Hiro’a n°160 – La Culture bouge : Te tura ma-’ohi, l’opéra tahitien voit le jour

Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau

Rencontre avec Frédéric Cibard, chargé de communication au Conservatoire artistique de Polynésie française et Isabelle Debelleix, professeure de piano accompagnatrice en charge de la partie musicale. Texte : MO – Photos : CAPF

 

Te tura ma-’ohi, l’opéra tahitien voit le jour

Affiche officelle opéra en tahitienTE TURA MA'OHI

Après moult difficultés, en particulier liées à l’apparition de la Covid-19, l’opéra tahitien Te tura mā’ohi va enfin pouvoir être mis en scène et dévoilé au public, le 21 mars prochain.

En février dernier, dans notre numéro 148, nous vous avions annoncé que le Conservatoire avait le formidable projet de mettre en scène un opéra en tahitien, le premier du genre, qui devait se produire au mois de mai 2020. Nous savons tous malheureusement ce qui s’est produit depuis. Mais le projet n’est pas pour autant tombé dans les oubliettes, et c’est tant mieux ! À l’origine de cette idée, Gabriel Cavallo, bien connu du public polynésien et professeur de chant au Conservatoire. « Le but est de montrer aux Polynésiens que le tahitien est une langue très bien adaptée au chant lyrique », nous avait-il confié au mois de février dernier. C’est ainsi que, soutenu par la direction du Conservatoire, il s’est engagé dans la préparation de ce qui est sans aucun doute le projet d’une vie  : traduire un opéra italien en langue tahitienne et le produire sur scène.

Un défi majeur

L’œuvre choisie, c’est Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni. Gabriel Cavallo a entièrement traduit cet opéra italien en tahitien, ce qui en soit est déjà un formidable pari. Il a, ce faisant, transposé l’histoire dans le monde polynésien de la fin du XIXe siècle. Il nous avait alors indiqué que « le défi est d’adapter les paroles à la mélodie, mais aussi d’adapter l’expression des émotions au monde polynésien parce que l’Italien ne les exprime pas de la même manière que le Tahitien ». Pour ce travail de titan, Gabriel s’est entouré de la compétence de plusieurs de ses collègues du Concervatoire. Entre autres Jean-Marie Dantin, qui en était le chef de chœur et dont il faut ici saluer la mémoire, avec qui il a initié tout le travail sur le texte et sur la partie musicale de l’œuvre avant de continuer avec Nathalie Villereynier, chef de chœur du Conservatoire. Sont également impliqués dans le projet Frédéric Rossoni, directeur de l’orchestre symphonique, Emmanuelle Vidal, professeure de chant lyrique et Isabelle Debelleix, accompagnatrice pour le travail des solistes. Ensemble, ils se sont employés à harmoniser l’œuvre. L’autre défi auquel a été confronté l’équipe a été celui de l’expression en reo tahiti. Alors qu’Emmanuelle Vidal, première soliste dans la pièce, déclarait il y a un an : « Nos interprètes ont du mal à mémoriser le texte car ils ne sont pas locuteurs de la langue », force est de constater que cet écueil a été franchi depuis, au fur et à mesure des répétitions.

Une évolution nécessaire

Si, à l’origine, plus d’une centaine de participants étaient envisagés, l’apparition des restrictions sanitaires liées à la Covid-19 a contraint le CAPF à revoir l’effectif du spectacle à la baisse. Mais la situation sanitaire n’est pas seule en cause. Il était en effet difficile de continuer à travailler le même répertoire musical sur plus d’un an. Face à ces obstacles, le projet a été maintenu mais adapté sous une forme différente, avec un petit format. « Nous avons voulu donner une chance à ce projet de voir le jour, car nous y avons travaillé longtemps. Gabriel Cavallo y a mis toute son énergie ainsi qu’Emmanuelle Vidal, Jean-Marie Dantin, tout le monde. C’est un projet qui véhicule beaucoup d’émotions, et qui compte beaucoup pour nous, explique Frédéric Cibard, chargé de communication du CAPF. »

Une nouvelle équipe

Ainsi, depuis la rentrée de septembre, une nouvelle équipe, beaucoup plus réduite, a été constituée avec les mêmes solistes, un chœur d’une vingtaine de chanteurs et cinq musiciens. « Je trouve que ça ne sonne pas mal, confirme Isabelle Debelleix, professeure de piano et accompagnatrice du chœur, en charge de la partie musicale du spectacle. Il y aura cinq instruments différents qui mettent en valeur les voix des solistes, qui sont magnifiques. » De plus, du fait du plus petit nombre de participants, le jeu scénique est remis à l’ordre du jour. «  On conserve tout l’opéra », précise joyeusement Isabelle.

Rendez-vous au mois de mars

L’opéra tahitien, Te tura mā’ohi, produit entièrement par les moyens du Conservatoire, sera présenté le dimanche 21 mars au Tahiti by Pearl Resorts à Arue. «Nous espérons, comme l’a souhaité Gabriel Cavallo, que cet opéra permettra à l’art lyrique d’être mieux connu des Polynésiens en l’ouvrant à un large public. Il y a de beaux airs et une très belle énergie. »

 


L’histoire

Cavalleria rusticana est un opéra italien de Pietro Mascagni en un seul acte qui met en scène les tribulations d’un triangle amoureux. Dans un petit village italien, une tentatrice va d’un homme à l’autre et, comme dans toute histoire d’amour à l’italienne, va entrainer une rivalité lorsque la tromperie sera découverte. Entre airs festifs et mélodrame, l’exaltation du sentiment de l’honneur se termine par un combat entre les deux hommes. Pour la version en tahitien, la scène a été transposée à Tahiti en 1850. Les personnages principaux, incarnés par les cinq solistes, seront accompagnés par cinq musiciens (quatre professeurs et une élève) et par un chœur de dix-huit adultes et huit enfants, tous issus du CAPF.

Les solistes

Matira : Emmanuelle Vidal

Taro : Manaarii Maruhi

Turitu : André-Yves Nasone

Nora : Anne Léchard

Ruita : Ahiata Schyle

Les musiciens :

Violon : David Bonnaventure

Flûte : Vaianu Walker

Violoncelle : Simon Pillard

Orgue : Noémie Guégan (élève du CAPF)

Piano : Isabelle Debelleix


Pratique

Opéra tahitien Te tura mā’ohi

  • Le Tahiti by Pearl Resorts, salle Endeavour
  • Dimanche 21 mars
  • Tarif 1 500 Fcfp
  • Renseignements au 40 501 414
  • www.conservatoire.pf

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