Hiro’a n°139 : Culture bouge : L’hôtel des deux mondes : ici et au-delà
Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau
Rencontre avec Frédéric Cibard, chargé des relations publiques et de la communication du CAPF et Christine Bennett , professeure de théâtre au CAPF
Texte : Lucie Rabréaud – Photos : CAPF
Le cours de théâtre adultes prépare L’hôtel des deux mondes d’Éric-Emmanuel Schmitt pour la fin de l’année scolaire. L’auteur sera joué pour la première fois à Tahiti.
La pièce est froide, presque glaçante. Au fond, un ascenseur. Des personnes sortent, une à une, l’air hagard. Ils viennent d’arriver à l’hôtel des deux mondes, un espace entre la vie et la mort. Ils vont profiter de ce moment pour discuter, de tout, de rien, de la vie et de la mort bien sur, pourquoi certains repartent vers la vie et d’autres vers la mort, cette angoisse de ne pas pouvoir contrôler son destin. C’est le « docteur » qui vient vers eux avec leur dossier, retrace leur histoire, leurs blessures et les renvoie dans l’ascenseur reprendre leur place dans le monde ou partir définitivement. Les « clients » ne savent pas comment ils sont arrivés ni quand ils repartiront et pour quelle destination. Dans l’attente, ils listent ce qu’ils ont réussi et ce qu’ils ont raté. Ils mesurent quelle a été leur vie. Certains rêvent d’une seconde chance, d’autres souhaitent partir, sereinement…
L’hôtel des deux mondes est une pièce avec « un suspense métaphysique entre rêve et réalité, vie et mort, comédie et tragédie, où l’auteur poursuit sa recherche éperdue du sens et pose le mystère comme raison même d’espérer », peut-on lire sur le site de l’auteur dont la pièce va être jouée pour la première fois a Tahiti.
Christine Bennett, professeure de théâtre au Conservatoire artistique de la Polynésie française, prépare ses élèves du cours adultes depuis plusieurs années à la présentation de cette pièce si particulière. « C’est un sujet difficile qui nous touche tous. Mais ce n’est pas une pièce triste sur la mort, les personnages parlent de la vie qu’ils ont vécue, il y a de l’humour, de l’autodérision. » Plusieurs années de travail ont été nécessaires pour arriver a un résultat satisfaisant. « Il fallait trouver un terrain neutre. Il y a ces idées de vie ou pas après la mort, de religion, et les Polynésiens sont des personnes très croyantes. Je voulais que les spectateurs puissent regarder la piece et y entendre ce qu’ils veulent. » Ce huit clos a la Sartre est aussi un défi pour les éleves. « La mémorisation des textes est la chose la plus épineuse pour eux, il faut ensuite vivre le texte et avoir l’audace de monter sur scène. » Avec pour objectif de porter le texte devant le public, de le rendre intelligible. Pour les élèves de ce cours, jouer devant le public reste un challenge. C’est une étape importante dans leur vie d’acteur et dans leur vie tout court, il s’agit de se dépasser.
Cette pièce, par son sujet, est également l’objet de nombreuses discussions lors du cours de théâtre. Elle ne laisse personne indifférent. « C’est un auteur que j’aime particulièrement pour sa réflexion existentielle. J’essaye de choisir des auteurs qui me touchent », explique Christine Bennett.
Pour l’année des quarante ans du conservatoire, le département théâtre a choisi une pièce avec beaucoup de sens, qui donnera surement des frissons et de l’émotion aux spectateurs.
Pratique
- L’Hôtel des deux mondes
- Au Petit théâtre de la Maison de la culture, les 3 et 4 mai, a 19h30.
- Tarif unique : 1 500 Fcfp
- Billets en vente sur place et en ligne sur www.maisondelaculture.pf
- Renseignements au 40 544 544