Hiro’a n°154 – Le saviez-vous ? Rencontre des peuples aux jeux du Pacifique
Le saviez-vous ?
Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te Piha faufa ‘a tupuna
Texte : ASF – Photos : Collection SPAA – Droits Réservés La Dépeche de Tahiti – Archives PF ; Collection SPAA – avec l’aimable autorisation de FARE RA TA, la Poste du Fenua.
Rencontre des peuples aux jeux du Pacifique
Les Jeux du Pacifique sont un événement fédérateur pour les peuples de la région, et parfois un outil politique. A travers les archives du SPAA, découvrez ce rendez-vous sportif et culturel, qui s’est déroulé deux fois à Tahiti.
Créer la rencontre des peuples du Pacifique à l’occasion d’une grande compétition sportive régionale, c’est en 1959 que l’idée prend forme dans le cadre de la Conférence du Pacifique Sud. Porté par Fidji et la Nouvelle-Calédonie, cet événement dénommé The South Pacific Games – Les Jeux du Pacifique Sud (plus tard, le terme « Sud » disparaîtra), accueille initialement douze délégations. Si la première édition se déroule en 1963 à Fidji, il faudra attendre la quatrième pour voir les Jeux organisés en Polynésie française. Trisannuels à l’origine, les Ive Jeux du Pacifique Sud sont exceptionnellement avancés d’un an et se dérouleront en 1971. La raison ? Les délégations craignaient une concurrence des Jeux olympiques de 1972 à Munich. Pour les Tahitiens, ce changement de date n’est pas une bonne nouvelle, car les infrastructures manquent pour accueillir les athlètes, comme le souligne Patrick Pons dans son ouvrage Histoire du sport à Tahiti : « Si Tahiti n’est pas pauvre en installations, il lui manque néanmoins un grand stade d’athlétisme et une piscine olympique. C’est ainsi qu’en moins de deux ans le stade Pater et la piscine de Tipaerui sont édifiés, et tout est prêt a temps pour l’arrivée des délégations, Cook, Fidji, Gilbert et Ellice (ces îles se sont ensuite scindées pour prendre respectivement les noms de Kiribati et Tuvalu, NDLR), Guam, Nauru, Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides, Papouasie, Salomon, Samoa américaines, Samoa occidentales, Royaume de Tonga, Wallis et Futuna et Polynésie française, regroupant plus de mille cinq cents participants. »
Côté tribune, ce sont quinze mille spectateurs (soit un peu plus de 10 % de la population du fenua en 1971) qui s’installeront sur les gradins du stade Pater pour une grande cérémonie d’ouverture, festive et inédite — certains même, dès midi pour s’assurer d’une bonne place ; on en attendait 12 000, relate La Dépêche de Tahiti dans son édition du 9 septembre 1971 : « … foule chatoyante et colorée composant une fresque polychrome sur les gradins animés d’une joyeuse excitation. Et ceux qui n’avaient pu trouver de place, même debout, autour du stade, se sont accrochés en grappes multicolores sur les collines qui surplombent le stade. »
A l’occasion de ces IVe Jeux, de nouvelles disciplines font leur entrée comme la chasse sous-marine, le cyclisme, le tir à l’arc et même le soft-ball, sport typiquement anglo-saxon : « La Polynésie, soucieuse de courtoisie envers ses invités, présente une équipe, pour la première et la dernière fois », peut-on lire dans l’ouvrage de Patrick Pons. Cette année-là, les Jeux ne connaissent pas d’incidents, si ce n’est le mécontentement de deux judokas originaires de Guam à l’égard de l’arbitrage et une rixe entre Samoans et Fidjiens au sein du village des sportifs installé sur le site du lycée Paul- Gauguin a Tīpaeru’i — les valeurs du sport ne sont pas toujours respectées a la lettre… un fait exprès pour ajouter à l’enthousiasme festif l’anecdote croustillante qui ravivera le souvenir d’un « j’y étais ! … » ?
L’ombre des essais nucléaires sur les Xe Jeux
En aout 1995, Tahiti accueille pour la deuxième fois les Jeux du Pacifique. Pour cette Xe édition, l’ambiance est plus tendue et plus politisée aussi. Il faut dire que le président de la République Jacques Chirac a, deux mois plus tôt, ordonné la réalisation d’une nouvelle campagne d’essais nucléaires. Les militants antinucléaires veulent profiter de la présence des 2 600 athlètes de la région et de leurs délégations pour faire entendre leur voix. De leurs côtés, pour marquer leur désapprobation face à la reprise des essais, des membres du Conseil des Jeux refusent d’envoyer des athlètes. C’est le cas de Niue, de Nauru, du Vanuatu, des Samoa et des Samoa américaines qui ne participeront pas à la compétition. Pour autant, les Xe Jeux du Pacifique se dérouleront sans incidents majeurs.
Evolution
Les Jeux du Pacifique ont évolué en cinquante-sept ans, tant dans leur périodicité (tous les quatre ans à présent) que dans le statut des participants et des disciplines engagées. Depuis 1963, plusieurs territoires autorisés à participer ont en effet obtenu leur indépendance statutaire. Aujourd’hui, les membres du Conseil des Jeux du Pacifique représentent neuf États souverains, huit États indépendants en libre association avec un autre État et huit territoires associés à la France, aux États-Unis, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande.
En 2023, les XVIIe Jeux du Pacifique se dérouleront pour la première fois à Honiara aux Îles Salomon.
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