Hiro’a n°169 – La culture bouge : Le chant comme cadeau de Noël
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La culture bouge – Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau
Le chant comme cadeau de Noël
Rencontre avec Peterson Cowan, professeur de chant lyrique et Bruno Demougeot, chef de chœur des Jeunes talents – Te Fare Upa Ra u (CAPF) et Frédéric Cibard, chargé de communication au Conservatoire artistique de Polynésie française. Texte : Valentine Livine – Photos : CAPf/21
Pour la seconde année consécutive, le Conservatoire artistique de Polynésie française présente son concert de Noël. Plus qu’un rendez-vous musical, ce concert est un cadeau à tous les Polynésiens puisqu’il sera offert aux enfants des quartiers en difficulté de Papeete et diffusé à la télévision le soir de Noël.
Retrouvons les grands classiques de Noël interprétés par les jeunes talents des deux chorales du Te Fare Upa Rau le 4 décembre au Grand théâtre de la Maison de la culture, ou le 25 au soir sur nos écrans de télévision. Le Conservatoire souhaite réunir la population et apporter du bonheur aux gens en cette période actuelle, si particulière. Autour de chants lyriques sous la houlette de Peterson Cowan, et de classiques façon jazzy sous la direction de Bruno Demougeot, les élèves du Conservatoire vont nous régaler.
Deux chœurs de chanteurs d’un style bien différent rassemblés autour de l’esprit de Noël et de l’amour de la musique. Ils seront accompagnés de danseurs de haut niveau des classes de ΄ori tahiti, ainsi que de musiciens des sections traditionnelle et classique… et d’une formation originale, un chœur de 70 jeunes chanteurs soutenu par le petit orchestre à cordes de l’établissement !
Peterson Cowan, chef d’orchestre du projet
Après une riche carrière en métropole, Peterson Cowan revient au fenua pour enseigner le chant lyrique au Te Fare Upa Rau. Le concert de Noël, il en a rapidement une idée précise qu’il partage avec l’équipe. L’idée séduit, chacun se projetant aisément dans la vision « petersonienne » de l’événement ! L’homme a pris la direction artistique du projet avec la douceur, l’humour et le professionnalisme qui le caractérisent. « L’important pour moi est l’émotion que nous allons véhiculer, l’émotion qui va rester dans le cœur des gens. C’est ce qui reste après, ce qu’on va laisser, qui est essentiel. J’ai la vision globale, la trame du spectacle dans mon cœur et dans ma tête. Je suis ravi que mes collègues y adhèrent. Après cette année difficile où certaines familles ont payé un lourd tribut à la Covid, nous voulons offrir un beau moment d’émotions et fédérer en partageant la joie, l’amour et l’espoir que représente Noël. »
Hīmene tārava, percussions et chœur lyrique
La promesse d’un mariage subtil et puissant des genres interpelle. Pour Peterson, qui est déjà en répétition avec le chœur lyrique et qui orchestre le spectacle, tout est clair : « Les hīmene tārava seront les violons dans un de nos tableaux. Ils seront rejoints par les percussions et le chœur sacré. Nous allons interpréter l’Ave Maria, Minuit Chrétien et d’autres cantiques classiques, toujours en mariant les genres pour obtenir un résultat puissant en émotion. Nous aurons de la flûte traversière alliée au piano, au vivo et à la voix. » L’essentiel pour Peterson est la qualité plutôt que la quantité. « La chorale d’enfants va ouvrir le bal, accompagnée de violons et violoncelles. Les enfants vont signer leur chant en LSF (Langue des signes française), avant que des pū traditionnels viennent nous faire frissonner. Entre chaque tableau, nous aurons un spectacle vivant façon Jamel Comedy Club grâce à la section Théâtre qui nous prêtera main-forte. Laissez-vous porter par la curiosité pour ce concert de Noël. »
Des chants en tahitien, français et anglais
Peterson Cowan dirige le chœur lyrique, soit une vingtaine de chanteurs dont quatre enfants, Bruno Demougeot est le chef de chœur des Jeunes talents. Ensemble, ils partageront la scène du Grand théâtre, le 4 décembre, lors de ce concert magique. Chaque chœur disposera d’une vingtaine de minutes pour nous enchanter avant de se retrouver dans un medley final. Le registre de Peterson est la musique classique, celui de Bruno, le jazz. Les deux professeurs se retrouvent autour d’une idée simple et universelle : « La musique reste la musique. Elle fédère et procure de l’émotion, quel que soit son style. »
Bruno Demougeot a choisi de revisiter les grands classiques de Noël façon jazzy. « Nous allons adapter des chants immédiatement associés à l’esprit de Noël, à la fête, au partage et à la joie. Nous chanterons en français, anglais et tahitien. Certaines chansons seront colorées d’accents de jazz, d’autres non. Ce sera la surprise pour le public qui, de toute façon, pourra chanter avec nous ! »
Sur scène, des quatuors, des duos, des solistes, des chœurs entiers, des danseurs, des musiciens. Les élèves du Conservatoire travaillent d’arrache-pied depuis septembre pour nous offrir un spectacle réconfortant et de qualité. Pour Bruno Demougeot : « Il y a le temps du travail et le temps du plaisir. Avant de monter sur scène, j’invite mes élèves à tout lâcher, à tout donner. Le mot d’ordre est ‘éclatez-vous’. La scène, c’est la récompense, le plaisir ultime. On vous donne rendez-vous le 4 décembre prochain en en direct, (et) ou le 25 au soir sur TNTV. » ◆
PRATIQUE
Concert de Noël du Te Fare Upa Rau
• Le 4 décembre au Grand théâtre de la Maison de la culture
• Événement gratuit, billets disponibles au Guichet unique ou sur le site de la Maison de la culture à partir de mi-novembre.
Renseignements :
• CAPF : www.conservatoire.pf ou au 40 501 414
• www.maisondelaculture.pf
• www.maisondelaculture.pf ou au 40 544 544
(((Encadré 1)))))
Appel aux candidatures
Bruno Demougeot a besoin de voix masculines ! « Je n’ai que quatre garçons dans mes rangs donc je lance un appel aux jeunes chanteurs : venez essayer la chorale avec nous et renforcer notre vivier de jeunes talents. On s’amuse, on chante, on travaille dur, mais on a la musique en nous, dans nos cœurs. »
Pour Peterson Cowan, la problématique est différente : « Sur la vingtaine de chanteurs composant le chœur lyrique, nous avons quatre enfants. Quelle chance et en même temps, nous avons besoin d’une relève. À tous les jeunes : laissez-vous porter par la curiosité. Venez essayer le chant sacré. Si cela touche votre âme, parfait. Si cela ne vous séduit pas plus que ça, vous aurez au moins assouvi votre curiosité ! »
((((Encadré 2)))))
Le boom du chœur des Jeunes talents
L’an pass., le Conservatoire artistique de la Polynésie française a ouvert une nouvelle section : le chœur des Jeunes talents. Bruno Demougeot s’en voit proposer la direction et accepte avec un immense plaisir. Au départ, ils sont douze adolescents de 11 à 16 ans à intégrer la classe. Ensemble, ils chantent à la première édition du concert de Noël qui se déroule dans l’enceinte du Te Fare Upa Rau. La chorale fait vite parler d’elle tant les jeunes qu’elle accueille sont talentueux. Les douze chanteurs ont un programme chargé, dont La Marseillaise chantée devant le président de la République et, en un an, la chorale acquiert une belle réputation. Aujourd’hui, l’effectif a doublé ! Pas moins de vingt-sept adolescents sont guidés avec minutie, professionnalisme et passion par Bruno Demougeot.
((((Encadré 3)))))
Un concert de solidarité
Le concert de Noël 2021 du Conservatoire artistique s’inscrit dans une dynamique de soutien aux enfants des quartiers de la zone urbaine, mais également, aux artistes polynésiens qui ont beaucoup souffert suite aux différentes périodes de confinement. Le partenariat des équipes de la Maison de la culture permet la réalisation de ces moments de partage.
((((Encadré 4)))))
Bruno Demougeot, chef du chœur des Jeunes talents
« Je suis venu à l’enseignement sur le tard, mais la musique, elle, m’a trouvé très tôt puisqu’à huit ans, je dirigeais déjà une chorale. J’ai toujours été musicien et chanteur : piano, guitare, basse, batterie… Je suis aussi ingénieur du son et chanteur dans un groupe de jazz (Coconut Jazz). Dans mon ancienne vie, j’étais commercial. Et puis un jour, j’ai voulu vivre de ma passion et me retrouver complètement, donner plus de sens. Avant d’enseigner, j’avais besoin de me sentir légitime. Malgré mon parcours musical et artistique, je doutais de moi et, comme je suis un perfectionniste dans le travail, je voulais m’assurer de maitriser à 100 % avant de former d’autres personnes. J’ai passé un diplôme en section Jazz, ici même au Conservatoire. Les mentions « Très Bien » obtenues m’ont conforté dans mon changement de vie et m’ont apporté les connaissances qui me manquaient. J’ai d’abord enseigné dans une école privée avant d’intégrer l’équipe de professeurs du Te Fare Upa Rau il y a cinq ans. Enseigner, c’est sacré. Je sens au plus profond de moi que j’ai une mission : celle de transmettre l’amour de la musique, d’encourager des passions et de susciter des vocations. Oui, on peut vivre de l’art, de la musique, on peut en faire un métier. »
Peterson Cowan, chef du chœur lyrique
« Le chant lyrique, j’y suis venu tardivement. J’avais vingt-quatre ans lorsque, en l’espace de trois mois, j’ai perdu mes parents l’un après l’autre. Orphelin, je me suis questionné sur qui j’étais, qui je voulais être. J’ai lâché la voie de l’informatique pour la voix. Le chant m’a sauvé. Il a été une bouée . laquelle je me suis accroché et il est le sens de ma vie. Je sais que je suis ici sur Terre pour enseigner le chant, le partager. C’est ce qui vibre juste et vrai en moi. C’est merveilleux le professorat. Enseigner a fait de moi une meilleure personne aussi. Quand on enseigne, on doit regarder en soi pour trouver les moyens de communiquer, on se remet en question, on apprend beaucoup sur soi et sur les autres. L’expérience qui m’a le plus transcendé a été avec des jeunes porteurs de handicaps, car cela a été une guérison mutuelle autour du chant. Après vingt-huit ans loin du fenua, je suis de retour et tellement heureux d’être là ! J’ai été contacté en février 2021 pour reprendre le flambeau de la chorale sacrée du Conservatoire. C’était totalement inattendu dans ma vie, je n’y avais absolument pas songé. Après une carrière riche, je me demandais quel serait mon prochain challenge, la direction à prendre. La réponse est venue sous la forme de cette proposition. Attentif aux signes ou messages de l’Univers, de Dieu ou quel que soit le nom que chacun lui donne, j’ai rapidement accepté et me suis organisé pour me faire remplacer dans les différents postes que j’occupais. Je me suis gardé le concert du 27 août avec un prestigieux chef d’orchestre, comme un puissant adieu à cette page de ma vie. »
((((Légende))))
Peterson Cowan sur scène, l’endroit où l’émotion passe et où le bonheur se partage.
La chorale, vivier de jeunes artistes, a doublé ses effectifs en un an.
Concert de Noël du Conservatoire 2020.