N°132 – L’emplacement du musée de Tahiti et des îles, tout un symbole
Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te piha faufa’a tupuna
Rencontre avec Jean-Michel Garrigues, chef du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel, et Rereata Scholermann, du pôle des archives de la commune de Punaauia. Texte : Élodie Largenton.
En 1967, le gouverneur Sicurani a fait l’acquisition d’un site à Punaauia, pour y construire le musée de Tahiti et des îles. La parcelle choisie hébergeait autrefois le « plus important complexe culturel de Tahiti », dont le marae Taputapuātea de Manotahi, un lieu sacré. C’est ce qu’on peut apprendre en consultant les fiches « patrimoine en partage » préparées par la commune, avec l’aide du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel.
Alors que le musée de Tahiti et des îles s’apprête à changer de visage, la ville de Punaauia met en ligne des fiches permettant de revenir sur l’histoire du bâtiment et du lieu sur lequel il a été construit. Si le site a été acquis par les autorités en 1967, ce n’est que le 7 mars 1974 que l’assemblée territoriale approuve la création du musée, permettant le lancement des travaux de construction. Le 30 mai 1977, le musée de Tahiti et des îles ouvre ses trois premières salles d’exposition permanente au public. Il est ensuite ouvert dans sa totalité le 30 juin 1979. L’année suivante est créé un établissement public dénommé « Centre polynésien de sciences humaines Te Anavaharau », avec les départements archéologie et traditions orales. Ce centre est dissous en 2000 et le musée devient un établissement public administratif autonome dénommé musée de Tahiti et des îles Te fare Iamanaha. Une dénomination légèrement modifiée en décembre 2015 ; il s’agit désormais du Te fare Manaha.
D’après les récits, le musée a été bâti sur le « site de l’ancien marae Taputapuātea de Punaauia », qui a été le site culturel le plus important de Tahiti depuis l’origine jusqu’à l’arrivée des premiers découvreurs dès 1767. Dédié au culte du dieu de la guerre Oro, il était érigé sur les terres de résidence des ari’i rahi (grands chefs) Pohuetea, sur la pointe de Nu’uroa. Selon une légende, le monument fut érigé afin de commémorer le mariage entre Titihauri, le chef d’Opoa, et une cheffesse de Punaauia*. En 1818, Pomare II, vainqueur de la bataille de Fei Pi, cède ce site sacré aux missionnaires anglais qui font alors construire un temple à l’emplacement du marae avec les pierres du site. Durant la guerre franco-tahitienne (1844-1846), un fort y a également été érigé par les troupes de l’armée française avec les pierres du marae. De tous ces vestiges patrimoniaux, il ne reste malheureusement presque plus rien. Seules quelques pierres ont été sauvées par Aurora Tetuanui Natua lors de la destruction du fort ; elles sont conservées au musée. Quelques autres ont été utilisées pour le soubassement d’une petite maison située non loin du cimetière de Nu’uroa.
Le fait que le musée ait été construit à cet emplacement, « ce n’est pas rien ! » souligne Rereata Scholermann, du pôle des archives de la commune de Punaauia. Cela signifie que « les trésors de la Polynésie française sont conservés sur ce site historiquement et culturellement très important ».
*BSEO n°27 page 120 paragraphe 4.
Un partenariat fructueux entre la commune et le Service des archives
En Europe, 2018 a été déclarée « année du patrimoine culturel ». Une année pour célébrer et valoriser ses monuments, ses traditions, ou encore ses archives. Une démarche que la ville de Punaauia a décidé de suivre. Elle s’est alors tournée vers le SPAA, avec qui elle a signé une convention de partenariat. Un agent de la mairie se rend ainsi régulièrement au sein du Service pour faire des recherches, ce qui permet d’enrichir le fonds de la commune, mais aussi de compléter le fonds des archives et de rendre accessible au plus grand nombre les trésors enfouis du patrimoine culturel de la Polynésie française.
Retrouvez …
Toutes les informations sur
- Le site de la maire de Punaauia pf
- Les archives sont consultables au Service du patrimoine archivistique et audiovisuel, de 7h30 à 12h en semaine.
- Le site du SPAA [email protected]