Hiro’a n°139 : Trésor de Polynésie : Raymond ‘Ari’oi Graffe, figure de proue de la culture

Direction de la culture et du patrimoine (DCP) – Te papa hiro’a’e faufa ’a tumu

 

Témoignage de Raymond ‘Ari’oI Graffe.
Texte : traduction d’une interview en tahitien de Natea Montillier
Tetuanui, pour la DCP. Photos : Natea Montillier Tetuanui.

 

Raymond ‘Ari’oi Graffe, figure de proue de la culture

 

Tatoueur, orateur, archéologue et spécialiste de la marche du feu qu’il organise chaque année dans le cadre des festivités du Heiva, Raymond ‘Ari’oi Graffe, grand chef coutumier est une figure de la culture polynésienne, détenteur du savoir ancestral. Mais connaissons-nous vraiment cet homme ? Son histoire, ses ancêtres ? Il se raconte ici dans une interview réalisée initialement en tahitien.

 

« J’ai 73 ans aujourd’hui. Je suis né le 16 novembre 1946 a Puna’auia, à Marua-pō. Ma mère est de Puna’auia et mon père des Australes, de Tupua’i et Rurutu. Je peux réciter ma généalogie. Du côté maternel, ma lignée est Tehuritaua, Fa’atauira, Tahuri’i, Tūtoa, Tupata’o, Pohuetea, Ruea, Tā’ihia, Teave, Taitoa, Tūiteahura’i. Du côté paternel, la filiation est Tūterēhia, Ma’e, Tānepa’u, Tetuauri, Hauhiva, Tāroumaitepua, Tamatoa’ura, Nicholls, Masters, Bambridge. J’ai vécu à Pā’ea, en bord de mer, prés de la mairie. Mon frère, Jacquie Graffe, est d’ailleurs maire de Pā’ea. J’ai vécu cinq ans auprès de mes parents et grands-parents. Ensuite nous sommes allés quelques années à Mano-tahi, cette terre qui est devenue le centre Tamanu, à Punaauia.

Puis nous sommes partis à Pare, en bord de mer, à l’embouchure de la Fautau’a, sur la terre de mon grand-père. Nous y sommes restés presque dix ans, mais excédés des nombreuses crues, mes parents décidèrent de vendre cette terre de Pare. En 1955, nous nous sommes installés à Papeno’o sur la terre de ma mère et nous y sommes encore à ce jour. J’ai treize enfants, mais seuls Nini ma compagne, ‘Ari’oi, mon dernier fils et moi, vivons tous les trois à Papeno’o, dans la vallée Fa’aria, au fin fond. Pour y accéder, l’embranchement se situe au kilomètre 18,5 de la route de ceinture de Māhina.

J’ai travaillé de janvier 1979 à juin 2011 comme archéologue au Centre polynésien des sciences humaines devenu Direction de la culture et du patrimoine (DCP). Je suis spécialiste de la marche sur le feu depuis le 21 juin 1983. Je suis également tatoueur et orateur. J’ai fondé l’association Haururu en 1994. Je suis président du Club Harley Davidson, Tahiti bykers, de l’association de la famille Bambridge, des Tō’ohitu (conseil de sages) de Papeno’o. Je suis grand chef coutumier polynésien.

J’ai été interviewé par RFO (Polynésie 1ère), TNTV, France 5, Arte, d’autres médias venus d’Amérique et d’Europe, par les radios de Tahiti : Tefana, radio mā’ohi, radio nīnamu, radio tiare, radio 1, NRJ… Les thèmes abordés sont multiples : La culture, la magie, les cieux, la généalogie, le marae et la terre, la politique, l’au-delà (Havai’ī), la navigation traditionnelle polynésienne, les signes et présages, la transmission du savoir, les chants, la danse… Mes tatouages figurent dans l’ouvrage de Barbieri, Tātau, Tatouage en Polynésie, 1996, et dans mon livre Tātau, Tatoo art, 2001. J’ai prêté le livre manuscrit de mon ancêtre Teri’iero’oitera’i (né en 1875) ainsi qu’une herminette au musée de Tahiti et des îles (MTI). »

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