Hiro’a n°141 – Pour vous servir : Des sociétés spécialisées au chevet des ti’i/tiki
DIRECTION DE LA CULTURE ET DU PATRIMOINE (DCP) – TE PAPA HIRO’A ‘E FAUFA ’A TUMU
Rencontre avec Gilles Martinet, directeur d’Aslé Conseil. Texte : Suliane Favennec – Photos : Gilles Martinet
Des sociétés spécialisées au chevet des ti‘i/tiki
Les ti’i/tiki ont une valeur patrimoniale et historique qui trouve son origine dans la fondation cosmogonique de l’univers des Polynésiens. Les années passant, ces objets construits des mains des tupuna s’abîment. La direction de la culture et du patrimoine fait appel à des structures indépendantes, comme Aslé Conseil, pour conserver ces trésors polynésiens.
Les ti‘i/tiki sont des éléments majeurs de notre patrimoine culturel et à ce titre, ils nécessitent une attention particulière pour être préservés. La direction de la culture et du patrimoine fait donc appel à des sociétés indépendantes afin de prendre en charge ces travaux d’entretien, voire de restauration. Parmi elles, la SMBR Polynésie (Société Méditerranéenne de Bâtiment et Rénovation) spécialisée dans la restauration du patrimoine et des monuments historiques. Afin de répondre comme il se doit à la restauration des ti‘i/tiki, la SMBR s’appuie sur des compétences scientifiques appliquées et a ainsi confié une mission à Aslé Conseil. Cette société travaille depuis des années sur les restaurations de monuments et sites historiques en France et en Polynésie française. Ses missions : mener des études, établir des diagnostics, conseiller et suivre les travaux. Aslé Conseil s’est donc intéressée aux grands ti‘i situés sur les sites de Papeari à Tahiti et de Puama’u à Hiva ‘Oa aux Marquises. « Nous devons faire d’abord un diagnostic avant d’envisager des traitements de restauration. L’idée principale est d’identifier les pathologies avant de traiter. C’est une démarche médicale en quelque sorte : quelle maladie ? quelle intensité ? quelles causes ? », explique Gilles Martinet, directeur d’Aslé Conseil.
Huit ti‘i/tiki dans le programme d’étude
Avec deux de ses confrères, Gilles Martinet s’est penché sur les trois ti‘i du jardin de l’ancien musée Gauguin à Papeari. Deux d’entre eux proviennent du marae Moana-Heiata situé sur l’île de Ra’ivāvae aux Australes. Le troisième, le plus petit des trois, proviendrait du marae Atorani de Ra’ivāvae également. Quant aux tiki des Marquises, ils sont situés sur le site classé ‘I’ipona, sur l’île de Hiva ‘Oa. Cinq tiki sont prévus au programme d’étude : ils se nomment Taka’i’i, Fau-Poe, Maiauto, Mānuiota’a et Maka’i’i-Tau’a-(te)-Pepe — tous ont ainsi été auscultés. « Ils n’ont jamais été déplacés. D’après les sources locales, le tiki Taka’i’i a juste été redressé, Maiauto a été retrouvé posé au sol sur son flanc droit, son bras gauche fracturé et détaché. Le tiki Mānuiota’a est sur son dos, sans tête… », précise l’expert qui, grâce aux échanges avec les personnes ressources de Puama’u, a pu repérer un sixième tiki : « Cette statue est positionnée à l’envers et ne laisse paraître que ses pieds. Elle mériterait, elle aussi, un abri, une protection par rapport au sol et les traitements de restauration proposés pour les autres œuvres du site .»
Analyser pour déterminer les travaux
Avant d’entamer les travaux, les équipes d’Aslé Conseil et de SMBR ont effectué des analyses : analyses chimiques des sels solubles, analyses minéralogiques par diffractométrie des rayons X de l’épiderme des œuvres, analyses microbiologiques par tests chimiques et examens au stéréo-microscope et au microscope photonique en transmission… Elles ont permis de déterminer les actions à mener, en particulier pour le traitement biocide et les consolidations. « Ces travaux sont toujours en cours, précise Gilles Martinet. Aslé Conseil poursuit sa mission en suivant le protocole avec Philippe Plisson à distance, et une mission de contrôle sera effectuée à la fin des travaux. »