Hiro’a n°165 – La Cutlure bouge : Les troupes retrouvent le chemin du marae ´Arahurahu
Rencontre avec Frederic Cibard, chargé de la communication au Conservatoire de la Polynésie française, Tiare Trompette chef de groupe de Hei Tahiti, Martin Coeroli de Tamariki Poerani et Mike Teissier, du groupe de chants Reo Papara. Texte : Vaea DEPLAT / Photos : Christian Durocher/CA PF
Cette année, le marae ‘Arahurahu de Pā’ea accueillera six groupes de chants et six groupes de danse traditionnelle, dans le cadre du Festival Tahiti ti’a mai. Ce format exceptionnel rythmera les samedis et dimanches du mois de juillet et sera une belle opportunité de vivre
le mot d’ordre de ces festivités qui remplacent le Heiva cette année : l’union et le partage.
Chaque année depuis 2014, le Conservatoire artistique de la Polynésie française a l’habitude de produire, à la demande de la Maison de la culture, un groupe de danse lors des festivités de juillet sur le marae ‘ Arahurahu de Pā’ea, dans une mission de valorisation de la culture et des arts traditionnels. Ce groupe est souvent celui qui a remporté au Heiva, l’année précédente, la catégorie Hura Tau, dite professionnelle. Le tout premier fut O Tahiti E, et dernièrement en 2020, Tere Ori. Cette année, le ministère a sollicité le CAPF pour participer à son effort de solidarité vis-à-vis de la culture à travers le festival Tahiti ti’a mai, plan de soutien au spectacle vivant polynésien.
Produire douze groupes : un beau défi pour le CAPF
Cette année marque un tournant : non seulement douze groupes se partageront l’affiche et les dates de représentations mais les groupes de chants feront également partie de la programmation. Nonahere, Tamariki Poerani, Tere Ori, Temaeva, Hei Tahiti, Manahau Tahiti pour la danse ; Reo Papara, Tamari’i Tuhaa Pae no Mahina, Tamanui Apato’a no Papara, Tamari’i Rapa no Tahiti, Tamari’i Outu’ai’ai et Tiare Tarona pour le chant. « Parmi ces douze formations, onze groupes ne se sont jamais produits sur un site tel que celui du marae, c’est donc une grande première. Une consécration également pour eux. Chaque troupe doit adaptersa formation pour coller à la configuration spécifique du lieu. Ce mois de juillet sera un grand moment, d’autant que le public aspire à voir des spectacles hors de To’atā », explique le Conservatoire.
Le festival, un espace de dialogue
Si ces groupes se sont produits sur la scène mythique de To’atā durant l’ensemble de ce Festival, ils déclineront leurs prestations autrement qu’à To’atā. « Le marae représente un environnement libre des contraintes réglementaires habituelles du Heiva. Nous aurons donc un rapport différent à la création de nos chorégraphies et dans l’expression artistique », confirme Tiare Trompette, fondatrice de Hei Tahiti, « cette année marque un lâcher-prise par rapport au Heiva, cela nous permet de nous ressourcer, de retrouver des repères, et prendre plaisir à se renouveler. Ce festival sera assurément plus festif, plus convivial, plus détendu. » Pour preuve, un échange culturel a même eu lieu en juin dernier entre Hei Tahiti et Nonahere, un moment assez exceptionnel pour les artistes des deux formations. Tiare Trompette espère que l’initiative du festival pourra être renouvelée dans les années à venir.
Des spectacles adaptés au marae : l’occasion de rétrospectives
Pour cette édition tout à fait inédite, les groupes sont libres de leur thème : certains vont saisir la possibilité de présenter une rétrospective lorsque d’autres choisiront d’innover. Pour Mike Teisser, meneur du groupe de chants Reo Papara, « on ne change pas notre ligne de conduite avec notre pari pari fenua qui nous fera survoler tout Papara, de Mou’a Tamaiti à Taharu’u jusqu’au Teiti Ha’a, à l’aide d’un medley de tous nos tārava depuis 2015. Réutiliser, faire revivre ces chants, cela nous permet de les sauvegarder dans la mémoire collective et d’éviter qu’ils tombent dans l’oubli. »
La troupe Tamariki Poerani, quant à elle, proposera un spectacle sur le basculement du temps déjà présenté au Heiva en 2014 mais adapté au lieu, selon Martin Coeroli. Avec le thème « Tahi ka tu », « Unis, levons-nous », la troupe offre un bel écho au thème « Tahiti ti’a mai », Tahiti relève-toi. « Cette année, cent trois personnes interprèteront ce thème annonçant les prémices d’un changement d’organisation sociale, adressant un message d’unité pour se relever de la crise actuelle. La musique et les costumes nous ramèneront aux débuts du ‘ori tahiti des années 1950 à 1970. Ce bond en arrière nous permettra d’aller chercher dans le passé une forme d’authenticité. » La troupe s’est déjà produite sur le marae en 2016, sur le thème « Honoipo », un mariage princier traditionnel. « C’est totalement différent de vivre la magie du lieu, sans lumière, sans sono. Le marae devient lui-même un personnage du spectacle. »
Chaque week-end de juillet, le marae ouvre tous les après-midis avec le chant puis la danse. Avant les représentations, le public pourra apprécier sur le site des animations musicales, des expositions d’artisanat, un stand de produits locaux ainsi que des tableaux vivants. Ainsi les visiteurs pourront réaliser de belles photos avec l’ensemble des artistes de scène qui joueront le jeu. La jauge est toujours maintenue à 50 % des capacités du site, soit 500 à 550 places au moment où l’on met sous presse.
Bon festival ! ‘A Heiva ana’e tātou ! ◆
Pratique
Festival Tahiti ti’a mai
Prestations sur le marae ‘ Arahurahu Pā’ea du 17 juillet au 1er août, à 15h45
• Tarif : 2 000 Fcfp
• Billetterie au Conservatoire et sur place, 1 heure avant le spectacle
• Renseignements : 40 501 414
Programme
Samedi 17 juillet
• Nonahere
• Reo Papara
Dimanche 18 juillet
• Tamariki Poerani
• Tamari’i Tuhaa Pae no Mahina
Samedi 24 juillet
• Tere Ori
• Tamanui Apato’a no Papara
Dimanche 25 juillet
• Temaeva
• Tamari’i Rapa no Tahiti
Samedi 31 juillet
• Hei Tahiti
• Tiare Tarona
Dimanche 1er août
• Manahau Tahiti
• Tamari’i Outu’ai’ai
Légende
En juillet 2019, la troupe Ori i Tahiti dirigée par Teraurii Piritua présentait le spectacle « Ai’a », sur le marae ‘ Arahurahu.