Hiro’a n°179 – 10 questions à
10 questions à
Keaulana Kavera-Jordan, responsable du département production et communication à la Maison de la culture
« Il y a une vraie synergie avec mon équipe »
Keaulana Kavera-Jordan est à la tête du département production et communication à la Maison de la culture depuis 2021. Programmation des spectacles, réservation des salles de théâtre, de To΄atā, rencontres avec les artistes, ou encore communication sur les spectacles, les festivals, les ateliers, gestion des médias, des réseaux sociaux…, son équipe et elle travaillent avec passion pour faire vivre la culture polynésienne.
En quoi consiste votre fonction ?
« Cela consiste à manager les équipes de production et de communication avec lesquelles je travaille. Nous sommes dix dans le département, quatre en production, quatre en communication, une personne qui nous assiste et moi-même. C’est une équipe jeune et dynamique, avec des profils différents et riches. Nous avons donc beaucoup à nous apporter mutuellement, c’est pourquoi j’essaye d’être dans une démarche participative. »
Quel est votre parcours brièvement ?
« J’ai toujours baigné et aimé le milieu de la culture, de la danse et la lecture plus particulièrement. J’ai grandi aux Tuamotu jusqu’à mes 14 ans puis j’ai poursuivi des études de sciences politiques et de droit. Par la suite, j’ai commencé à travailler dans différents services du Pays et en 2019 j’ai validé le concours de fonctionnaire territoriale. TFTN était mon premier choix, j’ai débuté au service de la programmation, puis le poste de responsable du département production et communication s’est libéré et on me l’a proposé. Ce n’était pas mon cœur de métier au départ, j’appréhendais un peu, mais j’aime les challenges. J’ai donc suivi des formations et ai découvert un attrait au management. J’apprécie tout particulièrement de partager avec mes équipes et les guider au mieux. »
Comment fonctionnent les équipes de la production ?
« Les équipes de la production comprennent l’équipe programmation. Cette équipe se charge de la location des théâtres, de To΄atā et son esplanade basse, pour les producteurs privés. Depuis peu, la cellule programmation gère également l’intégralité des salles de l’Établissement (cours à l’année, projection, exposition, conférences, ateliers de vacances…). Ensuite, il y a l’équipe en charge des projets culturels qui va s’occuper de toutes les productions maison comme le Heiva i Tahiti, le Hura Tapairu, le Heiva des écoles… »
Concrètement en quoi cela consiste ?
« Il faut organiser les plannings, tenir les réunions avec les artistes, gérer les inscriptions. Pendant les événements, la production est un peu le chef d’orchestre, car on a travaillé en amont, on a aussi assisté aux répétitions. On va faire le lien entre les équipes techniques, la logistique, la sécurité et les artistes pour que tout tourne bien. Il faut être réactif et s’adapter rapidement. À la fin de l’événement, on fait beaucoup de bilans pour toujours s’améliorer. Il faut aussi gérer toute la partie administrative. »
Et la communication ?
« L’équipe va s’occuper de la communication pour promouvoir les spectacles de TFTN, mais également des projets menés par la médiathèque… Nous accompagnons les médias, le jour de l’événement bien sûr mais surtout avant et après l’événement. La mission première de l’Établissement est la large diffusion de notre culture, le lien avec les médias est primordial. Nous établissons des conventions avec les photographes, les télévisions… pour offrir un cadre légal à nos partenaires. Nous nous devons d’être un garant du droit à l’image des spectacles, des artistes notamment. Sur le terrain, une personne de notre service prend les photos des spectacles, les trie, les envoie. Nous gérons aussi les réseaux sociaux. La communication crée également les affiches pour les spectacles, rédige les dossiers et communiqués de presse. Un webmaster s’occupe de la mise à jour du site internet. Une personne s’occupe du marketing pour trouver des partenaires, des sponsors privés… »
Quelles sont les qualités requises ?
« Je pense qu’il faut être très bien organisé, car les événements s’enchainent, il faut déjà prévoir le suivant avant même que celui d’avant soit terminé. Il faut vraiment anticiper, on commence à travailler sur le Heiva i Tahiti dès décembre par exemple. Enfin, il faut aussi un brin de passion et un peu de diplomatie. »
Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer ?
« Trouver le bon équilibre entre le besoin et les envies des producteurs, des artistes et nos ressources humaines et financières, entre ce que l’on veut et peut faire sans épuiser nos équipes, car les événements s’enchainent tout le long de l’année. Nous sommes amenés à travailler avec l’ensemble des services de TFTN, nous sommes un peu au milieu du dispositif, il faut bien connaitre la mission de chacun, les délais à respecter… »
Qu’est-ce qui vous plait dans votre travail ?
« Tout d’abord, le milieu culturel qui m’a toujours passionné. Ce sont en effet des métiers de passion, on y passe beaucoup de temps, notamment les week-ends, on y dépense beaucoup d’énergie, mais la finalité est belle. Quand le Heiva i Tahiti se déroule bien, cela vaut toutes les heures travaillées ! Ensuite la synergie avec les membres de mon équipe. Enfin, l’enrichissement que l’on gagne à côtoyer des artistes polynésiens. »
Justement certains événements vous ont-ils marquée ?
« Le Heiva Ta’urea, car j’aime sa finalité. C’est un projet qui se déroule tout au long de l’année scolaire. Les élèves s’investissent énormément. Certains d’entre eux rencontrent des difficultés scolaires, n’ont pas forcément confiance en eux, mais ils finissent par se trouver et s’investir. C’est toute la beauté de l’événement car je pense qu’il est important que la jeunesse polynésienne en apprenne davantage sur sa culture. J’aime le dicton qui dit : “Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens.“ Et bien évidemment il y a l’incontournable Heiva i Tahiti, je me rappelle encore la prestation de O Tahiti E en 2019, c’était magique. »
Quels sont les projets que vous souhaiteriez développer ?
« On souhaiterait développer la plateforme numérique avec davantage de capsules. En revanche, ceci requiert une certaine expertise et technicité que nous développons encore. Ces capsules sont un excellent moyen de préserver la culture, mais aussi de la diffuser à l’ensemble de la population et au-delà. Enfin, on aimerait développer de manière récurrente des rencontres, des spectacles hors de nos murs, dans des sites comme les jardins du Musée ou dans d’autres lieux naturels et pittoresques et il y en a tant en Polynésie ! »