Hiro’a n°174 – Le saviez-vous ? : Centre des Métiers d’Art
Centre des Métiers d’Art (CMA) – Pu ha΄api΄ira΄a toro΄a rima΄i
RENCONTRE AVEC VIRI TAIMANA, DIRECTEUR DU CENTRE DES MÉTIERS D’ART ET KEANU HIKUTINI, ÉLÈVE AU CENTRE DES MÉTIERS D’ART. TEXTE ET PHOTOS : DB
L’art au service de l’environnement
Le Centre des métiers d’art mène, en partenariat avec l’Institut des récifs coralliens du Pacifique, un projet intitulé : « Corail ou comment comprendre le dérèglement climatique en observant les récifs coralliens ». Les élèves sont au travail. Une exposition est prévue au Fare Natura à Moorea en mars 2023.
Rendre la recherche accessible grâce à l’art, tel est le projet que le Centre des métiers d’art (CMA) conduit actuellement en partenariat avec l’Institut des récifs coralliens du Pacifique (IRCP). « L’idée, explique Viri Taimana, le directeur du CMA, est de toucher un public le plus large possible pour le sensibiliser au corail, aux récifs et aux menaces, qui pèsent sur lui avec le réchauffement climatique ».
Serge Planes du Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe) et directeur de l’IRCP à Moorea, s’est déplacé au mois de février au CMA. Il a présenté « cet animal qu’est le corail et son habitat naturel aux élèves qui le connaissent peu, ou pas du tout ». Le chercheur a décrit l’intérêt d’étudier l’écosystème alors que la température monte tout autour, sur terre et en mer, d’autres scientifiques interviendront auprès des élèves et pour mettre tout le monde dans le bain, les élèves et les enseignants du CMAPf sont allés à la rencontre des scientifiques au Criobe et ensuite visiter l’éco-musée à Moorea avant de se lancer dans une phase d’expérimentation artistique. La première restitution est prévue pour le 25 mars dans la salle d’exposition du CMAPf.
Tous les élèves du CMA participent au projet. Les élèves de dernière année vont s’appuyer sur ce projet dans la perspective de leur diplôme. Ceux qui intégreront le Centre lors de la prochaine rentrée scolaire en août rejoindront l’aventure.
Tous les médiums sont possibles : la peinture, la sculpture, les arts numériques… En plus de concevoir une œuvre, les élèves doivent rédiger un texte sur leur problématique, construire leur propos en vue de la parution d’un catalogue. Une exposition à l’écomusée Te Fare Natura à Moorea est également prévue en mars 2023.
Keanu Hikutini, élève en dernière année de sculpture, a choisi la peinture. « C’est pour moi ce qu’il y a de plus simple pour m’exprimer ». Il est parti du constat que l’homme était en train de s’autodétruire et que, sans prise de conscience, rien ne pourrait être sauvé. « Mais mon travail a pris une autre tournure. En réalité, la solution est en nous, il faudrait sans doute que l’homme disparaisse, alors la nature pourrait reprendre ses droits. » Keanu Hikutini s’est inspiré, pour réaliser une première toile, du travail de l’Australien Jason DeCaire Taylor, fervent défenseur de l’environnement. Cet artiste immerge ses sculptures. Là, le récif prend le dessus et « une évolution silencieuse s’opère ».
Au CMA, en attendant le rendez-vous avec le public, les élèves avancent à leur rythme. Ils sont accompagnés dans leur démarche par l’équipe des professeurs. Keanu Hikutini a présenté sa première toile et son approche. Il est encouragé à poursuivre et à réaliser une série de toiles.