Hiro’a n°156 – Le saviez-vous ? Derry Changuy redonne vie à l’os

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LE SAVIEZ-VOUS ? – Service de l’Artisanat traditionnel (ART) – Pu Ohipa rima’i

Derry Changuy redonne vie à l’os

Rencontre avec Derry Changuy, artisan sculpteur/graveur. Texte et photos : MO

L’art de sublimer les ressources naturelles est un don. C’est celui qu’a reçu Derry Changuy, artisan sculpteur-graveur sur os, sa matière de prédilection.

Derry Changuy, Marquisien originaire de Fatu Hiva, exerce sa passion au fond de la vallée de Titioro, dans son atelier installé à l’arrière de sa maison. Âgé d’une trentaine d’années, le jeune homme, père de famille, a longtemps cherché ce qui pouvait le passionner. « Au début, j’ai passé un bac de maintenance mais je ne savais pas quoi faire. Je me suis mis à la mécanique avec mon père. Après l’armée, j’ai travaillé avec ma mère dans la restauration. J’ai aussi ouvert ma société de décoration murale, je fabriquais des parements muraux, des tiki pour pots de fleurs, des tables, tout en béton et pendant quatre ans, mais ça ne me plaisait pas vraiment. Par contre, je sculptais moi-même pour les moules des tiki. »

Il y a sept ans, il décide de s’essayer à la sculpture sur os, à l’exemple d’un oncle marquisien qui lui enseigne son savoir. Et c’est le coup de foudre. « La sculpture sur l’os, c’est dans la culture marquisienne. J’aime bien travailler cette matière, je me sens bien avec ça. Elle me permet de mettre en valeur ma créativité et d’inventer. J’aime bien l’associer avec le bois ou avec l’or filé. » Mais l’os n’est pas la seule matière qu’il utilise. « Je sculpte aussi sur des rostres d’espadon, des dents de cochon, de la corne de bœuf ou de cerf. Quelquefois, ce sont des clients qui m’apportent leur pièce pour que je les grave. »

Sans formation préalable en rapport avec la sculpture, Derry a appris « sur le tas ». « J’ai galéré pendant trois ans pour acquérir des techniques, grâce à mes oncles qui descendaient sur Tahiti pour le salon des Marquises, et avec des copains aussi. » Mais Derry a aussi fait l’effort de rechercher de la connaissance dans les publications culturelles. « Je m’inspire de la nature et de tout ce que je vois autour de moi, mais j’ai regardé dans les livres pour apprendre les figures de base. Après, j’ajoute ce que je veux selon mes idées. Je ne suis pas focalisé que sur les motifs marquisiens. »

Depuis, Derry participe à divers salons. « J’ai commencé les salons il y a environ cinq ans. Le Heiva rima’ī, le salon de Noël, le Made in fenua et d’autres encore. Il y a à peu près un salon par mois. » Ses créations sont très diversifiées. « Je fais des pièces courantes comme les tiki, les boucles d’oreille, les pics à cheveux, mais je monte aussi des pièces que je crée, comme les abat-jours, des plats à fromage, des tirebouchons. » Depuis quelques mois, il est sur la fabrication des pièces d’un échiquier, lequel promet d’être magnifique.

« Ce métier me donne une certaine liberté, du temps pour moi et ma famille, et j’aime ce que je fais. La sculpture fait partie de notre culture et j’encourage les jeunes qui aiment l’art à se lancer », dit-il, enthousiaste, espérant qu’un de ses enfants, plus tard, prendra sa relève.

PRATIQUE

• Derry expose sur les salons sous le nom de Keavau.

• Retrouvez son actualité et ses créations sur sa page Facebook Créations Keavau.

Légende

Derry Changuy et ses créations en os, bois et perle.

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