Hiro’a n°149 – Pour vous servir : Un recueil pour les percussions traditionnelles
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POUR VOUS SERVIR – Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau
Un recueil pour les percussions traditionnelles
Rencontre avec Fabien Dinard, directeur du Conservatoire artistique de Polynésie française. Texte : Note du CAPF, mise en forme MO. Photos : CAPF
Après la production du répertoire des pas de la danse tahitienne (Ta΄o nō te ’ori Tahiti) et de deux manuels d’apprentissage des chants traditionnels (hīmene tārava et hīmene rū’au) en milieu scolaire, le Conservatoire artistique de Polynésie française s’est lancé dans un nouveau projet : recenser les rythmes du patrimoine, les pehe, pour les rassembler dans un nouveau recueil.
Pour le Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF), il s’agit de remplir une mission phare confiée par le gouvernement et le ministère de la Culture : la préservation des éléments du patrimoine polynésien. Parmi eux, les rythmes traditionnels ou pehe, phrase musicale de durée variable, qui peut être rythmique, mais pas forcément dans son ensemble. « C’est le troisième volet sur les rythmes entrant dans la catégorie du patrimoine. Il succède à la réalisation du livret des pas de la danse tahitienne et à la constitution de deux manuels d’apprentissage des chants traditionnels tārava et rū’au en milieu scolaire », indique Fabien Dinard.
Des grands noms au service du projet
Afin de mener à bien ce formidable projet, le CAPF a d’abord sollicité les musiciens de l’établissement dès le début de l’année 2019 pour un premier recensement et un premier enregistrement. Ensuite, il a fait appel aux grands noms, aux personnalités ayant durablement marqué la pratique de cette discipline au cœur même des arts traditionnels. « Nous les avons consultés pour, d’une part, qu’ils nous confirment la première liste établie par nos musiciens et que, d’autre part, ils la complètent et nous éclairent sur le contexte de création et les nuances de chaque pehe », explique le directeur du CAPF. Les grands noms dont il est question sont connus et reconnus pour leur grande expertise en la matière. Le premier d’entre eux, à avoir longuement témoigné de son expérience en partageant ses connaissances avec une incroyable finesse d’écoute, n’est autre que Iriti Hoto, chef de Heikura Nui. Au passage, cette figure des arts traditionnels détient le plus grand nombre de victoires au Heiva i Tahiti en percussions traditionnelles. Et il n’est pas près d’arrêter ! Ont également collaboré à ce travail minutieux, Papa Teupo’o Temaiana, chef du groupe Feti’a, Ganahoa Teahi dit « papa Siki », Jeanine Maru, présidente au jury du Heiva, Henri Heimanu dit « Aue », Faafatua Iopu Jules dit « Alaska » ou encore Mamie Louise, Roger Taae, John Mairai et Steve Angia. Chacun d’entre eux a apporté sa pierre à l’édifice et certains se sont véritablement livrés sur leurs parcours, leurs histoires et leurs connaissances sur le sujet. Ce trésor est enregistré et archivé par les équipes du CAPF, lequel saura sans aucun doute en faire très bon usage. L’établissement tient d’ailleurs à remercier chaleureusement tous ces grands artistes et chantres des arts traditionnels.
Cinquante-neuf pehe recensés
Ce ne sont donc pas moins de cinquante-neuf pehe qui ont ainsi pu être recensés et qui sont actuellement en cours d’écriture. Ce travail prendra encore un certain temps mais il aura l’avantage de préserver définitivement un savoir-faire important du patrimoine polynésien. De plus, une fois constitué, le recueil de pehe sera accessible à toutes les troupes et à tous les musiciens ainsi que durant les différents concours jalonnant l’année. « Dans la catégorie Patrimoine, ce sont toujours les mêmes rythmes qui reviennent depuis tant d’années : on tourne avec sept à huit d’entre eux alors qu’on en a cinquante-neuf ! », souligne le directeur du Te FareUpa Rau. Gageons que cet ouvrage saura inspirer et aider les musiciens à structurer, enrichir et varier leurs productions.
Diffuser la culture
Enfin, ce recueil participera d’une meilleure diffusion de la culture polynésienne au reste du monde. « Si on a envie que notre musique s’exporte, si on a envie de la partager avec le reste du monde, ce travail est important », conclut Fabien Dinard. ◆
Légendes
À gauche, Jules Faafatua Iopu dit « Alaska », et à droite Teahi Gananhoa dit « Papa Siki ».
Le directeur du Conservatoire en compagnie de Jeanine Maru et Papa Teupo’o.
Henri Heimanu-Teaue dit « Aue » ; Jeanine Maru.
Iriti Hoto.
Steve Angia.
Louise Kimitete et Fabien Dinard.