Hiro’a n°145 – Trésor de Polynésie : le phare de Makemo sort de l’ombre
Trésor de Polynésie – Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te piha faufa ’a tupuna
Le phare de Makemo sort de l’ombre
Rencontre avec Sébastien Damé, responsable du département du patrimoine audiovisuel multimédia Internet au sein du service du patrimoine archivistique et audiovisuel. Texte : à partir d’une note de Robert Vecella – Fonds du gouverneur 48W 508 – 1934
C’est en 1934, après douze années de construction, que le phare de Makemo est inauguré en grande pompe. Un phare qui, pourtant, n’était apparemment pas prévu, du moins sur cet atoll des Tuamotu.
Une foule nombreuse s’est rassemblée sur la place de la maison commune et s’est rendue en cortège, pavillon français en tête, suivie des chefs des districts et du capitaine de la Moana sur le site. On est en 1934 et la construction du phare de Makemo sur le roc de «Mamahuaragi» aura duré douze ans, comme la Bastille (!) est-il évoqué dans les discours des chefs de districts qui se succèdent pour le célébrer. L’inauguration du phare de Makemo devait d’ailleurs se tenir le 14 juillet mais quelques difficultés en ont contraint le report deux jours plus tard. Ce bâtiment rappelle «la douleur de ceux qui sont décédés depuis ou qui sont partis pour d’autres pays» et qui avaient participé à son édification «mais aussi la joie que procure ce travail terminé », déclare Peniamina Tagaroa a Maifano. Posté à la fenêtre du phare, le capitaine le décrit comme «un travail sûr, admirable, beau et très nécessaire pour les marins ».
C’est le gouverneur Lucien Montagné qui a eu le privilège de l’allumer, et l’évêque Amédée Nouailles, dont l’un des premiers postes aux Tuamotu était Makemo en 1899 en tant que prêtre, qui l’a béni.Le phare de Makemo à Pouheva n’apparaît pas dans les registres de procès-verbaux de séances de la commission permanente du fonds de la commission des phares aux Archives nationales. Il semble que cet édifice ait été construit sur une initiative locale. Dans la séance du 17 mai 1929 intitulée «éclairage de l’archipel des Tuamotu», l’ingénieur en chef du service central des phares et balises débute son exposé de la façon suivante : «La question de l’éclairage de l’archipel des Tuamotu est née, avant la guerre, de la perspective de l’ouverture imminente du canal de Panama et de l’importance que pourrait rendre la situation de Tahiti comme point d’escale de la navigation transpacifique. (…)» L’une des routes envisagées en 1913 entre Panama et Tahiti passait par le sud des Marquises avec un phare à Fatuhiva, et par le nord-ouest des Tuamotu avec un phare à Matahiva. Après dix-sept ans de réflexion et d’études sur le problème de l’éclairage des abords de Tahiti, la commission est en présence de trois solutions : celle qui a été évoquée en 1913, une route qui traverse les Tuamotu par Fakarava et l’éclairage simultané des deux routes. La commission propose au Département des Colonies, à qui il incombe de prendre la décision, la solution suivante : mettre un feu sur Matahiva pour la route nord de l’archipel des Tuamotu ; à Napuka pour l’atterrissage en venant de l’est, puis à Kauehi et Aratika et à Fakarava et Niau pour le passage du centre.Le phare sur Fatuhiva est abandonné et aucune mention pour Makemo… Il existe cependant désormais bel et bien et c’est M. Ione, Patea, Roo a Anania qui en a été nommé gardien dès 1933 moyennant «une indemnité mensuelle de quarante francs (40 frs)».Légende L’ancien phare en 1967 (coll. Tahiti Héritage).