Hiro’a n°153 – Le saviez-vous ? Trois supports pour accueillir des canons restaurés
Le Saviez-vous ?
Direction de la culture et du pat rimoine (DCP) – Te Papa hiro΄a ΄e Faufa ΄a tumu
Rencontre avec Grégorio Pordea, artiste, et James Tuera de la Direction de la culture et du patrimoine. Texte : Lucie Rabréaud – Photos : DCP
Trois supports pour accueillir des canons restaurés
Grégorio Pordea, aussi connu sous le nom de Grégorio Grand-Midi, est en train de construire trois socles pour des canons découverts lors de différents travaux sur Papeete. Après leur restauration par la société SMBR, deux canons seront exposés à la présidence et un dans les jardins de la Direction de la culture et du patrimoine.
La société SMBR a été missionnée pour restaurer deux ancres et seize canons fin 2019, début 2020. Trois de ces canons devraient bientôt reposer sur des socles construits spécialement pour eux et être exposés dans les jardins de la Présidence et à la Direction de la culture et du patrimoine. Deux de ces canons servaient de bittes d’amarrage au quai des paquebots du port autonome. Ils ont été extraits en 2017 lors des travaux de réfection du quai. Le troisième a été découvert pendant les travaux de construction de la troisième voie sur le front de mer en 2009, à l’embouchure de la rivière Tipaerui. Tous datent du 19e siècle, entre 1820 et 1859. Ils seront exposés sur des affuts (socles pour les canons), un a la DCP (depuis mi-juin) et deux à la Présidence, courant juillet et aout. Pour construire ces supports, la DCP a mandaté Grégorio Pordea, alias Grégorio Grand-Midi, un artiste connu pour avoir créé les supports à canon installés dans les jardins de la maison de James Norman Hall, les porteurs de fruits du rond-point de Punaauia, la vague de Teahupoo, les requins du lagonarium de Punaauia mais aussi le ‘aito géant de Painapo Beach a Moorea. Plasticien de formation, il a découvert la sculpture a l’âge de seize ans puis, de voyage en voyage, s’est enrichi en expériences et en découvertes pour devenir un artiste sans limite. Soudure, travail du bois, pierre, corail, bambou, béton, vannerie… tout l’intéresse. Pour ce travail particulier, Grégorio devait suivre la nomenclature fournie par SMBR. Les canons mesurent près de trois mètres et pèsent entre 3,2 et 3,5 tonnes. Les socles devaient être suffisamment solides pour supporter ces pièces, être esthétiques et rester dans le style 19e siècle. « La structure est composée de fer à béton soudé, enveloppée de grillage et recouverte de béton projeté. J’ai ensuite dessiné du faux bois sur les poutres en béton, qui ont été assemblées par de la ferronnerie », décrit Grégorio Pordea. « Ces canons sont le témoignage d’un passé post-colonial bien souvent négligé, il conviendrait de les classer au titre des monuments historiques. Cette reconnaissance permettrait leur protection (inaliénabilité, interdiction d’exportation…) et une meilleure conservation (interdiction de modifier, réparer ou restaurer sans l’autorisation de ministre en charge de la Culture, obligation pour l’affectataire de conserver le bien en bon état…) mais aussi leur valorisation », conclut James Tuera de la Direction de la culture et du patrimoine. ◆