N°116 – « Un résultat très professionnel »
Frédéric Rossoni, chef de l’orchestre symphonique, arrangeur et professeur au CAPF
Propos recueillis par Suliane Favennec
Frédéric Rossoni n’est plus à présenter dans le milieu musical du fenua. Professeur de basse électrique et orgue, chef d’orchestre du big band de jazz, et en charge du cursus, il a aussi la lourde mais passionnante tâche de diriger l’orchestre symphonique du Conservatoire. En mai, il sera aux commandes du concert « Elvis For Ever » en hommage au King Elvis Presley, décédé il y a tout juste quarante ans. L’évènement est organisé par le Conservatoire, en coréalisation avec la Maison de la Culture. Trois soirées sont prévues au Grand Théâtre, les 18, 19 et 20 mai. Les 50 musiciens de l’orchestre symphonique, accompagnés des plus belles voix du fenua, revisiteront ainsi les plus grands standards du King en version symphonique. Frisson garantis !
Comment est né ce projet ?
Au Conservatoire, nous avons l’habitude de réaliser des spectacles où nous mélangeons des musiques symphoniques, rocks, jazz, polynésiennes. Du traditionnel avec du moderne. En 2013, nous avons organisé un concert avec l’orchestre symphonique en reprenant l’œuvre des Beatles. À l’époque j’avais choisi les Beatles car ce sont eux qui m’ont emmené vers la musique. Là nous avons décidé de rendre hommage à Elvis Presley, puisque 2017 marque les 40 ans de sa disparition.
Est-ce long à monter ?
Il y a au moins une bonne année de préparation pour monter le projet, qui a démarré avec la rentrée scolaire au Conservatoire. J’espère que ce concert rencontrera le même succès que celui des Beatles. J’ai bon espoir, les Polynésiens connaissent mieux Elvis Presley : ils apprécient sa musique et Rocky Gobrait, son sosie local. Finalement, cet hommage est aussi une manière de faire plaisir au public.
Quels sont les artistes qui participeront à ce concert ?
Andy Tupaia, Teiva LC, Guillaume Materere, Rocky Gobrait, Mimife qui participe pour la première fois dans un projet avec le Conservatoire. Puis, il y a aura deux chanteurs invités. Mais on veut garder la surprise ! Chaque artiste a environ 3 à 4 morceaux. Il peut-être tout seul ou en duo, et il sera accompagné de l’orchestre symphonique et/ou de l’ensemble rock.
Rocky Gobrait sera aussi l’un des invités phare …
Oui, bien-sûr. Rocky Gobrait a d’ailleurs un peu plus de chansons que les autres, il en a huit au total. Il a vraiment été emballé par ce projet, il s’est totalement adapté à nous et à notre orchestre. Il n’a pas imposé ses arrangements, je crois qu’il est vraiment content d’y participer. Je pense que le concert sera impressionnant. En plus des artistes, des dizaines de musiciens seront sur scène ! L’orchestre symphonique est composé d’une cinquantaine de personnes : quelques professeurs du Conservatoire et les élèves bien-sûr. L’orchestre comprend des instruments à cordes, à vent, des bois et des percussions.
Quels morceaux d’Elvis Presley as-tu choisi ?
Nous en avons sélectionné une vingtaine. J’ai choisi les chansons les plus connues mais surtout celles qui s’adaptent à notre orchestre. Le grand orchestre est plutôt fait pour des balades, il jouera donc des morceaux comme Love me tender, It’s now or never, My way, American trilogy. L’ensemble rock avec notamment guitare électrique et basse, jouera plutôt des chansons rock comme Blues suede shoes, Heartbreak Hotel.
En plus d’être chef d’orchestre, vous êtes aussi arrangeur ?
Oui. C’est aussi d’ailleurs ce qui m’a beaucoup plu dans ce projet. Je me suis beaucoup amusé sur les arrangements, j’ai même découvert des chansons d’Elvis Presley ! J’ai commencé à travailler dessus dès janvier 2016. Le travail d’écriture prend du temps, environ 10 à 12 heures par morceau. J’écris les arrangements en fonction du niveau des élèves, et je les adapte à notre orchestre car il n’est pas complet, il manque des cors, notamment. Parfois j’adapte, parfois je mets des choses de mon cru, ou alors quand je n’ai rien je fais mon propre arrangement.
Est-ce difficile d’arranger des chansons d’Elvis pour un orchestre symphonique ?
A l’inverse des Beatles, il y a beaucoup plus de productions des œuvres du King avec orchestre symphonique. Ayant plus de matériau, c’est donc plus facile pour l’écriture. Je me suis d’ailleurs inspiré d’un disque du Royal philharmonique de Londres, sorti il y a peu. Ils ont arrangé des morceaux d’Elvis Presley en reprenant sa voix. Cela m’a beaucoup aidé dans mon travail. Il y a certaines chansons que j’ai reprises exactement comme eux, c’est le cas de Love Me tender, par exemple.
Comment se concrétise ce type de projet ?
Le plus difficile est toujours l’humain. Il faut gérer la logistique, les répétitions, les emplois du temps des uns et des autres. Mais ça a été ! Avec l’orchestre, nous avons eu une répétition par semaine. Au départ j’ai travaillé avec les cordes, la rythmique puis tous les instruments. Ensuite j’ai fait venir les chanteurs. Ils sont venus dès la fin novembre pour qu’ils se mettent dans le bain et qu’ils aient déjà une prise de contact avec l’orchestre.
Quelles difficultés ont rencontré les élèves de l’orchestre ?
Ce n’est pas facile pour certains élèves. Certains d’entre eux n’ont pas encore l’habitude du travail d’orchestre et peuvent se perdre dans les mesures à compter. Mais c’est un excellent exercice !
Êtes-vous satisfait pour l’instant du résultat ?
Oui, complétement. Le résultat est très professionnel. Nous n’avons pas à rougir face aux professionnels même si bien-sûr nous n’avons pas la prétention d’être un orchestre de pros. Comme toujours la récompense de notre travail se verra à la réaction du public. Et quand elle est bonne, c’est gratifiant pour tout le monde.
PRATIQUE
- Jeudi 18, vendredi19 et samedi 20 mai 2017 – 19h30
- Tarifs : 2 500 Fcfp, et 1.500 Fcfp pour les moins de 12 ans
- Grand Théâtre de la Maison de la Culture
- Renseignements : 40 50 14 18 (Conservatoire) 40 544 544 (Billetterie de la Maison de la Culture).
- conservatoire.pf / www.maisondelaculture.pf