N°109 – Des fouilles à Piki Vehine
Service de la Culture et du Patrimoine – Pu no te Taere e no te Faufaa Tumu
Rencontre avec Paul Niva, archéologue.
Texte : DB. Photos : Paul Niva.
La direction de l’Equipement a lancé une opération d’archéologie préventive à Taiohae, sur l’île de Nuku Hiva, afin d’aménager une déviation routière le long du site archéologique Piki Vehine. L’archéologue Paul Niva s’est rendu sur site de mi-avril à fin mai. Il a mis au jour un site de pêcheurs et l’habitation d’un fameux ari’i. De nouvelles fouilles sont en cours.
Les travaux d’aménagement prévus par la direction de l’équipement consistent en la déviation de la route et la réalisation d’un nouvel ouvrage de franchissement de rivière ainsi qu’en l’aménagement des réseaux divers (eaux pluviales, électricité, téléphone, etc.). Le site archéologique de Piki Vehine est constitué d’un grand paepae d’habitat ayant appartenu à Vaekehu, dernière reine des Marquises. Vu la proximité de ce site avec ce nouveau projet de route et l’absence de données archéologiques s’y rattachant, le Service de la Culture et du Patrimoine a émis des préconisations à suivre afin d’assurer la préservation du bien et récolter des informations enfouies en sous-sol. Des travaux d’archéologie préventive, commandités et financés par la direction de l’équipement, ont été traités et autorisés par le Service de la Culture et du Patrimoine.
La première phase de fouilles sur le site de Piki Vehine est terminée. Elle a duré de mi-avril à fin mai. « Nous étions cinq, explique l’archéologue Paul Niva qui a dirigé les opérations sur place avec des ouvriers de l’île formés pour l’occasion. Nous avons d’abord fait retirer par une pelle mécanique une couche superficielle de remblais. Puis nous avons travaillé avec des truelles, pinceaux et autres outils adaptés. L’équipe a mis au jour plusieurs objets, les ont étiquetés, isolés, décrits. »
Les découvertes
Le sol était composé de deux couches distinctes de terre, datant de deux périodes différentes et comportant des objets différents. L’une daterait du XVII/XVIIIème siècle, l’autre serait beaucoup plus ancienne. « Dans la couche la plus récente, nous avons trouvé des pillons, un pukaha, cette râpe en coquillage pour râper le uru, un kea, sorte d’herminette en basalte, un four marquisien avec des os de cochons notamment… En effectuant en parallèle des recherches généalogiques, Paul Niva conclu à la présence d’une habitation, vraisemblablement celle de Temoana, un hakaiki, datant du XVIIe-XVIIIe siècle. Dans la couche plus profonde, de nombreux articles de pêches comme des hameçons ou des poids de pêche, des arrêtes de poissons, des coquillages révèleraient la présence d’un site de pêcheurs. « La zone est en bord de mer, cela paraît logique, ils devaient venir préparer leur matériel mais aussi faire cuire leurs prises, des traces de foyers sont visibles à l’intérieur de cette couche. »
Les deux couches appartiennent à deux époques distinctes au cours desquelles le mode de vie, et en particulier le régime alimentaire n’était pas le même. « Mais cela reste une hypothèse, il faudrait travailler sur d’autres zones de l’île pour pouvoir généraliser. » Les travaux de l’archéologue Robert Suggs vers la fin des années 1950 dans une vallée, celle de Hatuatua, vont dans ce sens, mais ne sont pas suffisants pour confirmer l’hypothèse.
Les conclusions de l’archéologue ont été remises au Service de la Culture et du Patrimoine et à la direction de l’équipement. À la suite de quoi une nouvelle mission de fouilles a été organisée. Paul Niva est reparti à Nuku Hiva début septembre pour un mois et demi de recherches. Il travaille sur une zone à l’ouest, à quelques mètres seulement. « L’idée est de s’assurer qu’il n’y a pas de grande structure autour du chantier prévu et de trouver d’autres objets d’intérêt pour l’histoire de l’île que nous pourrions mettre à l’abri. » Nous vous donnons rendez-vous très prochainement pour la suite de ces aventures archéologiques passionnantes !