N°98 – « Des Ecritures à l’écriture » : le récit des écrits polynésiens

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Rencontre avec Robert Koenig, président de l’association Tenete.

 

Texte : MD. Photos : DR.

 

L’association Tenete organise une exposition originale du 13 novembre 2015 au 27 mars 2016 au Musée de Tahiti et des Îles. Elle vise à retracer l’histoire de l’appropriation des lettres par les Polynésiens.

 

Dans le cadre du bicentenaire de la bataille de Fei Pi (12 novembre 1815), l’association Tenete (« genèse » en tahitien) souhaite en dépasser les représentations habituelles. En effet, parmi tous les bouleversements rencontrés à cette époque, il en est un essentiel et dont on parle peu : l’alphabétisation et, par voie de conséquence, la découverte et l’apprentissage de l’écriture manuscrite et imprimée. L’association Tenete effectue là un vrai travail de fond, épaulée par le Service de la Culture et du Patrimoine, l’Académie Tahitienne et la Société des Etudes Océaniennes. « Les Polynésiens ont appris très vite à écrire, nous confie Robert Koenig, président de Tenete, et compris l’utilité de l’écriture, sa magie : ils peuvent continuer à mémoriser facilement, car figés par écrit, leurs généalogies, les noms des terres et tout ce qui est important. » Le missionnaire de la London Missionary Society à Tahiti, John Davies, ra- conte ainsi dans son Journal du 16 juin 1815 que c’est par des écrits que Pomare II, alors à Moorea, se renseignait sur la situation politi- que à Tahiti, via des feuilles de fe’i sur lesquelles on écrivait avec de l’encre de fe’i. « Des enjeux politiques sur fond de fe’i, c’est formidable », se passionne-t-il. C’est ce genre de récits insolites que l’on pourra découvrir au fil de l’exposition, ainsi que des manuscrits anciens, des puta tupuna, les premiers imprimés…

Les Polynésiens se sont appropriés l’écriture

« Mieux que quiconque, Pomare II était parvenu à maîtriser l’élément nouveau qui était venu s’infiltrer victorieusement dans la hiérarchie des valeurs et dont allait dépendre dans une large mesure le mana, une fois les anciens marae détruits : l’écriture. Il ne servait plus à grand- chose d’être courageux et habile dans l’art de la guerre : les ari’i devaient désormais se hâter d’apprendre à lire et à écrire afin d’affirmer leur autorité sur leurs sujets», écrit Jacques Nicole dans l’article « Au pied de l’écriture. Histoire de la traduction de la Bible en tahitien ».

Moorea est en fait le point de départ des Bibles du Pacifique. L’affiche de l’exposition, conçue par l’artiste Andreas Dettloff, est riche en symboles : Moorea, car c’est à Afareaitu que la pre- mière page traduite en tahitien a été imprimée, le 10 juin 1817 par Pomare II ; le mot « genèse », traduit dans les différentes langues des pays du Pacifique, ainsi que les flèches représentent la diffusion de l’écriture et de l’imprime- rie dans toutes les îles du Pacifique. La Bible de Nott, traduite en tahitien, a-t-elle servi de modèle à toutes les traductions dans les autres langues d’Océanie? Voici l’une des questions abordées par cette exposition.

Exposition “Des Ecritures à l’écriture” : Pratique

Au Musée de Tahiti et des Îles

Salle d’exposition temporaire

Du 13 novembre 2015 au 27 mars 2016

Ouvert du mardi au dimanche, de 9h00 à 17h00 en journée continue

 

Tarifs :

_ Salle d’exposition temporaire : 800 Fcfp / tarif réduit (groupe plus de 10 personnes) : 700 Fcfp

_ Entrée combinée (salle d’exposition temporaire + salles d’exposition permanente) : 1 000 Fcfp / tarif réduit (groupe plus de 10 personnes) : 900 Fcfp

_ Gratuit pour les scolaires, les étudiants et les membres de l’association des Amis du Musée, sur présentation d’un justificatif.

+ d’infos : Tél. : 40 54 84 35 – www.museetahiti.pf

 

* Dans « Journal des la Société des Océanistes ». Année 1993, volume 96, n°1.

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