Elvis Pompilio.
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PRATIQUE
Salon du chapeau et ses accessoires, Tāupo΄o
Du mercredi 23 au samedi 26 novembre
9h à 18h
Expo-vente, ateliers, performances, rencontres
Nocturne le vendredi 25 novembre en accès libre à partir de 18h30 : animation musicale, défilé de chapeaux
Au Hilton Hôtel Tahiti
www.artisanat.pf
Facebook : Service de l’artisanat traditionnel
Tél. : 40 545 400
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Elvis Pompilio
« Je veux continuer à créer pour tout le monde »
Elvis Pompilio, modiste belge, est l’invité de marque du Salon du chapeau et de ses accessoires, Tāupo΄o. Chapelier au talent reconnu, il a travaillé pour des grandes maisons de haute couture et coiffé Sharon Stone, Mickey Rourke, Harrison Ford, Patti Smith ou encore des têtes couronnées européennes.
Qu’attendez-vous de ce salon ?
De belles rencontres et la découverte du savoir-faire des artisans locaux.
Et de la rencontre avec les artisans locaux ?
Des échanges. Montrer et apprendre.
Qu’est-ce que vous aimeriez leur apprendre ? leur montrer ? leur faire découvrir ?
Ma façon de travailler, mes secrets de fabrication et mon expérience.
Quelle est votre source d’inspiration avant de créer un chapeau ?
Tout peut m’inspirer : les voyages, les gens, l’observation des choses.
Qu’est-ce que vous aimez dans la création d’un chapeau ?
Les nouvelles proportions, la création d’une nouvelle forme en bois comme une sculpture, la recherche du résultat.
Pour qui aimerez-vous créer un chapeau ?
Je veux continuer à créer pour tout le monde.
Quel était votre premier chapeau ?
Une casquette avec une longue visière sans couture qui fait partie de mon image et est devenue mon logo.
Combien de temps vous est-il arrivé de passer pour confectionner un chapeau ?
Cela peut être deux mois ou deux heures.
Quel serait pour vous le chapeau le plus adapté pour que celui qui le porte se trouve beau ?
Chaque personne est différente. Je pense être capable de trouver à chaque fois le bon modèle et rendre les gens heureux.
Votre prochain chapeau ce sera…
La maison Hermès vient de me commander un chapeau cow-boy oversize pour un événement particulier.
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Elvis Pompilio en quelques dates
• 1987 : installation comme modiste à Bruxelles.
• 1990 : la marque Elvis Pompilio est déposée au niveau international. Collaboration avec les créateurs belges Ann Demeulemeester, Dirk Bikkembergs et Véronique Leroy. Ouverture d’une boutique à Bruxelles.
• 1992 : ouverture d’une boutique à Paris. Il collabore avec les grands couturiers français Thierry Mugler et Louis Féraud pour leurs collections haute couture.
• 1995 : ouverture d’une boutique à Londres.
• Depuis 2000 : collaboration avec la maison Chanel pour différentes collections.
• 2002 : fermeture de toutes les boutiques pour se consacrer à la création dans divers domaines. Organisation d’un gigantesque défilé avec des personnages de contes de fée, des matadors, des cow-boys et de jeunes personnes trisomiques.
• 2005 : entrée au musée Grévin grâce à la statue de cire d’Amélie Nothomb portant son célèbre chapeau noir créé par Elvis Pompilio.
• 2010 : parution d’une biographie en français.
• 2017 : professeur à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre en master Accessoires.
• 2022 : première rétrospective au concept store Artchives à Lille.
Collaboration permanente avec la maison Hermès.
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Ramona Tevaearai
« Le chapeau moulin est mon préféré »
Artisane originaire de Rurutu, Ramona Tevaearai est présidente de la fédération artisanale de son île des Australes. Elle sera présente au Salon du chapeau et ses accessoires, Tāupo΄o.
Qu’attendez-vous de ce salon ?
J’aimerais avoir des échanges avec les visiteurs – parfois, ce sont leurs demandes qui nous donnent des idées – et de bien vendre aussi.
Et de la rencontre avec Elvis Pompilio ?
C’est une personne connue, c’est un professionnel du chapeau. Grâce à lui, j’ai découvert qu’on pouvait faire des chapeaux de plein de façons différentes. J’aimerais qu’on échange des connaissances sur notre travail, qu’il nous donne des techniques différentes.
Qu’est-ce que vous aimeriez lui apprendre ? lui montrer ? lui faire découvrir ?
Originaire de Rurutu, ma spécialité, c’est le chapeau moulin. Alors ce serait bien de tresser un chapeau avec lui.
Quelle est votre source d’inspiration avant de créer un chapeau ?
Je fais surtout des chapeaux sur commande avec des clients qui ont des demandes précises. Je m’adapte aussi à la matière première que j’ai en stock.
Qu’est-ce que vous aimez dans la création d’un chapeau ?
J’ai le tressage dans le sang. On a tous la même technique, mais nos styles sont différents. J’aime tresser finement par exemple. Quand tu crées un chapeau moulin, tu sais qu’il ne va pas rester très longtemps sur ton stand. J’aime que le produit plaise et donc qu’il puisse faire vivre une famille.
Pour qui aimeriez-vous créer un chapeau ?
En fait, je l’ai déjà fait. J’ai un camarade d’école primaire qui est devenu un chanteur célèbre. Je le voyais tout le temps porter des casquettes en jean. Alors j’ai eu envie de lui tresser un chapeau moulin en pae΄ore. Il l’a porté et mon chapeau a voyagé grâce à lui. J’étais fière.
J’aimerais bien aussi en offrir un au ministre de l’Artisanat pour le remercier de ce qu’il fait pour nous.
Quel était votre premier chapeau ?
Un chapeau moulin sur la forme en bois en 2010, à 24 ans. Dès l’âge de sept ans, je réalisais des tresses de chapeau que ma grand-mère cousait à la machine. Elle aimait bien que je m’intéresse à l’artisanat mais comme un passe-temps, pas comme un « vrai » travail. Elle voulait que j’obtienne des diplômes, mais j’ai insisté pour apprendre.
Combien de temps vous est-il arrivé de passer pour confectionner un chapeau ?
En général, je peux tresser deux chapeaux moulin par jour. J’aime bien que le travail soit fini le jour même. Parfois, quand j’ai de grosses commandes – par exemple douze chapeaux à finir pour une association en cinq jours –, j’en oublie de manger, je ne vois pas le temps passer et quand j’entends le coq chanter et que le jour se lève, je me rends compte que j’ai tressé toute la nuit.
Quel serait, pour vous, le chapeau le plus adapté pour que celui qui le porte se trouve beau ?
Un chapeau moulin car il peut avoir différentes formes et différentes couleurs et qu’il est adapté aux femmes, aux hommes et aux enfants. Un chapeau moulin va à tout le monde quelle que soit la forme du visage de celui qui le porte.
Votre prochain chapeau ce sera…
Un chapeau moulin, bien sûr.
