Hiro’a n°177 – Un visage, des savoirs: Maritini Mohuioho, les graines en héritage

SERVICE DE L’ARTISANAT TRADITIONNEL – PU OHIPA RIMA΄Ī (ART)

Rencontre avec Maritini Mohuioho, artisane. Texte Pauline Stasi – Photos : Pauline Stasi

 

 

collier 2 collier 3 copie collier PXL_20220603_030315418Maritini Tiakaie Mohuioho, dite Tia, est originaire de Ua Pou. La Marquisienne est artisane spécialisée dans la confection de bijoux réalisés à partir de graines, qu’elle cueille sur son île.

 

Avec ses graines de couleur rouge, des beiges, des grises, des blanches, des noires et même des bicolores noire et rouge, le stand de Maritini Tiakaie Mohuioho au salon des Marquises se remarque de loin. Sur la table, l’artisane y présente toute une série de longs colliers d’un demi-mètre confectionnés pour l’événement qui s’est déroulé au Parc Expo à Mama’o du 2 au 12 juin derniers. Venue avec son association Te Veva΄o nui, Maritini Tiakaie Mohuioho épouse Pautu ne rate pas une édition du salon des Marquises où elle est fière de montrer ses pièces au public. Si certains artisans présentent des tiki en pierre fleurie de Ua Pou, des objets en bois ou en coquillage, Tia propose, elle, des colliers confectionnés à partir de graines. Et le choix de fabriquer des bijoux avec des graines est loin d’être le fruit du hasard. « Ma mère faisait déjà des colliers en graines. Quand j’étais adolescente, j’aimais bien la regarder et parfois je l’aidais », confie, un brin émue, l’artisane. C’est ainsi, en observant sa mère, que la jeune fille d’alors en a pris de la graine… Et devenue adulte, elle décide de se mettre à son tour à travailler cet artisanat bien spécifique.

Pour cela, Tia apprend à cueillir les bonnes graines. Chacune a des couleurs, des formes spécifiques. « Les petites rouge et noire s’appellent les pōniu, les rouges, ce sont les pitio, les beiges, les pōhue, les grises, les keoho… Je vais les trouver sur la montagne. Il faut les cueillir en fonction des saisons, quand elles sont bien mûres comme il faut. Je veux qu’elles aient la bonne couleur et la taille voulue », explique l’artisane.

 

De mère en fille

 

Mais une fois les graines récoltées, Tia doit encore les ôter de leurs poches, les laver et bien les faire sécher au soleil, afin qu’elles ne germent pas. Puis, l’artisane les trie. Vient ensuite la phase la plus importante, celle de la confection du collier. « À l’époque de ma mère, c’était difficile, car il fallait percer les graines des deux côtés avec une sorte de morceau de fer. Les graines sont très dures, c’était très long. Pour faire un seul collier, cela pouvait lui prendre plusieurs jours. Maintenant j’utilise une perceuse à mèche, cela va beaucoup plus vite, je peux faire un collier en une demi-heure », détaille-t-elle.

Pour réaliser ses bijoux, Tia va ensuite assembler les graines selon ses inspirations, ses goûts, ses humeurs du jour, créant des colliers de différentes couleurs. « Je suis heureuse de faire mes colliers, je me sens bien quand je les fais, je les trouve beaux, ils perpétuent la tradition », confie Tia qui avoue avoir une autre fierté. « Ma fille a repris le flambeau, elle fait des colliers en graines aussi, c’est important que l’on se transmette cela. »

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Pratique :

Tél. : 40 925 189 ou 87 387 857

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