N°115 – Le phare de la pointe Vénus a 150 ans
Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel – Te piha faufa’a tupuna1
Rencontre avec Rereata Scholermann, responsable du Bureau de la Valorisation du Patrimoine.
Construit à la pointe Vénus, à Mahina, l’unique phare de Tahiti compte cette année plus d’un siècle et demi de vie. Il est, depuis 150 ans, toujours en activité et aujourd’hui complètement automatisé. Du haut de ses 32,85 mètres, ce grand édifice emprunt d’histoire veille sur la côte nord de Tahiti.
La pointe Vénus doit son nom au souvenir de la mission du capitaine Cook en 1769, dont le but était l’observation de la planète Vénus. La baie de Matavai fut d’ailleurs le lieu de mouillage de nombreux navigateurs, dont Wallis, premier européen à être arrivé à ce même endroit il y a exactement 250 ans*. Le phare, lui, est construit en 1867 par des ouvriers mangaréviens, avec des pierres provenant des exploitations de sable de l’archipel des Gambier. Au 19ème siècle, les Mangaréviens sont en effet les seuls à savoir construire des édifices en pierre de taille, encadrés par les pères et les frères de Picpus. Entre 1834 et 1855, ils ont érigé des centaines d’édifices religieux aux Gambier, ainsi que la cathédrale de Papeete.
Le phare, initialement haut de 25 mètres – il a été surélevé de 7 mètres en 1963 – est une tour carrée de 7 étages, édifiée en moellons et coraux. Il a été construit par Thomas Stevenson, le père de l’auteur Robert Louis Stevenson et membre d’une importante famille d’ingénieurs. C’est le Comte Emile de la Roncière, « commandant commissaire impérial aux Îles de la Société » sous le règne de la reine Pomare IV, qui a ordonné la construction de cet ouvrage.
Le phare de la pointe Vénus remplit sa mission depuis 150 ans exactement, à une exception près : pendant la guerre de 1939-1945, on raconte que sur les quatre faces du phare sont peints des cocotiers – à l’époque, le phare est situé dans une cocoteraie. Ainsi camouflé, il ne peut plus servir de point de repère à la flotte ennemie** !
Monument emblématique de notre patrimoine culturel matériel, le phare de la pointe Vénus – premier phare du Pacifique Sud ! – est aujourd’hui protégé et entretenu par le Service des Phares et Balises de la Direction de l’Equipement. Après avoir été plusieurs fois rénové à l’intérieur comme à l’extérieur, il reste toujours fermé au grand public pour des raisons de sécurité. Mais on ne se lasse pas d’admirer son élégante silhouette qui égaye l’horizon.
Le phare de la pointe Vénus en bref
– Construit en 1867
– 32,85 mètres de haut
– 365 marches
– Premier phare du Pacifique Sud
– Unique phare de Tahiti
* Le capitaine Wallis est arrivé dans la baie de Matavai le 17 juin 1767.
** Dans Albert T’SERSTEVENS, « Tahiti et sa couronne ».