N°130 – Heiva i Tahiti 2018 : de la tradition à l’excellence

ASF Hiroa 0718 dossier Heiva nouveau prixTexte : ASF.

L’engouement populaire est intact pour cette nouvelle édition du Heiva i Tahiti qui s’étend du 4 au 21 juillet. Cette année, les chants traditionnels sont à l’honneur avec un nouveau grand prix et un hommage à Papa Rai. Au-delà des soirées de spectacle, c’est un monde de fête, de partage et de culture qui va vibrer sur la place To’atā, avec de nombreux rendez-vous.

N’en déplaise aux esprits chagrins, l’esprit du Heiva est partout en ce mois de juillet, même si c’est sur la place To’atā que la ferveur populaire pour ce partage culturel est la plus palpable et sans doute la plus intense avec le Heiva i Tahiti. Cette année encore les groupes ont répondu en nombre au rendez-vous : 19 en danse (9 groupes Hura ava tau, 10 groupes Hura tau) et 18 inscrits en chant (10 en tārava tahiti, 4 en tārava raromata’i et 4 en tārava tuhaa pae). Tous s’affronteront de façon confraternelle sur la place To’atā lors de huit soirées distillées entre le 4 et le 21 juillet.

Cet engouement populaire démarre dès la cérémonie d’ouverture avec la présentation des différents membres du jury. Ces derniers rendront d’ailleurs un hommage aux groupes en les accueillant sur la scène au travers de ‘orero. S’il y a deux ans encore, il était de rigueur d’être vêtu de blanc pour montrer une certaine unité et neutralité, depuis l’année dernière, les groupes portent comme un étendard les couleurs de leur commune, de leur thème. Très colorée et très festive, cette cérémonie d’ouverture sera chorégraphiée et mise en scène par Kehaulani Chanquy avec sa troupe Hitireva dont on pourra retrouver le spectacle sur le marae de ‘Arahurahu chaque samedi de juillet et le premier du mois d’août. Kehaulani s’est également occupée de la scénographie du rāhiri, une coutume ancestrale que l’on retrouve dans les écrits de Teuira Henry. Le rāhiri a pour fonction de sceller le respect entre les participants, entre les membres du jury, mais aussi des concurrents envers le jury et vice-versa. Comme chaque année, chacun déposera au sol une feuille de bananier, symbole de paix et de sérénité, pour montrer son approbation a cet accord. « À l’origine, il s’agissait de déposer une jeune pousse de bananier ou une feuille de nī’au. On a une gravure de l’arrivée de Wallis par Webber où l’on voit Purea avec une jeune pousse de bananier dans la main », souligne le président du jury Moana’ura Tehei’ura qui a la lourde tâche avec les membres du jury de noter chaque prestation.

Le retour de grands noms de la danse

Pour mener à bien cette mission, les réunions se sont succédé en amont du concours et tous les membres se sont entraînés à la notation à travers des vidéos d’anciennes prestations. Une façon de confronter les avis, d’avoir le retour des experts et d’harmoniser les idées des membres du jury. « C’est un travail essentiel face à l’investissement de chacun, même si on sait qu’un concours, c’est forcément de la joie pour certains et de la tristesse et de la déception pour d’autres. »

En parallèle de ce Heiva, une réflexion est en cours qui pourrait mener à une refonte du règlement du Heiva dans les années à venir. La dernière refonte avait été orchestrée par Manouche Lehartel au tout début des années 2000. Or, presque 20 ans plus tard, chants et danses ont évolué. De la même façon, de nombreux nouveaux groupes et chefs de groupes ont émergé. Mais avant cet éventuel changement, les chefs de troupe ont épluché l’actuel règlement pour marquer le maximum de points. Chez les professionnels, en Hura tau, nous retrouverons des grands noms de la danse qui, pour certains, n’étaient pas monté sur la scène de To’atā depuis plusieurs années. C’est le cas du groupe Nonahere dont le chef de troupe, Matani Kainuku, s’est impliqué dans le Heiva i Tahiti en tant que membre ou président du jury pendant plusieurs années. Te Tiare no Beachcomber fait également son retour après 30 ans d’absence. Cette année, ce sont 52 prix pour un montant de plus de 9,5 millions de Fcfp qui seront remis aux vainqueurs le 18 juillet. Si vous avez raté les meilleures prestations, prolongez l’esprit du Heiva avec la soirée des lauréats le 20 juillet et la soirée Taupiti (les deuxième et troisième prix) le 21 juillet avec quatre heures de danse.

Hīmene : le grand prix Tumu ra’i fenua récompense l’excellence

Chaque année, c’est la même chose. Le public attend les pupu hīmene, moins spectaculaires que les groupes de danse, pour quitter son fauteuil et multiplier les déplacements. Un comportement qui a le don d’irriter le ministre de la Culture : « Il faut vraiment éduquer le public, je lance donc encore cet année un appel aux spectateurs pour que, les soirs de représentation, ils soient plus respectueux des pupu hīmene. Les allers et venues du public perturbent leur exécution, il faut donc les respecter. »

Qu’est-ce qui fait que le concours de chants traditionnels ne trouve pas plus d’attention auprès du grand public ? Son côté moins visuel sans doute, mais aussi la complexité des chants qui donne l’impression que cela n’est accessible et réservé qu’à une élite ou une catégorie de personne. « Il faut faire de la pédagogie et expliquer les techniques et les différences entre, par exemple, un tārava et un ru’au », souligne encore le ministre. Pour le président du jury, c’est une responsabilité collective avec des efforts permanents à la fois de la Maison de la culture en donnant du confort aux spectateurs (paroles retranscrites sur grand écran, sonorisation améliorée…), des membres du jury qui multiplient les tournées et les conseils sur le règlement auprès des groupes et, bien sûr, des groupes eux-mêmes qui travaillent pour offrir une prestation de qualité.

CCISM Hiroa 0718 dossier Heiva mama FauuraEt pour montrer que le chant est tout aussi important que la danse, cet art souvent mal compris ou en tout cas moins populaire, va bénéficier cette année d’une récompense supplémentaire. Un prix de l’excellence de 300 000 Fcfp – le grand prix Tumu ra’i fenua – qui reviendra au pupu hīmene ayant obtenu le plus grand nombre de points dans les catégories obligatoires en tārava, ‘ute paripari et ru’au, à l’instar de ce qui se fait déjà auprès des Hura tau et Hura ava tau. Le trophée est une sculpture sur bois avec une gravure sur nacre réalisée par Woita Prokop. Enfin, si chaque année on rend hommage aux porteurs de patrimoine, cette fois-ci, c’est un grand nom du chant traditionnel qui sera mis en avant. Papa Rai, figure emblématique du chant et de la troupe Tamarii Tipaerui, a su mettre en valeur les ‘ute ‘arearea, un chant facultatif lors du concours. Il a également mené des groupes en tārava et en ru’au. Papa Rai avait un style bien à lui et avait créé une scénographie lorsqu’il montait sur scène avec son groupe. Ses prestations rappellent qu’à une époque, les hīmene n’étaient pas en reste pour donner de la matière visuelle au public et inciter ces derniers à rester pour les prestations des chorales. Il s’agit aussi d’un moment important du Heiva, les hīmene étant le vecteur par excellence de la tradition : c’est notamment à travers les chants portés par les pupu hīmene que les légendes se transmettent et perdurent.

Le saviez-vous ?

Le concours de danse traditionnelle

Le concours de danse traditionnelle est organisé en deux catégories, Hura ava tau (« amateurs ») et Hura tau (« professionnels »), pour les groupes qui ont déjà gagné un 1er prix en amateur. Chaque groupe doit présenter quatre à cinq types de danses traditionnelles parmi les ote’a, ‘aparima, pa’o’a, hivinau et ‘aparima vava ainsi que trois types de costumes (traditionnel, végétal et en tissu). La prestation doit être comprise entre 45 et 60 minutes. Tout manquement au règlement entraîne des pénalités. Plusieurs concours coexistent en danse : meilleur groupe bien sûr, mais aussi meilleur orchestre imposé et traditionnel, meilleure danseuse, meilleur danseur, meilleur costume végétal, meilleur auteur…

En tout, 28 prix sont attribués pour cette seule catégorie, pour un montant de plus de 6 200 000 Fcfp.

Le saviez-vous ?

Le concours de chants traditionnels

Le concours de chants traditionnels est divisé en trois catégories : Tārava tahiti, Tārava raromata’i et Tārava tuha’a pae. Chacune a les particularités d’une région de la Polynésie. Les autres chants imposés sont le hīmene ru’au et le ‘ute paripari. Le ‘ute ‘arearea est quant à lui facultatif. Les groupes de chants sont composés au minimum de 60 personnes. Les costumes sont également réglementés, et la prestation ne doit pas durer plus de 25 minutes.

Le Heiva i Tahiti 2018 en quelques chiffres :

• 1 406 heures de préparation pour une prestation de chant (moyenne)

• 5 320 heures de préparation pour une prestation de danse (moyenne)

• 41 heures de répétitions sur To’atā

• 37 heures de soirées sur To’atā

• 3 040 artistes en chants et en danses (environ)

• 1 900 more commandés (moyenne)

• 9 121 mètres de tissus utilisés (moyenne)

Le village du Heiva anime To’atā

L’esprit du Heiva n’est pas que sur la scène de To’atā, il est aussi sur son esplanade basse ou le public est invité à s’arrêter. Pour la quatrième année consécutive, la Maison de la culture et la CCISM proposent un village artisanal aux portes du concours ou plutôt sur le chemin du Heiva. Les exposants, une quinzaine d’artisans, pourront y vendre leurs créations, mais aussi proposer des démonstrations de leur savoir-faire et des animations. Pour la première fois, et à la demande de mama Fauura, le village sera ouvert dès 9 heures du matin, les jours de spectacle. Un impératif pour cette dynamique artisane si on veut vendre. « Nos artisans sont des patentés, ils ont besoin d’être visibles pour vendre. En étant ouvert dès 9 heures du matin, nous pourrons accueillir les visiteurs tout au long de la journée, avec un pic en fin d’après-midi. Nous espérons que les autres événements liés au Heiva, mais aussi au championnat du monde de va’a draineront vers nous du public. » Gravure sur nacre, to’ere et autres sculptures sur bois, découpe de tifaifai… la liste des démonstrations proposées chaque jour est longue, offrant ainsi un véritable atelier à ciel ouvert. De la musique, des stands décorés, des jeux avec notamment des places à gagner pour les soirées de concours ponctueront ces démonstrations. Enfin, la boutique du Heiva sera ouverte tous les soirs de spectacle pour permettre aux spectateurs de repartir avec quelques souvenirs : t-shirts et tops, sacs et autres produits siglés sont disponibles.

Pratique

• Animations culturelles du 4 au 7, 11 au 14, 18, 20 et 21 juillet

• Esplanade basse de To’atā (Papeete)

• Expositions d’objets d’art, démonstrations, vente, animations…

• Ouvert de 9h à 22h

• Entrée libre

• Renseignements au 40 544 544

www.heiva.org

Mobilisons-nous pour la tortue d’or !

En 2017, la Maison de la culture avait obtenu la tortue d’argent dans la catégorie manifestations publiques avec la mise en place de l’éco-Heiva. Le challenge et la motivation sont donc bien là pour décrocher cette fois-ci la tortue d’or ! Pendant deux mois, Te fare tauhiti nui va instaurer le tri sur son site et mobiliser des éco-ambassadeurs bénévoles afin d’informer et sensibiliser le public et les troupes de danse au tri. En parallèle, les végétaux issus des costumes de danse seront récupérés pour être compostés.

Le public sera lui aussi incité à trier de manière ludique, avec des autocollants incitatifs sous forme de marelles.

Informations pratiques

Du 4 au 7 juillet et du 11 au 14 juillet : concours de chants et danses

• Adultes : 3 000 Fcfp (centre), 2 000 Fcfp (côtés)

• Enfants (2 à 11 ans) : 1 500 Fcfp (centre), 1 000 Fcfp (côtés)

Mercredi 18 juillet : remise des prix

• Entrée libre avec ticket à récupérer sur place

Vendredi 20 juillet : soirée des lauréats

• Adultes : 4 000 Fcfp (centre), 2 500 Fcfp (côtés)

• Enfants (2 a 11 ans) : 1 500 Fcfp (centre), 1 000 Fcfp (côtés)

Samedi 21 juillet : Taupiti i To’atā (2ème & 3ème en danse)

• Adultes : 3 000 Fcfp (centre), 2 000 Fcfp (côtés)

• Enfants (2 à 11 ans) : 1 500 Fcfp (centre), 1 000 Fcfp (côtés)

Tous les soirs :

• Gratuit pour les enfants de – de 2 ans sur demande d’un billet « bébé »

• PMR et accompagnateur : 1 500 Fcfp (devant la scene)

Vente des places uniquement a la Maison de la culture et en ligne sur www.heiva.org

• Au guichet du Grand théâtre

• De 8h à 17h du lundi au jeudi, vendredi de 8h à 16h

• Les soirs de spectacle 1h30 avant le début de la soirée.

• Renseignements au 40 544 544 – www.heiva.org

38 groupes vont rivaliser de talent

19 groupes de danse traditionnelle vont prendre part à ce Heiva, dont 9 en catégorie Hura ava tau (amateurs) :

• Hei Rurutu – Mōi’o Pārapu te ‘ārere – Mōi’o Pārapu le messager

• Te Ao Uri Nō Te-Ara-Hiti – Matari’i, te mata o te ‘aru – Matari’i, l’oeil de la nature

• Tama Nō Aimeho Nui – Ta’inuna o na mo’ora ‘ura i te mata ‘o’a – Ta’inuna les oies aux plumes

rouges et aux yeux perçants

• Fare Ihi Nō Huahine – Hotuhiva

• Teahinui – Vahine mā’ohi – Femme polynésienne

• Natihau – Nō hea mai te i’oa Pūna’auia – L’origine du nom de Pūna’auia

• Parata – ‘O Parata teie i te he’e ‘are – Les requins déferlent dans les océans

• Pupu Ori Tamari’i Vairao – Tiri a faite – La querelle de la réconciliation

• Tahiti Hura – O vai ‘oe e Rai’atea ? – Rai’atea, quelle est ton histoire ?

Et 10 groupes en catégorie Hura tau (professionnels) :

• Pupu Tuha’a Pae – Te orara’a ‘āmui ‘o te Rurutu i roto i te umu’ai – La vie communautaire du peuple

de Rurutu a travers le « umu’ai »

• Ori i Tahiti – Te mā’ohi ē – Le mā’ohi, tout autre

• Tamari’i Toahotu Nui – Mititapa -Les textiles de sel

• Temaeva – Te hau o te ra’i, te ora o te moana, te aroha o te fenua – La paix du ciel, la vie de l’océan,

l’amour du pays

• Hei Tahiti – ‘ōteu fenua – Mon bourgeon de terre

• Tahiti Ia Ruru-Tu-Noa – Tāfa’i-i’o-’ura

• Nonahere – Te ‘ā’ai o Matavai – La légende de Matavai

• Te Tiare Nō Beachcomber – Aepa – Accueil

• Heikura Nui – Te tāiva – L’apostasie

• Nuna’a E Hau – Tā’u fenua iti e, tā’u here iti e – Ma terre, ma bien aimée

Du côté des chants traditionnels, il y a 18 groupes inscrits, dont 10 en Tārava Tahiti :

• Reo Papara – Ātimaono, te Teva (i uta) i mo’e – Ātimaono, l’oublié des Teva

• Pupu Himene Tamari’i Vairao – Te puna i’a – La source des poissons

• Natihau – Nō hea mai te i’oa Pūna’auia – L’origine du nom de Pūna’auia

• Te Noha Nō Rotui – ‘Ia ora te paripari fenua – Vive l’éloge a la terre

• Te Pare O Tahiti Aea – Ā‘ai na to’a maeha’a – La légende des deux coraux

• Tamarii Vai Umete – Te ‘ā’ai no Vai’ūmete – La légende de Vai’ūmete

• Te Pape Ora Nō Papofai – Pāpōfa’i te hi’ipapa / Te papa – Pāpōfa’i un berceau de la culture / Le socle

• Tama Nō Aimeho Nui – Ta’inuna o na mo’ora ‘ura i te mata ‘o’a – Ta’inuna, les oies aux plumes

rouges et aux yeux perçants

• Tamari’i Papeari – Te taime fa’arava’i a nu’u Teipotemarama – La murene de Teipotemarama

• Tamari’i Mataiea – Te moua ra o Teraiamano o tei vehi hia i te remu ura – Le sommet de Teraiamano

recouvert de mousse rougeâtre

4 groupes sont inscrits en Tārava Raromata’i :

• Natiara – Te here tapu – L’amour interdit

• Tamari’i Manotahi – Te ‘ā’ai no Puna nui e o Puna iti – L’histoire de Puna nui & Puna iti

• Tamari’i Mahina – Te here mo’emo’e a Tehohotauniua – L’amour perdu de Tehohotauniua

• O Faa’a – Te arii vahine o Teriinui o Tahiti o Vaitareia – La reine Teriinui o Tahiti a Vaitareia

Et 4 groupes sont inscrits en Tārava Tuha’a Pae :

• Tamari’i Tuha’a Pae No Mahina – Te Fārereira’a o te tama ‘e te fenua ‘o Nuiova – La rencontre de

l’enfant et de sa terre Nuiova

• Hei Rurutu – Mōi’o Pārapu te ‘ārere – Mōi’o Pārapu le messager

• Tamanui Apatoa Nō Papara – Te vehera’a o te tau – La course du temps

• Tamari’i Rapa Nō Tahiti – Te pare ‘e te Atua anuanua – Le fort et le dieu arc-en-ciel

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