Hiro’a n°139 : Le saviez-vous ? Les plantes du musée aussi déménagent
Musée de Tahiti et des îles (MTI)– Fare Manaha
Rencontre avec Vairea Tessier, responsable de la médiation culturelle et des espaces verts et jardins du musée, Vincent Janois, formateur et Kevin Cheong-Sang, élève du CFPA.
Texte et photos : Pascal Bastianaggi
Les plantes du musée aussi déménagent
La construction de la future salle d’exposition permanente du musée de Tahiti et des îles va impacter les jardins intérieurs qui se verront amputer d’une partie de leur surface. Afin de préserver les précieuses plantes endémiques, le musée de Tahiti et des îles a confié au centre de formation professionnel pour adultes (CFPA) de la Punaruu la migration de ces plantes vers un autre emplacement.
Le musée de Tahiti et des îles n’en finit pas de déménager en vue des grands travaux. Apres les pièces du musée, c’est au tour des plantes de faire l’objet de toutes les attentions.
Les jardins intérieurs, dits les jardins d’Atea, présentent au public des plantes basses qui font partie du patrimoine végétal polynésien. Qu’elles soient indigènes, venues avec les premiers Polynésiens, ou d’introduction plus récente, ces plantes sont un pan de l’histoire locale. «Elles retracent notre histoire, celle des migrations», précise Vairea Tessier, responsable de la médiation culturelle et des espaces verts et jardins du musée. «Parmi ces plantes basses, nous avons aussi bien des plantes médicinales, alimentaires, ornementales, cosmétiques que sacrées ou d’origines divines comme le auti qui a été créé par le dieu Ta’aroa !»
Avec les travaux, il faut repenser l’espace et déménager certains plants pour les remplacer par les espèces menacés par l’emprise de la nouvelle salle d’exposition permanente qui se fera en partie sur ces espaces verts. «Les plantes qui ont été déménagées seront replantées ailleurs dans les jardins, et une partie sera donnée au CFPA pour créer leur propre jardin. Aucune plante ne sera sacrifiée. Il n’y aura pas de déchets.» assure Vairea Tessier.
Preuve en est avec les précautions prises pour transplanter les herbacées, lianes, arbrisseaux et autres arbustes. «Les arbustes sont les plants les plus délicats à transporter, à tel point que quelques mois auparavant on a fait des marcottes sur certaines branches. On s’est préparé au pire.»
En s’adjoignant la participation des jeunes en formation « ouvrier du paysage » du CFPA de la Punaruu, le musée s’assure ainsi que tout se fera dans les règles de l’art. Intention confirmée par Vincent Janois, le formateur au CFPA. « Ces plantes ont un lien direct avec la culture polynésienne. Elles ont une forte symbolique, on y fait très attention, comme ne pas abîmer les racines et le feuillage. Inévitablement à l’arrachage, on a coupé un peu de racines et avant de la replanter, on va couper un peu de feuillage pour diminuer la transpiration des plantes.» Une fois déterrées, les plantes ne sont pas exposées au soleil, et sont mises en terre rapidement, bénéficiant d’un arrosage copieux sur un sol préalablement préparé. Les plantes ne subissent ainsi pas de trop forts traumatismes. Les travaux se sont étalés sur cinq jours, durant lesquels les jeunes ont engrangé de l’expérience et découvert divers aspects de leur futur métier. «C’est un chantier de création ce qui permet aux élèves de voir comment s’organise ce type de travail, les relations avec le maître d’ouvrage qui est le musée et de montrer leurs compétences acquises depuis le début de leur formation.» Un partenariat concret que Vincent Janois aimerait voir se reproduire.