Hiro’a n°178 – Trésor de Polynésie, Le Diadème

Service du Patrimoine Archivistique Audiovisuel – Te piha faufa’a tupuna

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Rencontre avec Jayson Tuihaa, chef de bureau du DPAMI au Service du patrimoine archivistique et audiovisuel. Sources : Paule Laudon, La Montagne, histoire, nature & randonnées, Au Vent des îles – Texte : ASF – Photos : Fonds d’archives conservés au SPAA.

 

Le Diadème, un bijou au-dessus de Pirae

Le mont Te Tara o Mai΄ao doit son nom occidentalisé à l’explorateur Dumont D’Urville et à sa forme si singulière de diadème. Dominant la plaine de Pirae, ce mont apparait aujourd’hui encore comme un bijou inaccessible.

Au premier plan, à droite, un homme se tient debout avec sur l’épaule un fusil, peut-être un chasseur. À l’arrière-plan, une végétation luxuriante et au loin, le mont Te Tara o Mai΄ao que l’on connait aussi sous le nom de Diadème. Cette carte postale, éditée en 1909 et répertoriée aux Archives, n’est pas la seule à avoir fait de ce mont son personnage principal. Le pic reconnaissable entre tous, une couronne pour les uns, une dent pour les autres, culmine à 1 330 m et fait l’objet de nombreuses photographies et d’illustrations. Son nom apparait même parfois au détour d’un chant traditionnel comme avec le groupe Pape Ora no Papofai qui concourait cette année dans la catégorie Tārava Tahiti au Heiva i Tahiti. Avec son thème «  Vai΄ete te vai o te aroha*  », le groupe nous raconte  ceci  : « Je survolais la passe de Taunoa, et je vis mes montagnes s’ériger au loin  : Te Tara o Mai΄ao, le Diadème et Aora΄i. C’est à ce moment-là qu’une pluie fine tomba et que je poursuivis le long de la verdoyante vallée de Mau΄a Hiti. »

Un gardien protecteur

Son nom tahitien est lié à celui du guerrier Tehana Tohua, qui avait choisi de prendre de la hauteur pour diriger ses troupes, mais aussi surveiller la passe de Taunoa, à Pirae, contre d’éventuels ennemis. Derrière le mont Te Tara o Mai΄ao, tel un gardien protecteur, on aperçoit le mont Aorai (2  066  m). À sa droite les pentes du mont Marau (1 483  m) veillent. C’est d’ailleurs peut-être du haut de ces deux monts qu’on peut le mieux admirer Te Tara o Mai΄ao avec une vue plongeante sur les pics. Car, paradoxalement, si le Diadème est très facile à observer, son ascension est fortement déconseillée, voire impossible comme le souligne Paule Laudon dans son ouvrage La Montagne, histoire, nature & randonnées, aux éditions Au vent des îles. La faute «  aux parois de basalte altéré qui partout se délite. Ce Diadème déchiqueté est un témoin de l’érosion de l’arête entre le Mont Marau et l’Aorai.  » C’est sur ces pentes également que la rivière Fautaua prend vie avant de descendre dans la plaine.

S’il est inenvisageable d’atteindre le sommet, il reste possible de longer le pied du Diadème lors notamment de la traversée Fautaua-Punaru΄u. Le premier récit écrit de cette traversée daterait de 1846, au cours de la guerre de Tahiti. Après la prise du fort de la Fautaua, la troupe pro-française guidée par Mairoto aurait pris la direction du col du Diadème afin de rejoindre le plateau Tamanu et prendre à revers les pro-Anglais. Un épisode décisif dans l’établissement du protectorat français.

D’autres traversées vous amènent également tout près du Diadème, que ce soit celle entre le mont Marau et la Fautaua ou encore la traversée du mont Marau vers la Punaru΄u.

Dans le numéro 46 du Bulletin de la Société des études océaniennes, le pharmacien Lherbier, arrivé à Tahiti en 1928, relate son excursion au pied du Diadème : « L’air est si limpide que nous distinguons les détails des contreforts du Diadème et de la végétation qui escalade les pentes… les trainées d’un vert tendre sont les vallées à fei, les parties plus sombres ce sont les massifs de fougères, les taches jaunes, les touffes de bambous  ; les ilots presque noirs ce sont les orangers et les citronniers. » Du col du Diadème la vue est remarquable. Pas étonnant que le lycée de Pirae porte son nom.

*Vai΄ete source d’amour

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