Hiro’a n°145 – Culture bouge : Poehere te metua, hommage musical à Bobby Holcomb

LA CULTURE BOUGE Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tauhiti Nui

Poehere te metua, hommage musical à Bobby Holcomb

Rencontre avec Manaiva Sage, président de l’association Poiete. Texte : IL – Photos : Vanessa Cunéo

Prenez une légende polynésienne. Mixez-la avec des oeuvres musicales de Bobby Holcomb interprétées, jouées et dansées par une poignée d’artistes locaux. Vous obtenez Poehere te metua, une comédie musicale, à ne pas rater, qui sera présentée le 2 novembre au Grand théâtre par l’association Poiete.

 

Comment naît à Tahiti une comédie musicale ? Eh bien de l’envie très forte de proposer une production artistique 100 % locale qui ne soit ni un concert, ni une pièce de théâtre, ni un show de danse, mais quelque chose de moderne et d’innovant musicalement avec en toile de fond la culture polynésienne. Un format original pour rendre hommage à ceux qui ont marqué la Polynésie, et en premier lieu le chanteur Bobby Holcomb qui avait choisi justement de mettre son talent au service de la culture polynésienne.

Poiete, une association de jeunes Polynésiens

Manaiva Sage, à l’origine de cette comédie musicale, est un jeune musicien qui a déjà eu l’occasion d’orchestrer la partie artistique des concerts caritatifs Tamari’i ha’uti en 2016. «Après cette expérience artistique, je voulais poursuivre l’aventure et cette idée de comédie musicale me trottait dans la tête.C’est un format que l’on voit peu en Polynésie. En septembre 2018, j’ai créé l’association Poiete composée d’une équipe de jeunes Polynésiens actifs dans le milieu de la musique et du théâtre. Je me suis rapproché de Taimana Ellacott avec qui j’avais travaillé sur les deux concerts de Tamari’i hau’ti et je connaissais déjà Nanau Maamaatuaiahutapu. L’équipe était formée, le cadre était ainsi posé et le spectacle pouvait commencer à se monter», explique Manaiva, également président de l’association.

Les musiques de Bobby sur fond de légende

«Nous avons choisi de rendre hommage à Bobby Holcomb, car ce chanteur est très connu du grand public. Pour le scénario, ma rencontre avec Hilton Ie a été déterminante. C’est lui qui a posé les textes en s’inspirant de la légende. Moi je me suis occupé de l’arrangement musical ainsi que de la mise en scène.» Cette comédie musicale propose donc une interprétation de la légende polynésienne de Ruata’ata qui raconte l’origine de l’arbre à pain ; une belle histoire d’amour familiale dans laquelle un père se sacrifie pour permettre à sa famille de survivre à la disette. Les musiques, remaniées avec de nouveaux arrangements musicaux sont principalement issues du répertoire de Bobby Holcomb hormis deux compositions originales écrites par Hilton Ie.La scène s’anime…Quatorze danseurs et danseuses, cinq acteurs et chanteurs, sept figurants un orchestre mêlant le style moderne au traditionnel composé en tout de dix musiciens et de quatre choristes forment l’équipe d’artistes de cette comédie musicale d’une heure et demie. Pour le décor, un maping vidéo imaginé par Tefau’ura Christophe Haumani, sera projeté sur une toile en fond de scène, encore une fois un clin d’œil au mélange du traditionnel et du moderne. Un spectacle original à ne pas manquer !

Pratique

• Poehere te metua

• Comédie musicale présentée par l’association Poiete

• Le 2 novembre à 19 heures

• Au Grand théâtre de la Maison de la culture

• Billets en vente à 3 000 Fcfp (adultes) et1 500 Fcfp (pour les moins de 12 ans).

• En vente sur place ou sur www.maisondelaculture.pf

 

Bobby, un artiste amoureux de la Polynésie

Bobby Holcomb, artiste originaire d’Hawaii, est arrivé en Polynésie en 1976, puis s’est installé à Huahine où, jusqu’à sa mort en 1991, il a mis son talent au service de la culture polynésienne. Il a en effet contribué par ses chants, sa musique et sa peinture à apporter un nouveau souffle à la valorisation de l’identité mā’ohi. Considéré comme un des artistes polynésiens les plus populaires, ses chansons porteuses de messages d’amour et de la fierté d’être Polynésien (Porinetia, SOS Teie, Huahine te Tiara’a…) sont connues par tous ou presque !

La légende de Ruata’ata (ou du ‘uru) (extrait)

Ruata’ata et son épouse Rumauarii se lamentaient sur le sort de leurs quatre enfants affamés qui étaient contraints de manger de la terre rouge et les conduisirent à une caverne dans la montagne pour y manger des fougères. Un soir Ruata’ata dit à son épouse : «Lorsque tu t’éveilleras le matin, va dehors et tu verras mes mains qui sont devenues des feuilles, regarde le tronc et ses branches, ce sera mon corps et mes jambes, et le fruit rond que tu verras sera mon crâne ; le cœur du fruit sera ma langue. Fais rôtir le fruit, laisse-le tremper dans l’eau puis enlève la peau en le battant et manges-en, puis donnes-en à nos enfants ; ainsi vous n’aurez plus faim.»

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