Hiro’a n°175 – 10 questions à…Tatiana BOTTY

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10 questions à Tatiana Botty, adjointe au chef du département des activités permanentes de Te Fare Tauhiti Nui

« La culture, c’est la vie »

Cheffe de projet culturel, Tatiana Botty est la toute nouvelle adjointe au chef du département des activités permanentes de Te Fare Tauhiti Nui.  Forte d’un background forgé pendant plus de vingt ans dans de nombreux services de l’administration polynésienne, cette passionnée de l’art de vivre polynésien n’aspire qu’à mettre son expérience et son dynamisme au service de la culture et de la population.

Vous venez d’être nommée adjointe au chef du département des activités permanentes de la Maison de la culture.

« J’ai en effet pris mes fonctions à Te Fare Tauhiti Nui le 1er mars dernier. En cette qualité, mon rôle principal est de piloter et animer ce département qui a en charge la médiathèque, la médiation culturelle et les expositions artistiques. »

Pourriez-vous nous dire quelques mots vous concernant ?

«  Fonctionnaire titulaire de l’administration territoriale depuis 1999, j’ai travaillé au sein de différentes directions dont celles relevant des finances. C’est donc un virage à 180° inspiré d’un bilan de compétences mais aussi d’une volonté ancienne d’œuvrer pour le monde culturel. »

Quelles sont les raisons qui ont motivé ce choix ?

«  J’avais envie de découvrir un nouvel environnement de travail et de mettre à profit toutes les compétences acquises au cours de ma carrière, au service de la culture polynésienne et du monde de la culture en général. En effet, la culture a toujours eu une place importante dans ma vie  ; j’adore lire, aller au théâtre, écouter de la musique et aller voir les spectacles du Heiva… La culture, c’est la vie  ! Animée d’un grand sens du service public, je me suis demandée comment je pouvais concilier mon attrait pour la culture avec le travail au quotidien tout en étant au service des autres. »

Comment se déroulent ces débuts ?

«  Tout se passe très bien. Bien sûr, c’est un univers très différent de ce que j’ai pu connaitre jusqu’à présent, mais l’accueil est polynésien, chaleureux et attentionné. D’ailleurs, je voudrais en remercier toute l’équipe de la Maison de la culture. Dans le contexte actuel et à la sortie de la crise sanitaire que nous venons de vivre, je me sens privilégiée parce que l’établissement a repris l’entièreté de ses activités cette année. »

Quelles sont vos premières impressions ?

«  Je vis une réelle immersion dans la culture ! Plus que tout, je mesure l’importance de parler le reo tahiti. Ne dit-on pas qu’  « une langue qui meurt, c’est une vision du monde qui disparaît ». Fruit d’un métissage, je ne parle pas le reo tahiti, je le comprends un peu. L’année dernière, je me suis inscrite à des cours. Il n’y a pas d’âge pour apprendre. J’encourage tout le monde à venir prendre des cours à TFTN avec Maxime Hunter qui partage sa passion avec bienveillance et patience. »

Quelle sera votre ligne de conduite ?

« Je suis là pour m’inscrire dans la continuité de ce qui a été mené jusqu’à présent. Toutes les personnes qui ont œuvré à TFTN ont fait un travail remarquable. C’est le travail de toute une équipe, celle d’hier, celle d’aujourd’hui et celle de demain. J’aime beaucoup l’adage qui dit  : « Seul, on va vite, mais ensemble, on va plus loin. » Je ne suis pas du sérail alors je ferai mon travail avec beaucoup d’humilité en favorisant la coopération, la co-construction et les partenariats. »

Certaines thématiques vous tiennent-elles plus à cœur ?

« À mon sens, la culture joue et doit jouer un vrai rôle dans la société. Mon rôle est d’appuyer toutes les actions qui soutiennent la culture mais j’aurai tendance à promouvoir davantage la lecture et l’écriture. Elles permettent de valoriser la notion de transmission aux générations futures qui peuvent puiser dans les livres des savoirs, des histoires, des légendes, des traditions, etc. Mary Walworth, directrice de recherche en linguistique comparée océanienne au Max Planck Institute a dit récemment lors de son bref passage en Polynésie : « Si une langue n’est pas bien documentée, c’est une catastrophe. » Il s’agirait entre autres de s’inscrire dans la mouvance de la revue Littéramā’ohi créée pour promouvoir la littérature autochtone de la Polynésie française. »

 

 Souhaitez-vous développer certains ateliers ?

« De nouveaux ateliers sont régulièrement proposés afin de diversifier l’offre. Pour les années à venir et face à la numérisation, il serait intéressant d’axer certains ateliers davantage sur les relations humaines, et la culture de manière générale en est un merveilleux facteur. À cet égard, l’établissement souhaite multiplier les ateliers d’immersion afin de continuer à susciter et à soutenir les initiatives concourant au développement des connaissances culturelles polynésiennes et à la promotion des valeurs polynésiennes de partage, d’entraide, de bienveillance et d’empathie que nous avons la responsabilité de faire perdurer. Il s’agit de maintenir l’humain au cœur même de la culture. »

Qu’en est-il des expositions ?

« TFTN permet chaque année à de nombreux artistes d’exposer leurs œuvres. Planifiées plusieurs mois à l’avance, celles de 2022 sont déjà bouclées et le programme est dense. Pour 2023, l’équipe souhaiterait sortir des sentiers battus avec des expositions d’initiative afin d’aborder des thèmes qui ne le sont pas forcément par les artistes. Et aussi capter de nouveaux publics, en particulier les jeunes parce qu’ils sont l’avenir et se construisent au présent. Nous réfléchissons également à rendre le visiteur plus actif avec, pourquoi pas, des interactions participatives et numériques par exemple. »

 

Pour conclure, y a-t-il un ou des challenges à relever ?

«  La danse polynésienne, le va΄a ont su prendre une place très importante dans la société polynésienne. Si j’avais un challenge à relever, ce serait d’amener la population à s’intéresser aux autres pans de la culture polynésienne et de développer des partenariats dans ce sens car la culture polynésienne est forte d’une richesse multiple (l’artisanat, les chants, la littérature, le sport, la nature, la gastronomie, etc.). L’idée serait d’organiser de nouveaux événements visant à contribuer au rayonnement de la culture polynésienne dans toute sa diversité tout en favorisant l’ouverture à la culture dans toutes ses dimensions. »

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