Hiro’a n°162 – L’oeuvre du mois : Les Kàtina fa´ e revisités par Patricia Bonnet

L’œuvre du mois  

Musée de Tahiti et des îles (MTI) – Fare Manaha 

Rencontre avec Patricia Bonnet, artiste. Texte : Vaea Deplat – Photos : V. D., Patricia Bonnet 

Les Kàtina fa´ e revisités par Patricia Bonnet 

Alors que l’exposition-fleuve « Fa΄aiho, ta΄u tufa΄a, regards d’artistes contemporains » prend fin le 25  avril prochain après six mois de présentation au grand public, le Musée de Tahiti et des îles lance des visites guidées menées par les artistes eux-mêmes ainsi que des ateliers de pratiques artistiques. Plongez dans l’univers de la peintre Patricia Bonnet, qui participe à cette médiation culturelle durant ce temps de clôture de l’événement. 

Née en Polynésie en 1970 et peintre depuis vingt ans, Patricia Bonnet nous dévoile l’origine de sa participation à l’exposition «Fa΄aiho, ta΄u tufa΄a, regards d’artistes contemporains»  : «  Mon inspiration prend source dans le souvenir et le ressenti de mes nombreuses visites au Musée, tout particulièrement pour l’exposition «Tiki» organisée en 2016-2017 que je suis allée admirer deux fois. » À cette occasion, Patricia Bonnet est fortement impressionnée par les poteaux funéraires marquisiens, Kàtina fa΄e, kànina ha΄e. Des piliers sculptés intégrés à la façade d’une maison tapu, probablement à fonction funéraire, dans laquelle étaient exposées les dépouilles de personnes de haut rang. Le tiki de la maison funéraire de la princesse marquisienne Vaehoka΄ate΄ui l’a particulièrement émue. «  J’ai été scotchée, emportée, quelque chose m’a prise, ça dégageait quelque chose de fort. Par sa forme allongée et légère, ce tiki me semble suspendu dans l’espace et dans le temps. Il me donne une impression de puissance et d’enracinement dans le sol. L’anthropomorphisme qui caractérise ces objets véhicule croyances et idées. Le mana est très présent. » 

Cinquième expo au Musée  

Cette rencontre puissante avec ces poteaux funéraires marquisiens a fait naitre quelques années plus tard une huile monumentale sur toile de 396 cm x 145 cm (h), sélectionnée par le commissariat d’exposition du Musée de Tahiti et des îles pour cette expositiondialogue entre art contemporain et collections patrimoniales du Musée. Contrairement à certains des vingtdeux exposants, l’artiste n’en est pas à sa première au Musée de Tahiti et de îles puisqu’elle y a déjà présenté son art pas moins de cinq fois  : happening sur le thème des orangers de la Punaru΄u (2006), «  Tabu  » (2007), «  Mana  » (2008), «  Le jardin des délices » (2009), « Lien culturels d’Océanie – Festival Tapa » (2014). Pour cette œuvre-maîtresse, une des plus grandes de l’exposition, Patricia a travaillé avec des spatules plates, en y appliquant de la peinture et en la raclant ensuite sur la toile pour obtenir ces dessins. C’est cette même technique qu’elle utilisera lors des ateliers adultes et enfants. «  Les formes grises représentent pour moi la culture polynésienne balayée par la religion. Ce sont un peu comme des mains qui attraperaient la culture et qui la balayeraient. Ça fait comme des ombres, balayées par quelqu’un d’autre. C’est resté présent mais caché  ; ils n’auront finalement pas réussi à tout effacer. » Sur le choix des couleurs de la toile  : «  Il semblerait que lorsque quelqu’un mourait, les poteaux mortuaires étaient placés à certains endroits de la pièce, ainsi que des plantes. Le vert symbolise ces dernières, l’orangé parce qu’ils mettaient du gingembre du curcuma et du santal, et le rouge pour les tapa teints. » Avant d’arriver à la peinture à l’huile, Patricia Bonnet s’est essayée à plusieurs techniques picturales après s’être formée au Conservatoire artistique de la Polynésie française (CAPF) par le biais de son mentor, le peintre bien connu Hervé Fay. Elle a notamment participé au Festival des artistes de Polynésie française à To΄atā en 2003 ou encore à l’ensemble des expositions collectives montées par l’association Trans-Pacific Art Express. Aujourd’hui titulaire de la carte d’artiste professionnelle du fenua, Patricia espère pouvoir prochainement participer à une exposition collective interdisciplinaire annuelle à la Maison des artistes de Mulhouse qui devait avoir lieu en 2020 mais qui a été annulée suite à la crise sanitaire. Alors que l’exposition au Musée de Tahiti et des îles touche à sa fin le 25  avril prochain, l’artiste se réjouit de pouvoir prendre part aux différents temps forts enfin permis par l’assouplissement des mesures sanitaires car elle avait le regret de ne pas encore avoir pu sortir de son atelier pour rencontrer les autres artistes. Vous pourrez retrouver son travail en septembre prochain à la salle Muriāvai de la Maison de la culture, après deux ans et demi depuis sa dernière exposition personnelle. 

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Ateliers artistiques avec Patricia Bonnet  

Atelier enfants  

• Les vendredis 9 et 16 avril, de 8 heures à 11h30 Atelier adultes 
• Le samedi 17 avril, de 9h30 à midi 
• Pour le reste de la programmation, consultez directement le site internet du Musée 
• Tarifs des ateliers 2 500Fcfp, matériels compris 
• Réservation nécessairehttps://billetterie.museetahiti.pf

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PRATIQUE  

Exposition «Fa’aiho, ta’u tufa’a, regards d’artistes contemporains»  

• Jusqu’au 25 avril, Musée de Tahiti et des îles 
• Retrouvez 22 artistes rassemblés autour de 4 thématiques et des collections du musée de Tahiti : ΄A΄amu, Alexander Lee, Carine Thierry, Cronos, Gaya,Gotz,Here, HTJ, Jean-Paul Forest, Kala΄i Shigetomi, KNKY, Libor Prokop, Ninirei Temaiana, Omaira Tuihani, Patricia Bonnet, Robert Toa, Sébastien Canetto, Stéphane Motard, Tahe, Teva Victor, Tvaite, Yvenka Klima.  
• Ouvert du mardi au dimanche, de 9 heures à 17 heures 
• Visite guidée tous les vendredis à 15 heures pour des groupes de 5 personnes maximum, mais uniquement sur réservation préalable à [email protected] ou au 87 790 797