Hiro’a n°160 – Le saviez-vous ? Tiffany Vahinetua veut éveiller les consciences

Centre des Métiers d’Art (CM A) – Pu ha΄a pi΄ira΄a toro΄a ri ma΄i

Rencontre avec Tiffany Vahinetua, ancienne élève du Centre des métiers d’art. Texte : Lucie Rabréaud – Photos : Lucie Rabréaud et Tiffany Vahinetua

 

Tiffany Vahinetua veut éveiller les consciences

 

tiffany élève du CMa 

C’est au collège, pendant les cours d’arts plastiques, que Tiffany Vahinetua commence à se passionner pour l’art. Ce mode d’expression lui plait et elle veut en faire son métier. Aujourd’hui, elle travaille comme infographiste et expose régulièrement ses œuvres.

Tiffany Vahinetua est de la promotion 2016-2019 du Centre des métiers d’art. Et elle aime se rappeler ces années passées dans l’école où elle s’est spécialisée en gravure. Elle ouvre un premier dossier sur son ordinateur et montre une photo : plusieurs pièces de nacre tressées ensemble, formant des cubes en trompe l’œil. «  Nous devions développer une thématique et créer un objet, le tout en une semaine.  » Des exercices qui permettent de réfléchir au thème que l’élève choisira pour son diplôme. Légendes, objets du quotidien, un mot… tout peut faire l’objet de réflexion et de création. Tiffany apprend à conduire des recherches pour chacune de ses œuvres et y prend particulièrement goût. Plus d’ailleurs qu’à la fabrication ellemême ! Qui parfois lui donne vraiment du fil à retordre. Elle choisit «  Tīfai » pour son diplôme. En tahitien, cela signifie réparer, rapiécer, raccommoder. Pendant son travail, elle découvre que le mot signifie également «  pièce  » en pa ΄umotu. «  Cela correspondait exactement à ce que je voulais : j’aime les échanges, les rencontres, c’est ce qui m’inspire. Je voulais montrer que chaque pièce forme un assemblage.  » L’applique murale qu’elle présente au jury est composée de morceaux de nacre noires et blanches et de pièces de métal en aluminium. Le tout est collé sur une grande plaque d’aluminium. «  J’aimais ce contraste de métal et de nacre qu’on ne voit qu’en se rapprochant de l’œuvre. L’idée qu’on confonde les deux matières me plaisait  ! C’était ma vision contemporaine du tīfaifai. »

Le goût de la recherche et de la minutie

Ce sont les cours d’arts plastiques du collège qui font naitre son amour pour l’art. Un véritable déclic pour Tiffany. «  On peut échanger et communiquer grâce à l’art. » Elle passe un bac STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués) puis enchaine avec l’université pour vérifier si une autre filière ne lui plairait pas plus. Elle choisit LEA (langues étrangères appliquées) mais n’y reste pas longtemps : « Je n’aimais pas du tout ! Ne plus faire d’art me dérangeait. J’avais pris une option sur l’histoire de l’art mais ça ne me suffisait pas. » Elle connait le CMA pour y avoir accompagné une amie qui s’y était inscrite. À son tour, elle candidate et est retenue ! Comme elle aime la minutie et la précision, elle choisit l’option gravure. «  C’est un travail qui peut être délicat et difficile. On pousse pour voir jusqu’où on peut aller avant que ça ne casse. » Elle ouvre une nouvelle photo sur l’ordinateur  : un collier où la parure de nacre est ajourée. Son nom : « grillage ». «  Il faut garder la tête froide pour travailler sur des pièces comme ça. » Une quarantaine de croquis ont été nécessaires avant d’attaquer la nacre.

L’art de passer des messages

Aujourd’hui, Tiffany travaille comme infographiste pour un imprimeur textile. Elle crée des logos, des motifs, du design et travaille sur des maquettes. Rien à voir avec la nacre  ! Et puis elle peint. Elle a présenté plusieurs tableaux à différentes expositions. C’est sa rencontre avec des artistes océaniens lors d’un Putahi qui l’a incitée à peindre. «  Nous avons beaucoup échangé, leurs expériences m’ont intéress ée, tout comme leur culture ou leur approche différente de l’art. Ça m’a donné beaucoup d’idées.  » Tout comme leur mode de vie, complètement décalé par rapport au sien  : «  Ils travaillaient surtout la nuit et donc émergeaient à midi ! » Pour l’exposition qui conclut l’échange, elle propose une toile représentant la déesse Pele. « Je voulais parler de Maunakea  : ils voulaient y installer un observatoire mais les habitants n’étaient pas d’accord. C’est un site sacré pour les Hawaiiens. Il y avait des manifestations. Ça m’a touchée de voir l’emprise qu’ont certains sur des territoires protégés. Finalement, c’est bafouer une culture.  » Toujours cette envie de savoir par des recherches avant de proposer une œuvre… Et l’envie aussi de faire passer des messages ou de susciter l’intérêt sur un sujet. L’actualité l’inspire mais la musique aussi : « Je m’installe, je mets mes écouteurs et je travaille. La musique m’aide à m’apaiser. J’écoute de tout : reggae, local, classique, rap américain… Ça passe du Ave Maria à Shakira ! », s’amuse-t-elle. Tiffany n’a pas encore ouvert de page Facebook pour présenter ses travaux. Elle manque de temps. Pour voir ses œuvres, une seule solution : aller aux expositions des anciens élèves du CMA  ! D’ailleurs pour la prochaine, elle pourrait bien se remettre à la gravure…


Pratique

Prochaine exposition où il sera possible d’admirer les œuvres de Tiffany Vahinetua : le vendredi 26 mars à l’exposition des enseignants et des diplômés du Centre des métiers d’art.

  • Sous réserve de la situation sanitaire et des restrictions en vigueur.
  • Tous les renseignements sur www.cma.pf

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