N°114 – Révéler la lumière

Centre des Métiers d’Art – Pu ha’api’ira’a toro’a rima’i

Rencontre avec Heiata Aka, artisan bijoutier.

Heiata Aka, diplômée du Centre des Métiers d’Art, a créé en novembre 2016 sa petite entreprise, Ke’a concepts et productions. Elle se lance dans l’aventure de l’artisanat haut de gamme et réalise des bijoux en nacre, qu’elle réalise grâce à sa technique pointue de la gravure sur nacre, mais aussi et surtout grâce à son appréhension unique de la matière et de la culture.

Si la création de bijoux semble être une vocation pour Heiata, cela n’a pourtant pas toujours été son activité. D’études supérieures non « désirées » en emplois administratifs, Heiata vit pendant longtemps dans le manque artistique. Jusqu’à ce que son compagnon, Teva, la pousse à intégrer le Centre des Métiers d’Art. Il a la conviction que sa femme s’épanouirait dans cette voie. Heiata s’inscrit, elle est retenue. Les débuts sont particulièrement difficiles mais la volonté de persévérer est plus forte. Sans l’exigence du corps enseignant et particulièrement du directeur, Viri Taimana, Heiata pense qu’elle serait restée sur ses acquis. « J’ai vécu ces 3 années de manière très intense, j’ai mis tout le reste entre parenthèses pour me consacrer à l’apprentissage et au perfectionnement ! C’était une obsession, je voulais me dépasser, me démarquer. » Elle sortira major de sa promotion en 2016. Et incarne aujourd’hui fièrement les valeurs de cette formation, les faisant rayonner à travers un artisanat d’art nouvelle génération, inspiré et original. Cela ne fait donc que quelques mois que Heiata se consacre uniquement à sa passion pour l’ornement féminin, et déjà, son travail a une vraie identité.

Prendre des chemins inattendus

La parfaite finition de ses gravures sur nacre n’est pas la seule signature de Heiata : le mouvement de la matière est souligné dans tous ses reflets et à travers les motifs. Motifs qui souvent renaissent entre les mains de l’artiste : le etua* et la fougère sont ses thèmes de prédilection en ce moment, qu’elle décline dans leurs moindres détails. « J’aime l’idée de réveiller des formes oubliées ou inattendues en bijouterie, leur (re)donner une place ». Faire renaître et s’épanouir les émotions que renferment ces matières nobles et ces motifs d’autrefois. Sortir le patrimoine des vitrines et des livres, l’interroger. Reproduire, agrandir, isoler les formes et les volumes, afin de faire parler à la culture un langage actuel. Rapprocher deux formes, provoquer la surprise. Créer. Par des chemins inattendus, rejoindre l’histoire. « Chacune des mes créations est le fruit d’une réflexion et a une raison d’être. » Intuitive et déterminée, Heiata s’épanouit profondément dans cette activité qui porte bien son nom. Ke’a, c’est « l’art de révéler la lumière ». Ses bijoux en sont les reflets.

*Figure anthropomorphique divine (Marquises).