Hiro’a n°148 – Le saviez vous ? Les vestiges archéologiques de Teti’aroa sont cartographiés
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Le saviez-vous ? – Direction de la culture et du patrimoine (DCP) – Te Papa hiro΄a ΄e Faufa ΄a tumu
Les vestiges archéologiques de Teti’aroa sont cartographiés
Rencontre avec Anatauarii Leal-Tamarii, archéologue à la Direction de la culture et du patrimoine et doctorant à l’université de la Polynésie française. Texte : Lucie Rabréaud et photos : Guillaume Molle
Un programme débuté en 2015 par le Cirap et la Tetiaroa Society a abouti à l’élaboration de la carte archéologique de l’atoll. Désormais, on connait la majeure partie des vestiges archéologiques et leur situation géographique précise. Environ 115 structures ont été référencées dont certaines très particulières comme les deux plateformes d’archers édifiées en corail, et le grand marae arii.
C’est un travail de longue haleine qu’ont mené le Cirap (Centre international de recherche archéologique sur la Polynésie) et la Direction de la culture et du patrimoine : établir la carte archéologique de Teti’aroa. C’est en 2015 que la Tetiaroa Society, en charge de la valorisation du patrimoine de l’atoll, fait appel au Cirap pour mettre en place un programme de recherches archéologiques sur l’atoll et offrir, à terme, une meilleure connaissance de son histoire, des premiers peuplements jusqu’au XXe siècle. La première étape a consisté en l’inventaire des structures de surface afin d’élaborer la carte. Guillaume Molle, enseignant-chercheur à l’université nationale australienne et directeur adjoint du Cirap, est en charge du projet. Le travail est mené en partenariat avec la Direction de la culture et du patrimoine.
La dernière mission s’est déroulée entre le 4 et le 22 novembre 2019. Les professionnels ont finalisé le relevé de plusieurs structures archéologiques, conduit l’inventaire de Tiaraunu, un des plus grands motu et le seul qui n’était pas documenté, complété les inventaires sur le motu Rimatu’u.
Des témoignages d’une occupation ancienne
Avant cette opération, la base de données du Pays comptabilisait quarante-cinq sites sur l’atoll dont sept seulement étaient géo-référencés. On savait que des sites existaient mais sans connaitre leur emplacement exact. Désormais, une centaine de sites ont été référencés avec leur position exacte. Parmi ces vestiges, plusieurs sont remarquables : deux plateformes d’archers édifiées en corail (les seules connues à ce jour dans les îles de la Société) et le grand marae arii situé à Rimatu’u. Plusieurs vestiges ont également été découverts : des petites terrasses, des alignements et une vingtaine de marae, tous témoins d’une occupation humaine ancienne. Grâce à cette carte, consultable sur demande, la connaissance de l’atoll est plus précise. « C’est un outil qui permet d’aiguiller les décisions d’aménagement du territoire en prenant en compte les zones à risque, celles où se trouvent des vestiges à préserver. L’élaboration d’une carte archéologique améliore ainsi notre connaissance du territoire permettant, in fine, une gestion raisonnée de celui-ci », explique Anatauarii Leal-Tamarii, archéologue à la Direction de la culture et du patrimoine et doctorant à l’université de la Polynésie française, qui a participé à la mission de novembre 2019. Cette mission a également permis de resserrer les liens entre le Cirap et la DCP*, qui travaillent pour le même objectif : gérer et valoriser le patrimoine archéologique polynésien. Et cette carte archéologique n’est qu’une première étape vers des recherches plus poussées : des fouilles débuteront dès l’année prochaine sur plusieurs sites permettant de mieux connaitre l’atoll et son histoire. ◆
*Les membres de l’équipe : Guillaume Molle (ANU-Cirap), Aymeric Hermann (Max Planck), Vincent Marolleau (UPF-Cirap) et Anatauarii Leal-Tamarii (DCP).
Pratique
• La carte archéologique est consultable sur demande officielle adressée à la Direction de la culture et du patrimoine.
• Courriel : [email protected]
• Adresse postale : B.P. 380586 – 98703 Punaauia – TAHITI, Polynésie française
• PK15 Pointe des pêcheurs – Punaauia
• En journée continue du lundi au jeudi de 7h30 à 15h30 et le vendredi de 7h30 à 14h30
• Tél. : 40 507 177
• www.culture-patrimoine.pf
Teti’aroa : de Pomare à Marlon Brando, des vestiges à préserver
Teti’aroa est connu pour avoir été autrefois une des résidences de la famille royale Pomare. Celle-ci l’offrit au dentiste John Williams, en 1904. « Beaucoup d’histoires sont racontées sur ce don mais cela reste très flou, on sait simplement que le docteur Williams a soigné le fils du chef », explique Anatauarii Leal-Tamarii. En 1965, l’atoll est racheté par Marlon Brando et appartient désormais à sa famille. Les premières recherches sur l’île apparaissent dans les écrits de Kenneth Emory en 1933. Il donne une liste de noms et de parcs à poissons et décrit le grand marae des arii. Pierre Vérin conduit la première prospection archéologique et enregistre plusieurs marae dont la plateforme d’archer sur Tiaraunu. À l’invitation de Marlon Brando, deux missions archéologiques du Bishop Museum, sous la direction des archéologue Sinoto et McCoy, sont organisées en 1972 et 1973. Puis Maurice Hardy est intervenu en 2008 afin de sauvegarder un ensemble de structures situées sur le tracé de l’aérodrome. Des chercheurs du Cirap (Guillaume Molle et Aymeric Hermann) ont également conduit des travaux durant la construction de l’hôtel.
légendes
Aymeric Hermann et Anatauarii Leal-Tamarii réalisant un relevé archéologique des structures.
Les ruines du village Williams sur le motu Rimatu’u.
Le ahu du marae ONE-6 sur le motu Onetahi.