N°101 – « La vannerie met en valeur les trésors de Polynésie et d’ailleurs »
Service de l’artisanat traditionnel – Pu ‘ohipa rima’i
Rencontre avec Hironui Johnston, collaborateur pour Nicole Bouteau, présidente de la commission du tourisme de l’APF, Nathalie Teariki, artisane de l’association Pare Pirae et Isabelle Pahio Guardia, de Fenua Pop.
Texte MD. Photos : ART.
La vannerie est un des arts qui caractérise le plus le savoir-faire des peuples du Pacifique. De la Nouvelle-Zélande à Hawaii en passant par notre fenua ou les îles Cook, la vannerie du Pacifique exprime toute sa beauté à travers des techniques, des matières et des idées qui ne cessent d’évoluer.
Art millénaire, le travail de la vannerie est un savoir-faire minutieux qui est égale- ment un atout culturel à promouvoir. La Polynésie l’a bien compris car c’est une des rares collectivités du Pacifique à offrir une reconnaissance politique et administrative à l’artisanat. « A Nauru ou aux îles Marshall par exemple, il n’y a pas de ministère ni de service de l’artisanat. Le secteur fait partie du portefeuille de l’économie et la vannerie fait partie des ressources du Pays » souligne Hironui Johnston. Quand des pays comme Tonga ou Fidji sont davantage spécialisés dans les tapa, d’autres entretiennent ce savoir-faire du tressage. Les techniques, les matières premières utilisées et les créations sont différentes selon les localités. La commercialisation des produits est différente et chacun a sa stratégie. Par exemple à Tahiti, des expositions-ventes sont organisées alors qu’aux Marshall, les ventes aux enchères sont privilégiées.
Les Australes : porte-drapeau de la vannerie polynésienne
Rimatara, Rurutu ou encore Tubuai : les artisans des Australes sont des références en terme de vannerie. Chapeaux, éventails, paniers, pe’ue, etc… Les mama détiennent un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération. Nathalie Teariki, 67 ans, est originaire de Rimatara et elle ne cache pas sa satisfaction de voir deux de ses filles travailler aussi dans ce secteur. « Cela fait plus de 50 ans que je fais du tressage. J’ai commencé en faisant les pe’ue quand j’avais 12 ans », nous raconte-t-elle. « Aujourd’hui, je suis âgée et je suis contente car mes filles ont mon savoir-faire » sourit Nathalie. L’artisanat a toujours été sa principale source de revenus et depuis plusieurs années, comme bon nombre d’artisans, elle fait partie d’une association. Il en existe plusieurs centaines sur l’ensemble de la Polynésie, réunissant des artisans de tous les horizons. La plupart d’entre eux détient plusieurs connaissances dans le domaine culturel ce qui en fait des artisans polyvalents. « Je ne fais pas que le tressage, je fais aussi du monoï et des tifaifai » confirme Nathalie Teariki.
La vannerie se modernise et devient « chic »
L’influence occidentale sur le mode vestimentaire des populations est particulièrement marquée en Polynésie française et enrichit encore plus la créativité des artisans. Une entrepreneuse locale l’a bien compris et s’inscrit aujourd’hui sur un nouveau créneau : la vannerie de luxe. Fenua Pop s’est lancé il y a près de 5 ans, « d’abord en cousant du tissu et des accessoires sur des paniers marché » con e Isabelle Pahio Guardia, la gérante de la petite entreprise. Quelques années plus tard, le business est florissant et a bien évolué. Les paniers marchés, pochette clutch et autres chapeaux sont désormais élaborés avec du cuir, de la nacre, des fermoirs ou autres accessoires commandés auprès de fournisseurs italiens de marques de luxe. A chaque fois, l’exigence est la même : « je vise l’excellence et travaille toujours avec les meilleurs » sourit Isabelle. Sa perle d’artisan, elle l’a trouvé à Rimatara en la personne d’Etera : « Il a de la magie entre les doigts. Il créé de nouveaux motifs et travaille sur du ni’au blanc, du pae’ore, du more ou du fe’i… il est vraiment excellent » souligne-t-elle. Le rêve d’Isabelle Pahio Guardia : faire de ses créations de véritables produits de luxe au même titre que certains grands noms… Traditionnelle ou plus contemporaine, voire fusion des deux, la vannerie polynésienne a de beaux jours devant elle et encore beaucoup de territoires à explorer !