N°116 – L’art contemporain s’invite au Musée de Tahiti et des îles

par Webmaster · 1 mai 2017

Centre des Métiers d’art – Pu ha’api’ira’a toro’a rima’i

Rencontre avec Tokai Devatine, enseignant en histoire et culture polynésienne au Centre des Métiers d’Art, et artiste. Texte et photos : Suliane Favennec

C’est un rendez-vous à ne pas manquer. Du 19 mai au 20 août prochains, le Centre des Métiers d’Art expose ses œuvres d’art contemporain. Elèves, anciens élèves, professeurs … Tous ont participé avec enthousiasme à cette exposition au Musée de Tahiti et des îles.

Un battoir de tapa en métal. C’est l’un des objets parmi les dizaines qui vont être présentés par le Centre des Métiers d’Art lors de l’exposition « Manava 2 » au Musée. Son auteur : Tokai Devatine, enseignant au Centre. L’homme connaît sa culture, son histoire, son patrimoine. Aujourd’hui, il s’en sert pour s’exprimer, raconter ce qu’il est et donner sa vision. Le tout à travers l’art contemporain. « Cette forme d’expression artistique demande à entrer dans une pensée et écrire son rapport au monde. C’est se construire à travers les objets qu’on fabrique. Ce tapa en métal est finalement une extension de moi », confie cet artiste difficile à arrêter tant son discours est passionnant. «En créant, tu interviens et tu t’inscris dans le monde. Le Polynésien d’aujourd’hui laisse des traces, tout comme ses ancêtres. Les objets du Musée sont les traces les plus anciennes que l’on ait, et il s’agit d’objets qui traduisent l’art de vivre. C’est une expression contemporaine de l’époque ». Cette vision, Tokai Devatine la partage et la transmet à ses élèves.

Redonner une vision de la Polynésie

Certains d’entre eux ont encore du mal à l’accepter, et à s’identifier. L’exposition d’objets d’art contemporain polynésiens, un prolongement de Manava, est une manière de les emmener vers cette voix. « L’art contemporain est un peu compliqué pour certains. Car ils doivent déconstruire ce qu’ils pensent savoir, pour reconstruire. Et, jusqu’à présent ceci ne rentrait pas dans leur champ de réflexion. C’est donc parfois très douloureux ». Ce qui intéresse les enseignants dans cette démarche est justement de voir comment ils vont construire leur réalisation et donc se reconstruire. Tout en s’inspirant de la culture et de l’historienne polynésiennes, les élèves du Centre ont carte blanche pour traduire leur univers, exprimer leur message, et montrer qui ils sont, pour cette exposition. Une sélection sera néanmoins faite par les enseignants. D’autres jeunes artistes exposeront aussi leur vision, c’est le cas de certains anciens élèves, professeurs ou ex-enseignants du collectif Orama Studio. Au total, les artistes disposent de 400 m². Un bel espace à remplir de la plus belle des manières. « Il faut redonner une vision de la Polynésie, sinon la culture est morte. Alors, on perd le statut de producteur et on devient juste consommateur. L’art contemporain permet de donner un souffle à la culture ».

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