N°134 – La belle collection des récits de voyages du capitaine Cook
Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te piha faufa’a tupuna
Rencontre avec Michel Bailleul, docteur en histoire et intervenant au sein du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel. Texte : Élodie Largenton. Photos : SPAA.
C’est pour célébrer le 250e anniversaire du premier voyage de James Cook dans le Pacifique que la Royal Academy of Arts organise cette année l’exposition Oceania, à Londres. Une invitation à découvrir ou redécouvrir la collection des voyages du capitaine anglais, conservée aux archives.
« Ces livres sont un des fleurons de la bibliothèque du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel », souligne Michel Bailleul, docteur en histoire. La collection complète comprend huit volumes et un grand atlas. Ces ouvrages font partie du Fonds Danielsson. Ils ont été achetés par les archives à Bengt Danielsson il y a une trentaine d’années. « Ils sont en bon état, sauf le premier volume dont la reliure se détache », précise Michel Bailleul. Autre précision importante : ces livres sont en version originale, en anglais. La Société des études océaniennes possède une édition en français ; « les traductions sont fidèles, dès leur parution, tous ces récits étaient traduits en français, l’intérêt pour ces voyages était très grand en cette deuxième moitié du XVIIIe siècle », fait remarquer l’historien.
Cet intérêt pour ces récits de découvertes et d’aventures ne se dément pas aujourd’hui. Le premier volume, écrit par l’auteur et éditeur John Hawkesworth, contient les voyages de John Byron (sur le Dolphin, 1764-1766), Samuel Wallis (sur le Dolphin, 1766-1768) et Philip Carteret (sur le Swallow, 1766-1769). Le navigateur et explorateur britannique Philip Carteret était parti avec Samuel Wallis, « mais les deux bateaux se sont séparés au détroit de Magellan », précise Michel Bailleul.
Un but : observer à Tahiti le passage de Vénus devant le soleil
Le premier voyage de Cook (1769-1771) n’est en fait raconté que dans les volumes II et III (rédigé également par John Hawkesworth, à partir des notes des différents membres de l’expédition). C’est un voyage d’exploration du Pacifique qui a pour objet de faire « des découvertes dans l’hémisphère Sud ». Il est commandité par la Royal Society de Londres avec pour mission de retrouver Tahiti, dont Samuel Wallis vient de révéler l’existence, et d’y observer le passage de Vénus devant le soleil. Les savants avaient calculé que le phénomène pouvait être parfaitement observé à Tahiti. Le capitaine Cook embarque donc, fin 1768, à bord de l’Endeavour, avec une équipe de scientifiques. Il entre dans l’océan Pacifique par le Cap Horn. Il traverse les Tuamotu, puis, du 13 avril au 13 juillet 1769, il séjourne à Tahiti, où il fait installer un observatoire Pointe Vénus. Son parcours le mène ensuite aux Îles Sous-le-Vent, à Rurutu, en Nouvelle-Zélande (dont il fait le relevé des côtes), en Nouvelle-Hollande (Australie), en Nouvelle-Guinée, et en Indonésie. Il rentre en Angleterre, par le cap de Bonne-Espérance, en août 1771.
Le deuxième voyage (1772-1775) est écrit par le capitaine Cook ; il occupe les volumes IV et V. Ce voyage est dirigé « vers le pôle Sud et autour du monde ». À bord de la Resolution, et accompagné de l’Adventure (capitaine Furneaux), James Cook s’élance en juillet 1772 pour une exploration poussée du Pacifique sud. Il traverse l’océan Indien depuis le cap de Bonne-Espérance. Il cherche le continent austral. Puis, après les îles Crozet, il entre dans l’océan Pacifique par le sud de la Tasmanie. Son parcours le mène en Nouvelle-Zélande, aux Tuamotu, à Tahiti (17/08-17/09/1773), aux Tonga, dans les parages du continent antarctique (jusqu’à 71°10′ de latitude sud), à l’Île de Pâques, aux Marquises, à Tahiti (04/1774) et aux Îles Sous-le-Vent, aux Fidji, aux Nouvelles-Hébrides, en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande. Il rentre en Angleterre par le cap Horn, en juillet 1775. Pour ces deux premiers voyages, les illustrations sont incluses dans le texte.
Un témoignage précieux
Le troisième voyage a pour but de faire « des découvertes dans l’hémisphère Nord », et plus particulièrement de voir s’il existe un passage Nord entre le Pacifique et l’Atlantique. À bord de la Resolution, accompagné du Discovery (capitaine Clerke), il part en juillet 1776. Après le cap de Bonne-Espérance et un passage par les Kerguelen et la Tasmanie, il arrive en Nouvelle-Zélande en février 1777. Puis il passe aux Îles Cook, aux Tonga, à Tahiti (08/1777), Hawai’i, longe la côte nord-américaine jusqu’en Alaska, puis rejoint le détroit de Béring, et Hawai’i à nouveau, où il est tué le 4 février 1779. L’expédition continue sans lui : Kamtchatka, détroit de Béring, Japon, Chine, océan Indien et retour en Angleterre le 4 octobre 1780. Les deux premiers volumes de ce troisième voyage sont écrits par James Cook, le troisième volume est signé par le capitaine James King. Ils sont accompagnés d’un atlas comprenant deux cartes (réalisées par Henry Roberts) et soixante gravures, qui sont « universellement connues », souligne Michel Bailleul.
Pour l’historien, « ces récits de voyages restent la base des connaissances que nous avons sur les Polynésiens du temps des premiers contacts. Humaniste du temps des Lumières, James Cook est un observateur attentif et rigoureux. Il est le premier à avoir cartographié, avec une précision étonnante, les contours de Tahiti. Sa contribution à l’histoire des îles de la Société (c’est lui qui leur a donné ce nom) et des îles Marquises est fondamentale ».
Retrouvez…
Toutes les études sur le site du SPAA : www.archives.pf, et sur la page facebook Service du patrimoine archivistique audiovisuel.
+ d’infos au (689) 40 41 96 01 ou par courriel [email protected]