N°116 – Un uru sculpté en cadeau
Service de l’artisanat traditionnel – Pu Ohipa Rima’i
Rencontre avec Yvette Temauri, présidente de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire de Polynésie française et Firmin Timau, sculpteur. Texte et photos : Lucie Rabréaud.
Voici un uru exceptionnel ! Il est fait de bois et jamais il ne se mangera. C’est lors du festival du uru, organisé en mars, que Firmin Timau a sculpté cette pièce et qu’il en a fait cadeau à Yvette Temauri. Petite histoire d’un don.
Tout autour, cinq tiki en ronde serrée décorent cette œuvre en bois représentant un uru. Cinq tiki pour cinq archipels où le uru est un aliment de base. Lors du festival du même nom qui s’est déroulé au mois de mars, Firmin Timau a sculpté cette pièce devant les visiteurs. Après avoir travaillé comme chef de chantier durant dix-sept ans, Firmin s’est reconverti dans la sculpture. Un talent qui lui coulait dans les veines : son grand-père et son père sont sculpteurs. L’artiste aime travailler sur l’os ou le bois. Bijoux, bracelets, parures pour hommes ou femmes, des lances sculptées dans le rosse de l’espadon… Firmin détient de nombreuses merveilles dans son atelier. Artisan reconnu, il a été invité lors du dernier festival du uru pour montrer son savoir-faire aux visiteurs. Il est alors venu avec une pièce ronde en bois et en a fait une sculpture de uru, devant les yeux ébahis des spectateurs. Une performance en direct qui lui a demandé 15 heures de travail. C’était la deuxième fois qu’il participait à ce festival. « L’idée m’est venue comme ça. J’ai placé cinq tiki pour représenter les cinq archipels. Je n’ai malheureusement pas pu la finir complètement à cause du mauvais temps de ce week-end-là. »
Remercier et partager
Cette sculpture toute en rondeur s’est retrouvée sur le bureau d’Yvette Temauri, la présidente de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire de Polynésie française. Elle en est encore surprise ! Le dernier jour du festival, la femme de Firmin s’est approché de la dame et lui a tendu la sculpture : « Elle a dit que c’était pour moi, pour me remercier du festival. Je ne voulais pas la prendre au début, il pouvait vendre cette belle sculpture, il n’avait pas à m’en faire cadeau. Mais elle m’a expliqué qu’il avait été tellement heureux d’avoir été invité, c’était pour me remercier. » Aux Marquises, où est né Firmin, c’est quelque chose d’habituel de faire ce genre de cadeaux aux personnes organisant les salons. Mais pour Yvette, ce geste a été une surprise. « Ce n’est pas un petit travail ! Je la trouve belle et c’est la première fois que je vois une sculpture de uru comme ça. » Alors, même si cette jolie pièce est rangée dans un bureau pour le moment, Yvette Temauri compte bien la présenter à chaque occasion. Un prochain événement sur le uru sera sans doute l’idéal pour montrer cette sculpture. « C’est vraiment quelqu’un qui est doué. Il faut valoriser son travail. » Et lui offrir aussi l’opportunité de finir cette jolie pièce… Un beau cadeau offert en souvenir de l’amour, de la gentillesse et de l’accueil reçus durant le festival.