Hiro’a n°166 – Le saviez-vous ? La licence dans les métiers d’art se prépare au CMA
Le saviez-vous ?
Centre des Métiers d’Art (CMA) – Pu ha΄api΄ira΄a toro΄a rima΄i
Rencontre avec Viri Taimana, directeur du Centre des métiers d’art, et Jean Borel, inspecteur de l’Éducation nationale option métiers d’art. Texte : Lucie Rabréaud. Photos : Présidence
La licence dans les métiers d’art se prépare au CMA
Le Centre des métiers d’art a pour objectif de proposer bientôt un diplôme dans les métiers d’art et du design de niveau Bac +3. Une première mission d’évaluation des diplômes existant a été menée par Jean Borel, inspecteur de l’Éducation nationale, en juin dernier.
Jean Borel, inspecteur de l’Éducation nationale option métiers d’art, était présent en Polynésie française à la fin du mois de juin pour une mission d’évaluation de la mise en œuvre du certificat polynésien des métiers d’art (CPMA) et du brevet polynésien des métiers d’art (BPMA). Le Centre des métiers d’art dispense, depuis 2016, deux types de formations menant au CPMA équivalent à un CAP, et au BPMA équivalent à un baccalauréat professionnel. En 2019, ces deux diplômes, adaptés aux spécificités polynésiennes, ont été reconnus et inscrits au répertoire national des certifications professionnelles. Co-rédacteur des référentiels pédagogiques de ces diplômes, Jean Borel est venu en Polynésie française pour établir, cinq ans plus tard, le bilan de leur mise en œuvre. À l’heure de notre bouclage, son rapport était attendu dans « les meilleurs délais ». Il doit également y présenter des recommandations pour améliorer les aspects pédagogiques et organisationnels de ces formations.
Prochaine mission en octobre
Cette mission d’évaluation est une étape dans la mise en place d’un diplôme de niveau Bac +3 : le diplôme national des métiers d’art et du design (DN Made). Ce diplôme est proposé au niveau national depuis la rentrée 2018. Le rendre accessible en Polynésie française permettrait de disposer d’un véritable parcours de formation dans les métiers d’art et les arts plastiques du CAP à la licence. Des discussions sont actuellement en cours entre le Centre des métiers d’art, l’université de la Polynésie française et la Direction générale de la création artistique à Paris sur la possibilité de proposer ce diplôme aux étudiants du fenua. Une nouvelle mission est attendue du 17 au 23 octobre avec l’inspectrice générale Brigitte Flamand.
Lors de sa venue, Jean Borel a présidé le jury du « Parau Tu΄ite Hanahana », titre qui vient récompenser le travail d’excellence réalisé par les étudiants du Centre et reconnaitre les compétences acquises à travers la compréhension du patrimoine polynésien et océanien dans les domaines de la gravure, de la sculpture, de la peinture ou des arts numériques. Il a pu constater « le très bon (voire excellent, pour les meilleures réalisations, exceptionnel même, pour l’une d’entre elles) niveau de maitrise technique de la plupart des candidats ».
———————————————————–
ENCADRÉ :
« L’implication de tous et une grande exigence »
Jean Borel, inspecteur de l’Éducation nationale option métiers d’art
Quel était l’objectif de votre mission au Centre des métiers d’art ?
Le but de la mission est d’évaluer, au regard des objectifs qui ont dirigé la rédaction des diplômes, la mise en œuvre des formations préparant au certificat polynésien des métiers d’art (CPMA) et au brevet polynésien des métiers d’art (BPMA) proposées par le Centre des métiers d’art. Elle intervient quatre années après leur installation. Elle est le prolongement d’une précédente mission menée en juillet 2016, conjointement avec madame Régine Bernad, également inspectrice design et métiers d’art, qui a conduit à l’écriture des deux diplômes.
Qu’est-ce qui vous a marqué au Centre des métiers d’art et plus généralement dans votre séjour à Tahiti ?
L’implication de tous et une grande exigence. J’étais présent pendant la phase de finalisation de leurs projets par les élèves, le contexte se prêtait donc particulièrement à ce constat. Plus généralement, concernant mon séjour, et au-delà du simple bonheur d’être en Polynésie qui s’est illustré par l’accueil qui m’a été réservé, les multiples rencontres occasionnées par ma mission ont confirmé la variété et l’immense richesse des métiers d’art. Par ailleurs, être en contact avec la réalité et les expériences de terrain, dans un contexte créatif à forte personnalité, est toujours un grand privilège.
Qu’avez-vous pensé des créations et du niveau des élèves du CMA ?
Les réalisations présentées cette année à la certification témoignent d’un très bon (voire excellent, pour les meilleurs réalisations, exceptionnel même, pour l’une d’entre elles) niveau de maitrise technique pour la plupart des candidats. Il existe bien sûr des différences suivant les diplômes préparés ou les parcours personnels des élèves. Bois, nacre, tissu, corde, papier, résine d’imprimante 3D… les matériaux utilisés sont nombreux et enrichissent le cadre des matériaux traditionnels. L’éventail des domaines de recherche est large, allant de réalisations de sculpture et de peinture clairement situées dans le domaine des arts visuels, à des dépassements du métier d’art d’origine de l’élève vers le design d’objet, le stylisme ou le numérique, en passant par la réinterprétation d’objets traditionnels.
Peut-on avoir une idée du niveau du Centre des métiers d’art en comparaison avec les écoles du même genre en France ?
Il faut se méfier de ce type de comparaisons. Chacune de ces écoles a sa spécificité, qui dépend des métiers d’art préparés, de sa localisation et de son histoire. Ainsi n’y a-t-il pas d’équivalent au Centre des métiers d’art qui affirme l’identité culturelle polynésienne. S’il forme à des métiers traditionnels avec une volonté forte de préservation du patrimoine, il a aussi la volonté d’entrer dans une dynamique contemporaine.