Hiro’a n°138 : De Rivoli à de Gaulle : d’une bataille au héros
Rencontre avec Sébastien Damé, responsable du Département du Patrimoine Audiovisuel Multimédia Internet AU Service du patrimoine archivistique et audiovisuel.
Texte : ASF à partir des archives du SPAA – Photos : SPAA
Une rue, un nom, une mémoire qui s’efface et parfois des anecdotes amusantes. Les odonymes* en disent long sur l’histoire de la Polynésie. Zoom sur l’avenue du Général de Gaulle.
Nous sommes nombreux à l’emprunter tous les jours, à pied ou véhiculés, car c’est un tronçon d’une des plus importantes artères de Papeete. L’avenue du Général de Gaulle, aujourd’hui à sens unique, part de la cathédrale Notre-Dame de Papeete et longe les boutiques du centre-ville jusqu’à la place Tarahoi. Mais combien d’entre nous connaissent l’histoire de cet odonyme ? Le 22 août 1941, alors que le général de Gaulle est à la tête de la France Libre, la commune de Papeete décide par délibération de sa commission municipale de baptiser une rue de son nom. Un symbole fort dans le contexte d’alors, qui fait de Papeete la première ville de la République à rendre hommage à ce héros de la Seconde Guerre mondiale. La rue (qui n’est pas encore une avenue) est inaugurée officiellement le 26 septem-bre 1941 par l’amiral Thierry d’Argenlieu, haut-commissaire de la France Libre pour le Pacifique en poste en Nouvelle-Calédonie.
Une rue, plusieurs noms
Cette rue, qui partait de l’avenue Pouvana’a a O’opa (autrefois avenue Bruat) jusqu’à la cathédrale, en passant par la place Tarahoi (appelée successivement place de la Musique et place du Gouvernement), avait précédemment connu bien des noms de baptême : jusqu’en 1859 c’est la « Broom road » – la « route du balai », car les gens avaient l’habitude de passer le balai pour l’entretenir, puis rue Louis-Philippe avant d’être renommée rue de Rivoli. Ce dernier nom, lié à la bataille de Rivoli et à la victoire du général Bonaparte les 13 et 14 janvier 1797 dans le nord de l’Italie face aux Autrichiens, ne fait pas écho auprès des Polynésiens qui se demandent bien en 1941 qui est ce « Rivoli », incitant ainsi le conseil municipal à rebaptiser la rue.
Une rue commerçante
En réalité, il est fort probable que le choix du nom de Rivoli ait été initialement un clin d’œil à la rue de Rivoli à Paris, cette grande artère commerçante, plutôt qu’un hommage à la bataille dont on ignorait tout en Polynésie. Cette grande rue de Papeete, bordée autrefois de lisses blanches et d’arbres, était en somme, une version très modeste et locale de la célèbre rue parisienne en accueillant, comme aujourd’hui, des commerces. L’hôtel de France (au coin de la rue de Rivoli et de la rue de la Glacière, devenue rue du docteur Cassiau, à l’emplacement actuel du restaurant Mac Do) deviendra, dans les années 1950, le restaurant Le Diadème. Dans les années 1964, à côté de ce restaurant, en allant vers la capitale, il y avait le petit atelier de mécanique Robert, ensuite Tahiti Sport De Roux, puis le magasin Solari qui exposait des voitures Peugeot. Vers la place Tarahoi, près du garage à bicyclettes, on pouvait se reposer sous le banian du Cercle colonial. À gauche, se trouvait l’ancien bâtiment du commissariat de la Marine. On avait installé là les Contributions et les Douanes, la Poste jusqu’en 1915, au rez-de-chaussée ; le cadastre, au premier étage, jouxtait le Service topographique. Ce bâtiment fut démoli en 1934-1935 pour créer le parc Albert 1er (l’actuel parc Bougainville).
*un nom propre désignant une voie de communication.
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