N°127 – Rencontre avec Tokai Devatine
Centre des Métiers d’Art (CMA) – Pu ha’api’ira’atoro’arima’i
enseignant en histoire et civilisation polynésiennes au CMA, et Marie Amara Tessier, directrice du CED à Rikitea. Texte SF
Du 16 avril au 11 mai, le Centre des Métiers d’Art va accueillir trois élèves du Centre catholique d’Education et de Développement (CED) de Rikitea. Un second échange entre deux établissements afin de former les jeunes aux diplômes des Métiers d‘Art polynésiens.
Explications.
« C’est le début d’une belle coopération entre deux institutions aux statuts différents, privé et public. Une coopération qu’on aimerait étendre ». La direction du Centre des Métiers d’Art et son personnel enseignant sont heureux de recevoir les étudiants du CED de Rikitea. Un échange qui fait suite au déplacement, en octobre dernier, de deux enseignants et six étudiants du centre aux Gambiers. La mission de ce séjour en octobre dernier au CED de Rikitea était d’apporter un éclairage sur la mise en place du CPMA (certificat polynésien des métiers d’art) tel que l’équipe pédagogique du CMA et les inspecteurs généraux des Métiers d’Art l’ont écrit. Durant plusieurs jours, les élèves du CED, accompagnés de leurs enseignants et des membres de la délégation du CMA, ont ainsi travaillé sur des travaux de gravure sur nacre à la manière de l’enseignement des Métiers d’Art. Du 16 avril au 11 mai prochain, ce sont les élèves du CED qui, à leur tour, se déplacent à Tahiti. Trois jeunes étudiants viennent au CMA pour réaliser leur seconde partie de leur stage en milieu professionnel. Ainsi durant quatre semaines, les élèves CPMA de Rikitea pourront se confronter à l’enseignement et à la pratique du Centre des Métiers d’Art. « Cela permettra d’améliorer leur formation », souligne Marie Amara Tessier, directrice du CED qui rassemble les élèves des Tuamotu Est. « Le CMA a une approche de l’art et du métier d’artiste, nous nous sommes plus scolaires. En allant là-bas, on forme des artistes. Il est très important que nos étudiants aient une vision contemporaine et ancienne. Ici, cela reste très difficile car nous sommes éloignés de tout ».
Travailler ensemble pour la jeunesse
« Dans l’accompagnement de la mise en place du CPMA gravure, il y a une période de formation en milieu professionnel qui est obligatoire pour tous les élèves. Or, le problème des élèves au CED est qu’ils sont confrontés à l’éloignement géographique. Ils rencontrent donc des difficultés à trouver un stage. Le CMA les accueille pour pallier à cette carence en entreprises adaptées », explique Tokai Devatine. L’enseigne souligne que ces diplômes sont des solutions efficaces qu’il est permis aux établissements d’enseignement de filières professionnelles présents dans tous les archipels du Pays de demander à être mis en place (CJA, CETAD, Lycée professionnel). Les formations CPMA et BPMA gravure et sculpture permettent non seulement deux parcours de formations dédiés à l’artisanat d’art dès la sortie de troisième et jusqu’au niveau équivalent au baccalauréat ; mais, les CPMA et BPMA permettent également de fixer la jeunesse dans les archipels jusqu’à la fin du lycée afin de leur permettre d’acquérir des connaissances et des compétences plus poussées de leur propre culture. « Ces jeunes n’auront plus nécessairement à quitter jeunes leur famille et leurs îles pour étudier en internat. Pour cela, il semble important dans un avenir proche que les Marquises, les Tuamotu, les Australes ou les îles Sous-le-Vent puissent mettre aussi en place les CPMA et les BPMA. Ces référentiels sont en effet adaptés à l’enseignement des cultures et des expressions artistiques polynésiennes », précise l’enseignant du CMA. « Ils laissent également aux équipes pédagogiques toute la l’attitude afin de créer des contenus pédagogiques en accord avec leurs cultures. » conclut-il. L’objectif est que chaque structure s’approprie ces diplômes. A l’instar de la directrice du CED, l’enseignant du CMA aimerait que cette nouvelle coopération puisse pour la jeunesse se pérenniser. Le CMA est un outil de développement au service du plus grand nombre.