Hiro’a n°169 – La culture bouge : Hui Heiva : Quand les chefs se racontent
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La culture bouge – Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tauhiti Nui
Hui Heiva : Quand les chefs se racontent
Entretien avec Marae Lo Wing, chargée de production et régisseuse à la Maison de la Culture et avec Moana’ura Tehei’ura qui a mené les interviews. Texte : MO – Photos TFTN .
La plateforme numérique de la Maison de la culture va s’enrichir de nouvelles rencontres avec les chefs de groupe de chant et de danse. Un moment de partage autour de notre culture orchestré par Moana’ura Tehei’ura.
Le projet date déjà de l’année dernière, à la suite de l’hommage rendu à Coco Hotahota. « Lors de cette soirée, plusieurs extraits vidéo d’interviews ont été projetés. Cela nous a donné l’idée de collecter les témoignages des chefs de groupe, tant des groupes de danse que des pupu hīmene et des orchestres », explique Marae Lo Wing. Le but de cette collecte est évidemment un travail de mémoire. « Il nous a paru primordial de garder une trace de toutes ces personnes, des plus âgées, mais aussi de celles d’aujourd’hui et qui ont tant de choses à partager. » Ainsi, près d’une cinquantaine de chefs de groupe ont pu évoquer leur expérience et surtout leur vision, du Heiva en particulier, mais aussi et surtout de la culture polynésienne en général, son passé et son avenir. « Les témoignages sont vraiment touchants, comme lorsque Pierrot Faraire s’adresse à la jeune génération », décrit Marae Lo Wing.
Quelques vidéos sont à la disposition du public sur la plateforme de la Maison de la culture, dans l’onglet . Culture chez vous/Hui Heiva », qui seront bientôt suivies de nouvelles : « Il y a un gros travail, notamment de traduction car la plupart des entretiens sont en reo tahiti. » Patience, donc, avant de retrouver, pour longtemps, les propos de ceux qui ont été et sont encore les gardiens de la culture polynésienne. ◆
PRATIQUE
• Retrouvez l’ensemble des Hui Heiva sur la plateforme numérique de la Maison de la culture – Culture chez vous, à l’adresse suivante : www.maisondelaculture.pf/culture-chez-vous-hui-heiva/
(((((Encadré))))
Moana’ura Tehei’ura : « Il y avait comme une volonté de protéger une culture »
Comment avez-vous vécu ces interviews ?
C’était un réel privilège de pouvoir passer un moment avec toutes ces personnalités du ‘ori tahiti et du hīmene. En réalité, il ne s’agissait pas d’interviews mais plutôt de rencontres : nous avons pris le temps de naviguer à travers les parcours de chacun et des paroles ont été déposées à l’attention de ceux de demain.
En quoi ce projet de mémoire vous paraît-il important ?
À travers ce travail de mémoire, nous ancrons les couleurs du présent dans le temps. Nous délivrons une parole autochtone d’aujourd’hui pour que ceux de demain possèdent des repères pour naviguer sur notre terre. Certains n’ont malheureusement pas pu être présents pour diverses raisons, d’autres ne souhaitent pas que leurs entretiens soient diffusés pour le moment. C’est dommage, mais c’est tout aussi respectable. Il est important de souligner que ce projet a aussi donné la parole à ceux que l’on n’entend pas souvent. On a donné la parole à ceux qu’on a oubliés mais qui sont encore là. Et depuis la réalisation de ces rencontres, certains nous ont quittés et nous conservons ces précieux moments comme des trésors.
Que faut-il retenir ou y a-t-il un message commun qui ressort de l’ensemble de ces entrevues ?
Il y a une volonté commune de protéger une culture. Cela prouve bien que le sentiment général qui se dégage est une culture en danger dans un contexte de mondialisation. Les inquiétudes se dessinent alors face notamment à nos langues qui se pratiquent de moins en moins. Se dresse en revanche un sentiment collectif : l’amour de notre pays – comme un espoir, une fierté.
Légendes
Pascal Mauahiti, chef du groupe de danse O Faa’a.
Teio Rapae, chef du groupe Te pare ‘O Tahiti Aea.