Hiro’a n°156 – L’oeuvre du mois : Sixième édition du Ta’urua Himene : honneur aux Tārava
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L’ŒUVRE DU MOIS – Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tau hiti Nui
Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau
Sixième édition du Ta’urua Himene : honneur aux Tārava
Rencontre avec Vaiana Giraud, responsable de la production et communication à la Maison de la Culture, et Mama Iopa, professeure de chant au CA PF. Texte Suliane Favennec – Photos : TFTN
Malgré les restrictions sanitaires, la culture continue de bouger… Le 24 octobre, la pointe Vénus, à Mahina, accueillera la 6e édition du Ta΄urua Hīmene. Cette année, le festival est consacré aux différents tārava.
Le Ta΄urua Hīmene, c’est d’abord une rencontre. Celle entre neuf groupes de pupu hīmene et le public autour des chants traditionnels. C’est aussi, souvent, une (re) découverte avec, cette année, les tārava. « C’est une première. Après cinq ans de festival, c’était très important pour nous, organisateurs, de montrer les subtilités des tārava. Car, beaucoup disent les connaitre mais peu savent qu’il existe des tārava différents pour chaque archipel et île », explique Mama Iopa, professeure de chant au Conservatoire artistique de Polynésie française. Le tārava est un chant joyeux et rapide qui parle de victoires et dans lequel on loue son environnement, les montagnes ou les rivières… Chaque île a son histoire, ses aventures, ses particularités. À travers les chants traditionnels, chacune d’elle raconte ainsi un souvenir, celui d’un temps passé, permettant de ne pas oublier les légendes et histoires du peuple. Cette tradition a perduré avec l’arrivée de l’Évangile ; l’Église protestante ayant d’ailleurs maintenu ces chants traditionnels, on peut les entendre encore aujourd’hui lors des offices… Pour ce sixième festival, le public pourra plonger au cœur de ce patrimoine et découvrir les différents tārava des Australes avec Rurutu, Rapa et Rimatara, mais également de Tahiti avec ceux de Mataiea, Tautira et Pare (nom ancien pour désigner les communes de Papeete, Pirae et Arue). Et, enfin, les tārava des Raromata’i avec Huahine, Taha’a et Raiatea.
Mélodie et voix différentes
Dans chaque tārava, les histoires diffèrent. Mais pas seulement… « Il y a aussi une subtilité dans la mélodie, le rythme, explique Mama Iopa. Par exemple, le tārava Tuhaa Pae de Rurutu est très rapide, celui de Rimatara est lent. Le tārava de Rapa, lui, est entre les deux. » La voix également change, tous n’utilisent pas les mêmes. On retrouve dans les tārava de Tahiti, la première voix des femmes, Fa’ara’ara. « On a aussi le huti, la deuxième voix d’ensemble des femmes. On l’utilise aux Raromata’i mais, à Tahiti, on l’appelle le huti et tāpe’a ē. Aux Tuhaa Pae, elle n’y est pas, mais on a le reo piti na raro. »
Ainsi, les groupes du festival Taurua Hīmene feront (re)d.couvrir ces subtilités au public. Au total, ce sont une quinzaine de chanteurs par groupe qui vont montrer et surtout, faire entendre pour la première fois aux spectateurs les différences au sein des chants. Est également prévu un deuxième hīmene au choix entre le rū’au, le ’ūtē, le pāta’uta’u, le tuki, et le nota. À la fin, tous les groupes se rejoindront pour chanter ensemble.
Une belle soirée en perspective pour les spectateurs tout en respectant les règles sanitaires. Lors de tout événement, des mesures sont obligatoires comme le port du masque. « Nous allons aussi installer un quadrillage au sol avec des feuilles de cocotier pour respecter la distanciation entre chaque groupe familial », explique Vaiana Giraud responsable de la production et communication à la Maison de la Culture. Pour ne rien manquer du spectacle, un direct est également prévu sur le site de TFTN dans l’espace : « culture chez vous ». Aucune raison donc de rater ce festival de chants traditionnels ! ◆
Légendes
Tamarii rapa no tahiti.
Tamarii raahiti.