Hiro’a n°146 – Culture bouge : Hura Tapairu : l’expression libre de la danse
Rencontre avec Vaiana Giraud en charge de la communication de la Maison de la culture et Matani Kainuku, président du jury de l’édition 2019 du Hura Tapairu. Textes : MO – Photos : TFTN
Le Hura Tapairu 2019 sera à nouveau très couru cette année, avec la participation de quelque trente-trois formations. Il se tiendra du 27 novembre au 7 décembre 2019, au Grand théâtre de la Maison de la Culture.
Dès le départ, l’idée était de créer un nouvel espace d’expression en danse traditionnelle pour des petites formations et avec un horizon de possibilités très large. Cela venait répondre à une demande émanant des petits groupes de danse (groupes de quartier, d’associations, d’écoles, de comités d’entreprise, etc. ),mais aussi à un besoin de proposer des créations différentes de celles du Heiva i Tahiti, peut-être moins traditionnelles. Ainsi naît en 2005, le Hura Tapairu.
Une large place à la créativité
C’était un pari osé mais qui a, depuis, largement gagné le cœur des amoureux du ‘ori tahiti. En effet, chorégraphie, thèmes, chants et costumes y sont totalement libres et chacun peut donc s’exprimer sans contraintes. Présent depuis sa création, Matani Kainuku, président du jury de cette quinzième édition, nous en dit plus : « Le Hura Tapairu est devenu le second événement culturel de l’année après le Heiva i Tahiti. Chaque groupe présente un spectacle de qualité, la différence entre deux prestations est infime car cela peut concerner le thème, la partie artistique, la chorégraphie, l’accompagnement vocal et musical. » C’est ainsi que chaque année, depuis sa création, les groupes en lice offrent des spectacles éblouissants et surprenants. « Les costumes sont en lien direct avec le thème et le sens à donner. Ils sont de plus en plus élaborés dans leur conception, ils créent beaucoup de surprises dans le jury qui parfois demande à les voir de près pour apprécier la finesse du travail et les stratégies artistiques du groupe. Avec des costumes authentiques, les groupes mettent le paquet aussi pour le maquillage et la coiffure. Chaque année, les groupes de danse se font plaisir et présentent sur scène des artistes avec beaucoup d’élégance. »
Un concours pour tous
Contrairement au Heiva i Tahiti, le Hura Tapairu, par sa conception, est vraiment le concours auquel toute formation peut participer. Ceci se traduit par la présence de tout nouveaux groupes pour lesquels cet événement est l’occasion de se faire connaître et surtout de découvrir les différents aspects de l’organisation d’un spectacle, de sa préparation à sa réalisation. C’est parfois l’étape préliminaire à la grande scène de To’ata. Mais les groupes chevronnés du Heiva, comme Temaeva par exemple, ou encore Tamariki Poerani, y participent aussi, en petites formations, séduits par la formule plus libre de ce concours qui leur permet d’exprimer leur art de manière différente et parfois de l’utiliser en laboratoire du Heiva i Tahiti.
Un véritable creuset d’artistes
Lors du Hura Tapairu, ce sont près d’un millier d’artistes qui foulent les planches du Grand théâtre, répartis au sein de toutes les formations. Ce nombre qui va croissant au fil du temps requiert inévitablement la formation de nouvelles recrues. C’est donc là une belle occasion de voir émerger de nouveaux talents notamment parmi les musiciens, les ‘orero ou encore les auteurs.
Un règlement adapté
La particularité du Hura Tapairu, dans sa partie réglementaire, est sa grande adaptativité. « Le règlement est co-rédigé avec les groupes qui participent pour que cela corresponde à leurs besoins artistiques », explique Matani. « Chaque année, ce règlement est réinterrogé pour que les groupes aient un cadre qui leur corresponde et qui permette la créativité. Selon notamment les catégories, des critères sont proposés, les groupes et les membres du jury se mettent d’accord sur certains points. Cela facilite la compréhension et la préparation du concours dans les deux parties. »
Le jury a la lourde tâche de noter les différents concurrents. « Nous sommes attentifs à la cohérence du spectacle, du début à la fin. Le travail du chef de groupe est apprécié dès le début de la prestation : un mouvement, un son, une couleur, un effet de surprise, des formes, … Chaque groupe doit tenter de gagner le maximum de points dans chaque critère énoncé. Les groupes sont de plus en plus stratèges, c’est très intéressant. Pour les départager, nous suivons les critères de notation et ne discutons pas entre nous. L’huissier calcule les points de chaque membre du jury puis fait un total. Nous ne délibérons pas. Si litige il y a, alors le président tranche. Il est clair que les résultats ne vont pas plaire à tout le monde, c’est pour cela qu’il y a des critères et un jury. C’est un concours et il faut respecter les décisions, sinon, il ne faut pas participer. »
Un jury historique
La composition du jury du Hura Tapairu est faite par la Maison de la culture. Ses membres, au nombre de cinq cette année, contre six les années précédentes, sont en partie choisis pour constituer une base pérenne. « Le jury est garant de l’identité et de l’histoire du concours. Nous avons donc une base fixe avec Matani Kainuku, Vanina Ehu et Fabien Dinard qui sont dans le jury depuis plus de dix ans. Ils connaissent l’histoire du Hura Tapairu et l’ont vu grandir. C’est intéressant d’avoir cette base historique. Puis nous avons deux autres membres plus récents, Teraurii Piritua et Turia Temorere qui apportent un regard différent », explique Vaiana Giraud, chargée de communication à la Maison de la culture.
Différentes catégories prisées
Le concours est divisé en deux catégories, Tapairu et Mehura et enrichi de trois concours optionnels : ’Aparima ’āpipiti, ’Ōte’a ’āpipiti et Pahu nui, ce dernier étant un concours d’orchestres. I ncontestablement, la catégorie Mehura emporte largement l’adhésion des formations puisqu’elles ne sont pas moins de vingt et une à y concourir cette année. La catégorie Tapairu voit elle aussi une plus large participation avec douze inscriptions, contre sept l’an dernier.
Le grand prix Hura Tapairu est décerné au gagnant de la finale opposant tous les lauréats d’un prix en ’aparima et/ou en ’ōte’a.
L’enveloppe financière réservée aux prix attribués aux lauréats est de 2 900 000 FCFP, sans compter tous les cadeaux généreusement offerts par les divers partenaires de l’événement.
Une catégorie internationale
Elles sont toutes en catégorie Mehura, avec un règlement adapté mais restant dans l’esprit du grand concours du Hura Tapairu. Cette année, trois groupes ont répondu à l’appel pour cette deuxième édition, deux venant du Mexique et le dernier du Japon. L’an passé, trois autres groupes, originaires des États-Unis, avaient effectué le déplacement. Il faut espérer que cette catégorie voie une plus large participation des étrangers dans les années à venir, d’autant que cette année, les concurrents se lancent en Tapairu aussi.
Un nouveau trophée
Le trophée du Hura Tapairu 2018 a été remporté de manière définitive par la formation Manohiva, menée par Poerava Taea, au bout de trois victoires. Cette année, c’est donc un tout nouveau trophée qui viendra couronner les efforts du vainqueur. Pour cela, la Maison de la culture a retenu le projet de Pierre Motahi : Te Natira’a (le lien). Voici comment ce jeune sculpteur présente son œuvre : « J’ai voulu réaliser un trophée qui reflète les convictions et les valeurs de cet événement incontournable du ‘ori tahiti. Le lien, le rapprochement, le partage de connaissances, d’émotions et de cultures. Telle est ma ligne directrice dans la réalisation du trophée. Car le Hura Tapairu n’est pas qu’un concours en soi. L’esprit du Hura Tapairu est aussi un moyen de se rapprocher, de se connaître, de partager des expériences, de se connaître soi-même grâce à la richesse de notre culture. » À n’en pas douter, cette très belle œuvre sera l’objet de toutes les convoitises !
Les artisans
Le Service de l’Artisanat traditionnel est à nouveau partenaire du Hura Tapairu avec la mise en place de stands aux abords du Grand théâtre, dans le hall. À l’heure où nous mettions sous presse, quatre artisans spécialisés dans les bijoux en nacre et en coquillages avaient d’ores et déjà confirmé leur présence. Chaque année, les artisans présentent de nombreux accessoires liés à la danse et aux arts du spectacle avec différentes matières premières locales. Le 15e Hura Tapairu est l’endroit idéal pour commencer à trouver des petits cadeaux pour les fêtes.
Les heures d’ouverture au public sont de 16h00 à 21h30 les soirs de spectacle.
Pratique 15e Hura Tapairu et 2e Hura Tapairu Manihini
Au Grand théâtre et son hall
Du mercredi 27 au samedi 30 novembre et du mercredi 4 au samedi 7 novembre
Concours du 27 novembre au 6 décembre, 19h00, tarif
unique : 1 500 Fcfp
Finales Mehura et Hura Tapairu le samedi 7 décembre, 16h00, tarif unique :
2 500 Fcfp
Billets en vente sur place et en ligne sur www.huratapairu.com
à partir du mercredi 6 novembre
Expositions artisanales dans le hall de 17h00 à 20h00 les soirs de spectacles
Renseignements au 40 544 544
Page FB : Maison de la Culture de Tahiti
www.huratapairu.com