Hiro’a n°162 – Le saviez-vous ? Bengt et Marie-Thérèse Danielsson: regard sur les Marquises
Le saviez-vous ?
Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te Piha faufa΄a tupuna
Rencontre avec Cédric Doom du département du patrimoine audiovisuel multimédia et Internet au sein du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel et Robert Koenig, éditeur et créateur du site www.arapo.org.pf. Texte : ASF- Photos fonds Danielsson– SPAA
Bengt et Marie-Thérèse Danielsson: regard sur les Marquises
Le Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) compte parmi ses nombreux trésors le fonds Danielsson, une collection privée exceptionnelle de 4 000 ouvrages, journaux, photographies, etc., sur l’Océanie, et sur la Polynésie française en particulier, réunis pendant plus de trente-cinq ans par le couple Marie-Thérèse et Bengt Danielsson. Au sein de cette incroyable collection, une série de clichés réalisés aux Îles Marquises, où les jeunes mariés séjournèrent pendant six mois, au début des années 1950.
« Cela faisait deux ans déjà que nous n’avions aucune illusion sur la virginité ou la perfection des paradis insulaires. C’était avant tout des raisons pratiques et économiques qui nous poussaient à bord de la Teretai avec nos volumineux bagages et nos chats, Blanche-Neige et Ofélix. » Installés dans une goélette à coprah, l’anthropologue et romancier-voyageur suédois Bengt Danielsson et sa jeune épouse Marie-Thérèse rejoignent les Îles Marquises en 1952, comme il le raconte dans l’ouvrageÎles oubliées des mers du Sud. Après une première expérience heureuse à Raroia, aux Tuamotu, qu’il avait pourtant fallu écourter pour des raisons de santé, le couple cherche une destination moins onéreuse que Tahiti pour s’installer et surtout une île haute et fertile (le régime alimentaire de Raroia étant la cause de leurs problèmes de santé, les atolls étaient à proscrire).
Le choix des Marquises est motivé par plusieurs raisons. Bengt Danielsson souhaite premièrement confirmer sur place les propos du « vieux ΄Te Iho » dépositaire des récits historiques de Raroia. Selon les traditions anciennes, l’atoll aurait été peuplé par « des émigrants de Hiva Nui ». « […] Après une série de défaites, le vieux guerrier Tāne-Ariki avait été chassé de sa vallée, et n’avait trouvé la vie sauve qu’en s’enfuyant au-delà des mers. Trois pirogues l’emportèrent avec sa famille, loin de Hiva Nui. Deux d’entre elles disparurent dans une tempête mais la troisième, avec Tāne-Ariki à son bord, put continuer vers le sud. Après un voyage long et épuisant, Tāne-Ariki découvrit enfin deux îles. C’étaient des îles basses, des anneaux de corail nu, mais ils décidèrent néanmoins d’y rester. Il s’agissait évidemment de Takume et de Raroia, qui sont encore aujourd’hui peuplées par la postérité de Tāne-Ariki. », peut-on lire dans le compte-rendu de voyage de Bengt Danielsson.
Sur les traces de Thor Heyerdhal
La seconde raison de leur départ vers les Marquises est le souhait de suivre les traces de Thor Heyerdhal, anthropologue, archéologue et navigateur norvégien dont Bengt avait été le compagnon de voyage lors de l’expédition du Kon Tiki en 1947. « L’installation quelques années plus tôt de Thor Heyerdhal à Fatu Hiva avait été un échec. Celle de Bengt et Marie-Thérèse le sera aussi d’ailleurs, puisqu’ils ne resteront que quelques mois et devront partir pour des raisons de santé », précise Robert Koenig créateur du site www.arapo.org.pf, qui permet de consulter gratuitement une partie de la bibliothèque du couple Danielsson.
Rencontre avec la fille de Koké
La goélette les mènera d’abord à Tahuata et Fatu Hiva où l’expérience n’est pas concluante pour s’y installer. Bengt et Marie-Thérèse perçoivent très vite l’indifférence générale et la méfiance des Marquisiens envers les visiteurs européens en raison d’un lourd passif — un contraste pour les Danielsson qui avaient eu un accueil privilégié avec les Pa’umotu. C’est finalement à Hiva ‘Oa, dans la vallée de ‘Eiaone, que Marie-Thérèse et Bengt Danielsson s’installent grâce à leur ami norvégien Henri Lie, présent sur l’île depuis quarante-deux ans. Ils y construisent une maison traditionnelle, visitent les environs, découvrent les us et coutumes, questionnent les habitants sur Paul Gauguin, souvent sans grand succès, et rencontrent même sa fille Taua Tikaomata, que Bengt photographie. L’anthropologue publiera plus tard Gauguin à Tahiti et aux îles Marquises dans lequel il reconstitue la vie coloniale de l’époque.
Quelques mois après leur installation à Hiva ‘Oa, le couple constate les premiers symptômes de l’Éléphantiasis et doit se résigner à quitter l’île pour se soigner. Il reste de ce voyage un ouvrage et de nombreux clichés pris par l’anthropologue. Ces derniers sont consultables au SPAAet certaines photographies sont exposées au premier étage du centre culturel Gauguin de Hiva ‘Oa.
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Encadré 1
Spécialiste de la Polynésie française, militant anti-nucléaire, grand collectionneur privé d’ouvrages sur l’Océanie, mais aussi membre de l’expédition du Kon Tiki aux côtés de Thor Heyerdhal et directeur du musée national d’ethnographie à Stockholm entre 1967 et 1971, l’anthropologue suédois Bengt Danielsson a beaucoup œuvré avec son épouse pour diffuser auprès d’un large public l’histoire et la culture polynésiennes. Il a notamment participé au Mémorial Polynésien qui retrace l’histoire de la région depuis le XVIe siècle. Installé à Pā’ea, le Pays fera l’acquisition de milliers d’ouvrages amassés par le couple au cours de sa vie qui ont désormais rejoint la Bibliothèque patrimoniale du Pays conservée par le SPAA au dépôt des archives de Tipaeru’i.
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Pratique
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