Hiro’a n°153 – L’oeuvre du mois : Coup de projecteur sur cinq penu
L’œuvre du mois
Musée de Tahiti et des îles (MTI) – Fare Manaha
Rencontre avec Tara Hiquily, chargé des collections au Musée de Tahiti et des îles. Texte : Alexandra Sigaudo-Fourny – Photos : MTI
Coup de projecteur sur cinq penu
Après plusieurs semaines de fermeture, le Musée de Tahiti et des îles accueille à nouveau le public, et une série de visites guidées de l’exposition Tupuna > Transit est d’ores et déjà programmée. Au détour d’une vitrine, c’est l’occasion pour les visiteurs de découvrir cinq penu récemment acquis par le Musée.
La loi des séries régit parfois les acquisitions du Musée de Tahiti et des îles ! Parmi les objets présentés à l’exposition Tupuna > Transit se trouvent cinq penu assez exceptionnels dont les conditions d’acquisition entre 2018 et 2019 sont quasiment identiques. Heureuse coïncidence, Tara Hiquily, en charge des collections, a en effet vu en moins d’un an quatre particuliers venir taper à la porte de l’établissement pour lui proposer leurs découvertes fortuites et in situ. Parmi ces objets, des penu originaires de l’archipel de la Société. Le plus imposant de tous a été trouvé dans le lagon de Papeari, dans la vase, tout proche de la plage. Tres beau et tres massif, c’est un type de penu que l’on attribuea tort à Maupiti. Retrouvé dans un parfait état, si ce n’est quelques taches au contact de l’eau de mer, ce penu en basalte dense ne peut être daté précisément, mais on sait que ce type d’objet n’a plus été produit à Tahiti à partir de la fin du 18e siècle.
La seconde acquisition nous vient de Bora Bora : un penu de petite taille trouvé sur les terres familiales de Vaipapa dans le district de Faanui. Sa taille et sa petite barrette centrale nous indiquent qu’il s’agit d’un pilon médicinal. Cet objet servait à écraser les racines et à préparer des médicaments. Là encore, nous avons affaire à un très bel ouvrage avec des proportions homogènes. Enfoui dans la terre, ce penu a pris une teinte rougeâtre.
Au Fenua ’Aihere, du côté de Tautira, ce n’est pas un mais deux penu qui ont été trouvés sur un terrain en friche. Le premier a la particularité de posséder une rainure sur les oreilles tandis que le second était en cours de fabrication lorsqu’il a été abandonné. C’est une situation assez inédite et intéressante pour le Musée qui a généralement affaire à des penu terminés. « Ce penu nous permet de voir le travail de transformation sur la pierre, le cheminement du sculpteur. Généralement nous trouvons des penu complets et finis ou des penu brisés, mais rarement des objets intacts en cours de fabrication », explique Tara Hiquily. Autrefois, le penu était taillé dans un seul bloc de pierre, « dégrossi par percussion, défini dans sa forme définitive à l’aide d’une herminette et enfin soigneusement achevé par un long travail d’abrasion », détaille le Musée.
Enfin, le cinquième penu rejoignant la liste des récentes acquisitions, a été récupéré sur des terrains familiaux à Hitiaa. Assez classique, sa forme étroite avec de petites oreilles peut laisser supposer qu’il servait de pilon pour des racines et des écorces plutôt que pour écraser de la nourriture.
A la fois objet fonctionnel et cérémoniel, il existe autour du penu de nombreuses superstitions et il peut être habité par le mana. Les plus élaborés appartenaient à des familles ou des personnages importants, bien que l’on ignore encore l’importance qu’ils revêtaient auprès de leurs propriétaires. Loin d’être un objet rare, le penu garde pourtant sa part de mystère.
Le Musée a réuni ces cinq penu dans une seule et même vitrine, afin que les visiteurs puissent les découvrir et les observer en détail.
Les visites guidees reprennent
S’il est possible de découvrir l’exposition Tupuna > Transit seule, le Musée propose également des visites guidées pour mieux appréhender les objets océaniens. En juillet et août, plusieurs dates sont d’ores et déjà programmées :
- Samedi 4 juillet de 10h00 à 11h30 : visite axée sur l’histoire des collections par Miriama Bono, directrice du Musée ;
- Mercredi 15 juillet de 9h00 à 10h30 : visite axée sur l’histoire des collections par Tara Hiquily, chargé des collections ;
- Mercredi 22 juillet de 9h00 à 10h30 : visite axée sur les pièces emblématiques de l’exposition par Marine Vallée, assistante de conservation ;
- Samedi 1er aout de 10h00 à 11h30 : visite axée sur la découverte des objets archéologiques par Tamara Maric, conservatrice.
Le tarif des visites guidées est de 1 200 Fcfp, sans réservation.
Tél. : 40 548 435