N°131 – Les couronnes de mautini de Pueu de retour au Heiva rima’i
Service de l’artisanat traditionnel (Art) – Pu ohipa rima’i
Rencontre avec Talma Tuahu et Évaline Teotahi de l’association Te Putea. Texte et photos : Benoît Buquet.
Blanches et frisées, les couronnes de mautini (potiron), spécialités du district de Pueu, étaient au Heiva rima’i début juillet. L’association Te Putea de Pueu y participait pour la première fois en trois ans d’existence.
Les artisans de Pueu étaient de retour au Heiva rima’i. Début juillet, l’association Te Putea, qui regroupe des artisans de ce district de la presqu’île, a participé à la fête de l’artisanat organisée sur le site de l’ancien hôpital de Mamao à Papeete. À cette occasion, le public du Heiva rima’i a donc retrouvé la spécialité de Pueu : les couronnes de mautini (citrouille).
Ce n’est pas la première fois que Pueu participe au Heiva rima’i. La présidente de l’association Te Putea, Talma Tuahu épouse Urima, se souvient de sa tante, Istela Tuahu épouse Lehartel, qui fut la première présidente du Heiva rima’i dans les années 1980. En revanche, depuis la création il y a trois ans de l’association Te Putea (ancien nom du district, qui signifie la conque blanche), c’est la première année que Pueu faisait le déplacement jusqu’en ville pour les festivités de juillet. « C’est moi qui ai créé cette association il y a trois ans, raconte Talma avec fierté. Je voulais aider les mamans de Pueu à percevoir quelque chose par le biais de l’artisanat. D’habitude, on expose à Pueu et à Taravao. C’est la première fois qu’on vient en ville. »
Jupes de more, tifaifai, colliers de coquillages, sculptures en bois… Le stand de Pueu à Mamao, début juillet, était varié et coloré. Mais il mettait surtout en valeur un objet symbolique du district : la couronne de mautini, une parure de tête blanche et frisée. « C’est fabriqué à partir de la tige du potiron », précisait Talma.
« C’est beaucoup de travail »
Évaline Teotahi assurait la présentation du produit : « Pour faire ces couronnes, on découpe des lamelles dans les tiges du potiron, on les fait tremper dans l’eau pendant une à deux semaines, puis on les lave une par une en les conservant toujours dans l’eau pour ne pas qu’elles sèchent. Une fois lavées, on fait blanchir les lamelles obtenues en les trempant une journée dans de l’eau citronnée. Et enfin, on les fait sécher pour confectionner des fleurs et des frisettes pour fabriquer nos couronnes. »
Un travail de fourmi : il faut donc au moins une semaine pour transformer une tige de potiron en matière première pour les couronnes. Et une fois que la matière première est prête, il faut « à peu près trois jours pour fabriquer une couronne. C’est beaucoup de travail », précise Évaline Teotahi.
Un travail que ces mamas se transmettent d’une génération à l’autre. « Ça fait 28 ans que je fais ça, assure Évaline. C’est Istela Lehartel qui m’a appris ça. Je suis contente de prendre la relève. »
Talma, elle, rêve que ces couronnes de mautini, mais aussi l’autre spécialité de Pueu, le revareva (ruban léger tiré des troncs de jeunes cocotiers), soient à nouveau mis à l’honneur par les groupes de chants et de danses au Heiva. Elle garde en souvenir les costumes du groupe de chant Te Pare no Tahiti Aea au Heiva i Tahiti en 2015. Cette année-là, tous les chanteurs de ce groupe de Pueu y portaient le mautini…